L’avenir du Cambodge : horizon brouillé
Le quotidien du parti de l’opposition (PSN) au Cambodge offre un horizon brouillé pour l’avenir du pays.
Horizon brouillé parce qu’il est servi comme un alibi par le parti au pouvoir (CPP) : une vitrine de la démocratie, et quelle démocratie ! C’est un parti d’élections, même il était gagnant, il fallait qu’il tournerait le dos aux électeurs pour accepter le diktat du CPP.
Horizon brouillé parce que Sam Rainsy et Kem Sokha, dans leur passé, avaient les relations de complaisance avec les hommes au pouvoir : ils en gardaient donc les mains sales. Ils poursuivent aujourd’hui leurs œuvres de bassesse dans les négociations futiles avec le parti au pouvoir pour un seul but : obtenir les avantages en nature de Hun Sen dans leurs manœuvres de simulacre de démocratie avec ce dernier, à savoir : Participer aux élections non-démocratiques, organiser les manifestations non-violence pour contenir la colère du peuple contre le pouvoir en place.
Horizon brouillé parce que leur statuquo rend caduc le « désir du changement du peuple khmer ». Ce désir devient « un désir immense et creux », mais Sam Rainsy et Kem Sokha n’en doutent pas de ses effets mortels pour le pays. Ils continuent de manipuler les indignés pour leurs propres intérêts au lieu de protéger les faibles comme le font les démocraties. Avec le parti au pouvoir, ils inventent ensemble une nouvelle politique de l’opposition : « tendant une joue si on frappe l’autre », appelée la « non-violence ». Mais ce qui est impérieux dans cette innovation destructrice, ce ne sont pas leurs propres joues, mais celles du peuple khmer.
Horizon brouillé parce que Sam Rainsy et Kem Sokha ne représentent plus une force du changement. Dans l’histoire du Cambodge et du communisme, la logique de Gandhi et Mandela de la libération du pays et du peuple par la manifestation non-violence a trouvé sa limite. Et surtout, les deux leaders du PSN n'ont pas la stature de ces deux derniers. C’est la révolution qui mobilise la force du peuple. Bien sûr on ne la fera pas pour exterminer les hommes du pouvoir, mais pour mettre fin à leurs forfaits afin de promouvoir la démocratie. Cette révolution permettrait au peuple khmer de retrouver de la puissance pour agir pour le salut du pays. Le Cambodge d’aujourd’hui a besoin des révolutionnaires pour triompher la dictature : Par-delà le devoir d’indignation n’est plus suffisant, il faut donc désormais passer à un devoir d’action. Comme décrit F. Fanon avec une formule à l’emporte-pièce : « la lutte n’est plus où l’on est mais où l’on va ». Sam Rainsy et Kem Sokha faisaient l’opposition sans savoir où ils vont. Ils proposaient donc la voie de non-violence pour être sûr d’être partenaire de Hun Sen, au lieu de combattre plus vite et plus fortement contre ce dernier dans la direction souhaitée par le peuple. Par cette décision, ils se trompaient sur le danger du pays, et leur politique se trompait sur le peuple khmer.
La révolution n’est toujours pas la violence parce que les forces populaires ont eu essentiellement recours à deux techniques de prise de pouvoir : la grève générale et la guerre populaire. L’une et l’autre ont été expérimentées dans le monde, mais avec un succès inégal. Pour le Cambodge d’aujourd’hui, la grève générale serait une solution possible. A nous, les Khmers épris de la liberté, iraient chercher notre inspiration au sein même de la population : l’intellectuel effectuerait une « plongée dans le peuple », les hommes politiques, eux, s’efforceraient de le mobiliser pour bâtir une force révolutionnaire, et on savait que la force révolutionnaire n’est ni dans le défilé de motos, ni dans le nombre de bulletins dans les urnes, ni dans la monarchie. La révolution par la grève générale doit se développer en quatre temps : mobilisation de la population, politisation des masses, rupture totales des relations avec le pouvoir dictatorial, enfin, lancement des grèves générales dans les villes. Mais cette lutte populaire doit avoir issue la libération du peuple. En effet, le Parti du Salut national aurai eu la possibilité d’y réaliser parce qu’il y eu autant du monde dans la place de démocratie, mais ce qui lui manquait, c’était la volonté de ses dirigeants : ils croyaient qu’ils puissent réformer le pays avec les hommes au pouvoir. Ceci était une erreur et une faute. Ce serait ubuesque.