La politique et l’histoire
Il y aurait 4 versions principales sur les évènements du 18 mars 1970 :
- la version du prince Norodom Sihanouk ;
- la version des hommes de la république khmère ;
- la version des observateurs étrangers ;
- la version satellite.
Toutes, ont-elles une valeur historique au sens propre du terme ?
Nous le savons tous, quand il s’agit d’écrire ou de témoigner sur des faits historiques à caractère politique, il faut attendre aux réactions favorables ou défavorables de la part des lecteurs. En plus, si l’auteur est l’acteur principal ou secondaire dans ces évènements politiques, là, il est certain qu’il devient la cible des critiques du camp adverse. C’est tout à fait naturel.
La date du 18 mars 1970 est un événement majeur dans l’histoire du Cambodge. Beaucoup des acteurs, observateurs, témoins des évènements sont encore vivants. Les débats sur la vérité des évènements sont encore vifs.
Je donne ici les principales idées de chaque version citée ci-dessus. Je veux d’abord préciser que je ne suis pas «Historien» et je parle ici en mon nom propre. Mais il est vrai que mes liens avec les activités de mon père, un des acteurs des évènements du 18 mars 1970, font de moi un témoin engagé et partial, même si je m’efforce, aujourd’hui, à informer les évènements du 18 mars par les autres sources.
- Version du prince Norodom Sihanouk :
- Complot des CIA contre sa personne ;
- Lon Nol et Sirik Matak sont les pantins des Américains et des généraux Sud-Vietnam ;
- Sa destitution est anti constitutionnelle, elle est donc un coup d’État ;
- Le peuple khmer est toujours fidèle à sa personne, après sa destitution, etc.
- Version des hommes de la république : Les causes de la destitution du prince Sihanouk de la fonction du chef de l’État sont :
- L’échec de la politique économique du prince ;
- Signature de l’accord secret avec les Vietcongs et du Vietnam du Nord ;
- Son refus de dialoguer avec son propre gouvernement, dirigé par le Général Lon Nol, au sujet des manifestations contre des ambassades
des Vietcongs et de la république socialiste du Vietnam ;
- Version des observateurs étrangers : Ils écrivent des chroniques des évènements et cherchent à expliquer les liens entre les causes et les effets de chaque étape de ceux-ci avec des commentaires.
- Version satellite : Des personnes, pour, contre le prince Sihanouk ou neutre, qui écrivent des anecdotes ou histoires personnels, en collant avec les versions citées en fonction de leur sensibilité et de leurs liens familiaux, amicaux ou de leur sympathie avec des acteurs des évènements. Ce sont des épigones.
Chacun est libre d’écrire. Le plus important, c’est la notoriété de l’auteur. C’est aux lecteurs de réfléchir en fonction de leur conscience. Au Cambodge, il y a toujours une crise de l’histoire car elle est toujours écrite par les hommes de pouvoir. Nous n’avons pas des historiens de métier car l’histoire est l’exercice permanent d’un certain regard, d’un certain esprit critique.
Sangha OP
Consultant en Organisation et en Ressources Humaines