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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 14:53
Les évènements du 18 mars 1970 (Par Bernard Hamel) Le 19 décembre 1969, dans sa résidence de Kep sur le golfe de Siam, le Prince Sihanouk avait organisé un bal costumé auquel il avait convié le Corps diplomatique. Pour la circonstance, le Prince s’était déguisé en samouraï japonais. Trois mois plus tard, le 18 mars 1970, il était destitué de ses fonctions de Chef d’État par le parlement cambodgien. Entre temps, il est vrai, beaucoup d’évènements s’étaient produits au Cambodge. Mais Sihanouk ne les contrôlait plus, il n’avait plus pris sur l’évolution de la situation intérieure et extérieure du royaume. En effet, à la surprise générale, il avait quitté son pays soudainement le 6 janvier 1970 pour des raisons qui sont demeurées obscures, ou bien connues de lui seul. Le prétexte invoqué par lui, pour expliquer son départ, était qu’il voulait se rendre en France pour soigner sa santé qui paraissait cependant excellente. Et il avait laissé l’incertitude sur la durée de son absence : deux mois, trois mois, ou même davantage. Cette absence n’était pourtant pas très opportune à un moment où le Cambodge se trouvait confronté à de graves problèmes : une situation économique déplorable, un mécontentement croissant (dans la capitale tout au moins), et de sérieuses inquiétudes pour l’avenir liées à la présence de quelque 40 000 soldats nord (vietnamiens et vietcong installés dans des «sanctuaires» en territoire cambodgien. C’est la présence de ces forces étrangères, infiltrées depuis plusieurs années au Cambodge grâce à la connivence du Prince, qui allait provoquer la crise politique aboutissant à l’événement du 18 mars 1970. Le gouvernement en place à cette époque - formé en août 1969, présidé par le Général Lon Nol et baptisé par Sihanouk lui-même «gouvernement de sauvetage» - ne songeait pourtant pas à se débarrasser du Prince. Tout au plus souhaiterait-il limiter son pouvoir absolu (exercé depuis 1955). Il souhaitait en tout cas son retour, en raison des manifestations anti-vietcongs et anti-Hanoi qui venaient d’avoir lieu à Phnom Penh et en province pendant la première quinzaine de mars. Or le Prince, qui séjournait alors à Paris, avait réagi maladroitement en envoyant des télégrammes irrités pour condamner ces manifestations. Il donnait ainsi l’impression de prendre parti pour les communistes vietnamiens contre son propre peuple. Et au lieu de revenir à Phnom-Penh sans tarder, il annonçait qu’il différait encore son retour pour se rendre d’abord à Moscou puis à Pékin. Mais le «gouvernement de sauvetage» ne voulait toujours pas rompre les ponts avec le Prince. Aussi avait-il proposé de lui envoyer deux émissaires, le Prince Kantol, son cousin et M. Yem Sambaur, pour lui expliquer la situation. Le refus de Sihanouk de les recevoir allait être son erreur fatale. En effet, toute conciliation apparaissant impossible, le Général Lon Nol et son gouvernement se virent obligés de dénouer la crise sans plus attendre. Le 18 mars, tôt dans la matinée, eut lieu une réunion spéciale du Parlement cambodgien (Assemblée Nationale et Conseil du royaume). Pour prévenir des troubles éventuels, le gouvernement avait fait venir à Phnom-Penh quelques troupes et engins blindés qui prirent position aux principaux points stratégiques. Ils n’eurent d’ailleurs pas à intervenir car il n’y eut aucun trouble, la population étant demeurée paisible. C’est par la radio qu’elle apprit, en début d’après-midi, que le Parlement avait retiré sa confiance au Prince, voté sa destitution à l’unanimité par 92 voix contre 0, et que Sihanouk cessait d’être Chef de l’État à partir de 13 heures du même jour. Le Président de l’Assemblée Nationale, M. Cheng Heng, était désigné comme son successeur en attendant l’élection ultérieure d’un nouveau Chef de l’État du Cambodge. Mais la royauté n’était pas encore abolie. Vers 16 heures un bref communiqué, de quelques lignes seulement, fut remis aux deux seuls journalistes occidentaux accrédités alors à Phnom-Penh et qui avaient été convoqués au ministère de l’Information. La journée s’acheva ensuite dans le plus grand calme. Personne en tout cas ne s’était dressé à Phnom-Penh pour défendre son régime qui – après 15 années d’existence – venait de prendre fin par une procédure légale, sans violence, et dans une indifférence générale qui aurait pu surprendre un an plus tôt. En fait, la principale préoccupation des Phnompenhois ce jour là concernait le retrait des forces nord-vietnamiennes et vietcong. Un retrait qui avait été demandé par le « gouvernement de sauvetage » le 12 mars, conformément aux vœux de la population, mais qui paraissait très aléatoire. Effectivement Hanoi et Vietcong refusaient de retirer leurs troupes du territoire cambodgien, malgré les tentatives du gouvernement Lon Nol pour engager une négociation à ce sujet. Ce refus des communistes vietnamiens de quitter leurs « sanctuaires » allait plonger le Cambodge dans la guerre onze jours plus tard (le 29 mars). Une guerre qui, sous des formes diverses, n’a pas encore pris fin vingt ans après la chute de Sihanouk. (Article lu dans « reflet d’Asie n°10) Bernard Hamel, journaliste français, ancien expert au Ministère de l’Information à Phnom-Penh.
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