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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 09:40

Samedi 15 janvier 1994 – Musée National des arts et Traditions Populaires – Paris.

Thème : Les relations du Cambodge avec les pays voisins (Prolonger des réflexions de M. le Recteur Claude Gour sur la Constitution cambodgienne et leur donner une dimension de Relations internationales).

Par Professeur Bui Xuân Quang – Université de Paris X-Nanterre.

Il m’est demandé de parler des Relations du Cambodge avec les pays voisins. S’il ne s’agit que de cela, dans la conjoncture incertaine et morose du paysage stratégique asiatique et mondiale, beaucoup d’images négatives et désespérantes se bousculent dans l’esprit. Il suffit de se reporter à ce qu’a dit mon ami R. Jennar, images qui viennent de la géographie. Elles viennent de l’Histoire. Histoire lointaine. Histoire récente. On le répète souvent : - Un pays a l’histoire de sa géographie. C’est là une évidence géographique -.

Le Cambodge est, pour l’éternité, un pays du promontoire indochinois. Ce promontoire indochinois, comme son nom l’indique, est situé entre l’Inde et la Chine. Cet espace géographique comprend aussi, outre le Cambodge, le Laos et le Vietnam fréquemment cités – deux autres pays : la Birmanie et la Thaïlande. Pour simplifier, cette péninsule indochinoise recouvre les bassins de tous les fleuves qui dévalent du Tibet vers l’océan Indien ou vers le Pacifique. Située à la confluence du monde indien et du monde chinois, la péninsule indochinoise est aussi au carrefour des routes maritimes stratégiques qui font communiquer l’Extrême-Orient avec le reste du monde. Donc, le Cambodge est, certes, placé sous le regard immédiat de ses voisins les plus proches – Thaïlande, Laos, Vietnam, - qui ont tout intérêt à avoir avec lui les meilleures relations. Le Cambodge est aussi au centre des interrogations d’un autre voisin, autrement présent dans la région, la Chine. Et ce qui intéresse la Chine intéresse les autres grandes Puissances, donc la communauté internationale toute entière. Les équilibres à venir dans cette partie du monde en dépendent. Il ne faut pas non plus oublier que nous approchons du 21ème siècle qu’on annonce comme l’ère du Pacifique : en témoigne la récente Conférence de l’APEC (Communauté des Etats d’Asie-Pacifique). Il faut donc raisonner en termes de résonnance : faire du Cambodge un pôle de paix et de prospérité pour que, de proche en proche, la paix et la prospérité gagnent du terrain et s’installent définitivement pour bénéficier de tous. Il faut placer le Cambodge sur les rails de demain au lieu de regarder l’avenir avec les yeux du passé.

Le Cambodge a aujourd’hui et demain un nouveau rendez-vous avec l’Histoire. Il doit lui-même, assumer son destin. Avec ses atouts et même avec ses handicaps. Quitte à transformer les handicaps actuels en atouts futurs. Il faut qu’il soit l’auteur d’un - projet politique -  autrement plus ambitieux que la simple mais difficile reconstruction nationale.

Il doit regarder au-delà du cadre étriqué actuel pour voir plus grand : imaginer l’avenir par exemple dans une Union indochinoise à l’image de l’Union européenne qui approuvée toute son excellence et son efficacité dans le paysage ravagé de l’après Seconde Guerre mondiale. Je le dis nettement : il ne s’agit nullement de refaire l’Indochine à l’ancienne ni ressusciter le rêve communiste d’une Fédération indochinoise de sinistre mémoire. La Communauté européenne puis l’Union européenne ont permis à deux pays rivaux, déchirés par un contentieux territorial et historique de se réconcilier, de travailler ensemble, d’agréer autour de cette idée neuve d’autres Etats de patiemment construire un espace de prospérité et de progrès. Pourquoi le Cambodge ne prendra-t-il pas l’initiative de s’inscrire dans ce projet autrement motivant et d’y inscrire ses autres voisins indochinois ? Il y gagnerait beaucoup. Au lieu de s’enfermer dans une frilosité étatique et diplomatique ou de continuer à ressasser. Il en va de l’intérêt de tous. Le Cambodge, au centre de la Péninsulte indochinoise, doit être le moteur et la locomotive de cette future Union indochinoise en y associant le Laos pour instituer des relations équilibres et harmonieuses avec le Vietnam et avec la Thaïlande.

Pour que cela soit, plutôt que de vous parler des relations du Cambodge avec ses voisins, comme m’y incite mon sujet, je vous parlerai du Cambodge face à ses voisins. Face, pour faire front, pour avoir bonne figure. Pour assumer son destin et son avenir. Face aux autres. Mais surtout face à lui-même. Pour évacuer les vieux démons. Pour enfin construire. Il s’agit de la vie du Cambodge. Mais aussi de sa survie. Si le Cambodge veut laisser une trace dans l’Histoire.

Comment ? Rénover les structures de l’Etat cambodgien. Instituer d’autres relations avec un autre Esprit.

Structures : Le Roi Sihanouk, dans un article paru dans la FEER du 13 janvier, vient d’appeler à – j’en prends le titre – « forger l’identité nationale du Cambodge ». En ajoutant : « le Royaume du Cambodge aujourd’hui est comme un corps dont certaines parties importantes ont été tranchées par des étrangers et dont les propres enfants ont été amputés d’un bras ou une jambe ». Vision réelle et pessimiste dont il faut vite sortir.

Statut et stature : La communauté internationale, malgré ses imperfections, a beaucoup fait pour que le Cambodge retrouve une identité et une personnalité internationale, digne de spn passé et ouverte sur l’avenir. C’est pratiquement acquis.

Elections de 1993, malgré imperfections et réserves, ont redonné à l’Etat cambodgien une légitimité indéniable. Aux dirigeants cambodgiens de ne pas gaspiller cet acquis. Le Cambodge a désormais un statut respecté par la communauté internationale. A lui de conquérir une stature internationale. La Communauté l’y encourage. Elle l’y aide. Le Cambodge le peut. Il l’a inscrit dans sa Constitution. Dans son article 1. Comme dans son article 53.

Nouvelle lisibilité du paysage politique et diplomatique en Asie. L’effondrement du communisme européen ouvre des perspectives intéressantes. Les régimes communistes chinois et vietnamien sont en sursis. Ils sont devenus anachroniques. L’avenir appartient à ceux, comme le Cambodge, qui ont déjà un pied hors du communisme ou qui n’ont jamais été communisés. Ne plus avoir peur des ombres portées par le Vietnam, la Thaïalnde, l’ASEAN. Voir la Chine et le Japon.

Prendre les divers protagonistes au mot :

Ø  Thaïlande : en 1988, l’ancien PM Chatichai Choohavan annonçait vouloir faire d’une zone de guerre une zone de paix. Transformer le théâtre de guerre en un grand marché.

Ø   Vietnam : Problèmes. Régler le contentieux frontalier. Ou les problèmes d’immigration.

Lever les craintes : avoir une législation ou une réglementation pour les migrants. Si les Vietnamiens viennent au Cambodge actuel est plus enviable que celui du Vietnam. Souveraineté du Cambodge = exiger la loyauté des migrants économiques qui s’y installent.

Ø   ASEAN : problèmes internes. Anachronique. Chacun pour soi. Coexistence avec et transformation possible.

Révolution psychologique et nouvel état d’esprit : Transformer la méfiance

-       Communautarisation des besoins, des ressources et des intérêts. Pas une CEI, mais pourquoi pas comme CECA autour des ressources communes du pétrole et du gaz du Golfe de Thaïlande. En y associant la Malaisie, l’Indonésie ou Brunei et Singapour. Il n’y a pas que ces richesses-là.

-       Occasion unique : Il faut prendre en compte les conditions favorables et les opportunités nouvelles : région en pleine expansion économique et volonté d’aide de la communauté internationale.

-       Exemplarité par exemple de la Belgique dans l’union européenne : Pays aux frontières poreuses. Petit. Neutre. Royaume. Mais tenant sa place et son rang dans l’Europe d’aujourd’hui.

-       Décomplexer le Cambodge. Trois maîtres mots : Assimiler les nouvelles donnes ; Intégrer et s’affirmer.

Conclusion : Les épreuves dont s’est sorti, malgré tout le Cambodge, a forcé l’admiration pour le peuple cambodgien. C’est à lui et à son avenir qu’il faut penser.

Le Cambodge artisan de sa propre paix et de la paix régionale. Il sera beaucoup demandé au Cambodge et surtout aux Cambodgiens. L’enjeu en vaut la peine. Ne pas faire pleurer mais faire rêver.  

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