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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 16:17

Conférence de Presse de Son Excellence Sim Var, à l’Institut de l’Asie du Sud-Est, le 3 novembre 1987

 

Mesdames et Messieurs les représentants de la Presse, vous souhaitant la bienvenue dans cette salle de l’Institut de l’Asie du Sud-Est, le comité central du Mouvement pour le soutien de la liberté khmère (Moulkhmer) vous adressez remerciements les plus sincères pour avoir bien voulu accepter d’assister à cette conférence de presse à l’occasion de son dixième anniversaire.

Ces remerciements sont d’autant plus sincères que de nombreuses appréhensions assombrissant l’avenir du Cambodge où sévit depuis près de 9 ans une guerre injuste… Et nous disons : une guerre injuste, parce qu’elle est la résultante d’une tension entre la R.P.C et l’U.R.S.S. qui se disputent l’hégémonie mondiale à partir de l’Asie du Sud-Est.

Au lieu d’en découdre directement entre elles, ces deux grandes puissances ont préféré se battre indirectement, chez-nous, par petits pays interposés : d’un côté se trouve le NVN (soutenu par l’Union Soviétique) qui occupe depuis janvier 1979 notre territoire, de l’autre les mouvements de la Résistance cambodgienne soutenus par la R.P.C.

Pour vous permettre de comprendre l’imbroglio cambodgien, qu’il me soit permis de vous rappeler ici, succinctement, les faits historiques qui remontent à l’année 1953 : à cette date, la France venait d’accorder au Cambodge son retour à l’Indépendance Nationale. L’année suivante eut lieu la Conférence de Genève à laquelle participèrent les cinq puissances membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. A cette occasion, le Roi du Cambodge avait insisté auprès de cette Conférence pour obtenir un statut de neutralité pour le Cambodge « comme la Suisse », disait-il. Avant de répéter au peuple que le Cambodge, neutre, serait intouchable.

Ces membres de la Conférence furent plus qu’étonnés par la demande de Norodom Sihanouk, parce qu’ils ne pensaient pas que les Cambodgiens seraient en mesure de suivre l’exemple de la Suisse, leur roi lui-même ignorant tout de ce pays et son système de défense. Cela ne les empêcha pas de céder, après avoir pris toutefois la précaution de nommer une Commission Internationale de Contrôle, présidée par le délégué de l’Inde, assisté du délégué canadien et du délégué polonais.

Vers 1963, Norodom Sihanouk autorisa des troupes Nord-Vietnamiennes en lutte contre le corps expéditionnaire américain à s’installer dans des sanctuaires en territoire cambodgien. Cela en violation flagrante de la neutralité cambodgienne réclamée par le même Norodom Sihanouk quelques années plus tôt.

En même temps, ce dernier, donna l’ordre à son armée de transporter des armes et des munitions livrées par la R.P.C. au port maritime de Kompong-Som, à l’intention des Vietnamiens, qui, non contents de s’abriter chez nous, allèrent jusqu’à commettre des exactions au préjudice des Cambodgiens vivant à proximité de la frontière du Vietnam, qui ne tardèrent pas à manifester leur mécontentement.

Mis au courant de ces faits, Norodom Sihanouk essaya de s’opposer, mais en vain, et les troupes vietnamiennes continuèrent à réquisitionner des récoltes, des bœufs ou des buffles, et des coolies porteurs.

Ce n’est en 1969 qu’il prit peur ; mais cela ne l’empêcha pas de partir, en 1970, à l’étranger, sous prétexte qu’il voulait s’occuper de précieuse santé.

   

En France, il rencontra alors son Premier Ministre, le Général Lon Nol, qui était en traitement à l’Hôpital américain de Neuilly à la suite d’un accident d’auto, et lui demanda de retourner au Cambodge pour ameuter les populations mécontentes des abus alors commis par les troupes du N.VN.

 

Lon Nol, malgré ses blessures, accepta de rentrer au Cambodge pour exécuter l’ordre du prince. A l’époque, il passait pour être le bras droit de Sihanouk. Lon Nol se rendait donc sur place pour enquêter auprès des populations concernées qui crurent avoir trouvé, en lui, enfin, un sauveur.

 

Le but du prince était de montrer au monde entier que le peuple cambodgien était excédé par le comportement des troupes vietnamiennes sans avoir à en saisir l’ONU. Pourquoi agit-il ainsi ? Parce qu’à l’époque, afin de faciliter l’entrée des troupes en question, il avait renvoyé la Commission Internationale de Contrôle qui devenait un témoin gênant. Donc, Norodom Sihanouk part du Cambodge en janvier 1970, son esprit de retour immédiat, laissant à d’autres le soin de résoudre ce problème insoluble qu’il avait créé.

 

La foule des frontaliers mécontents, après avoir manifesté sur place, se rendait à Phnom-Penh, dont les habitants firent cause commune avec elle, pour exprimer ses doléances à l’Assemblée Nationale où se trouvaient leurs représentants.

 

Le service d’ordre, vite débordé, la foule se transforma en émeute, saccager les ambassades du Nord et du Sud Vietnam, et massacra des résidents vietnamiens où qu’ils soient, dans la rue ou chez eux.

 

Mis au courant de ces faits, Norodom Sihanouk envoya à Phnom-Penh télégramme sur télégramme pour condamner le gouvernement du Général Lon Nol et l’Assemblée Nationale, dont certains membres réagirent en demandant la déposition du prince Sihanouk de son poste de Chef de l’Etat, mais Lon Nol résista à cette pression jusqu’à le dernière minute, c’est-à-dire jusqu’au 18 mars 1970.

 

Lon Nol ne put plus rien pour sauver la position du prince à partir du moment où celui-ci refus de recevoir les deux émissaires qu’il lui dépêcha pour le tenir au courant de la situation exacte. Et encore, ne se décida-t-il vraiment à céder qu’après avoir été menacé d’arrestation !

 

Pendant ce temps, le prince, sacrifiant sa cure, se rendait à Moscou pour y quémander, en vain, des armes pour sa défense personnelle, avant de se rendre à Pékin où Chou En Laï l’aida à conclure, avec Pham Van Dong, un pacte destiné à lui permettre de reconquérir, avec l’aide des troupes vietnamiennes et des Khmers Rouges, son pouvoir qu’il venait d’abandonner volontairement.

 

A Pékin, Pham Van Dong s’était fait fort de détruire l’armée cambodgienne en moins d’une semaine, mais en réalité, cela prit plus de temps que prévu, puisqu’en 1973, le délégué du Nord Vietnam profita de la Conférence de Paris pour exiger, d’accord sans doute avec Sihanouk, que le Cambodge soit neutre. Ce à quoi Kissinger ne trouva rien à redire, car les USA étaient alors pressés de retirer leurs troupes d’Indochine. Et ce qui devait arriver arriva : le Cambodge, n’ayant pas d’alliance avec qui que ce soit, isolé, démuni, ne pouvait que tomber face à un ennemi supérieur en hommes et en matériel. L’écroulement se produisit le 17 avril 1975 avec l’entrée des Khmers Rouges dans Phnom-Penh : ce jour-là s’achevait vraiment la longue semaine de Phan Van Dong, une semaine qu’avait duré cinq ans !

 

Pourquoi ce retour en arrière ? Pour souligner les circonstances logiques de la dégradation du Cambodge. C’est pourquoi nous nous permettons de faire appel au mass-média pour faire entendre notre cri de détresse à l’opinion mondiale, avec le souhait que l’ONU pense à organiser une conférence dans l’esprit de celle qui s’était tenue à Genève en 1954.

 

En attendant, considérant que le péril khmer-rouge a changé de nature, et que par conséquent le prétexte évoqué par les Vietnamiens pour maintenir des troupes au Cambodge ne tient plus. Nous nous permettons de demander le retrait immédiat de ces troupes et leur remplacement par les forces des Nations-Unis, comme en Allemagne Fédérale.

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