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7 décembre 2009 1 07 /12 /décembre /2009 09:02

Le Règne de Preah Sokunbât (1504-1512) : L’obsession de trahison.

En 1504, Preah Sokunbât fut couronné roi du Kampuchéa à l’âge de 26 ans. Il organisa les funérailles de son père en conformité avec la tradition du roi khmer. Quelque temps après, il amena les cendres du souverain défunt pour les déposer dans un stupa au sommet de la montagne de Santouk. Après 4 ans de règne paisible, il songea à transférer la capitale royale à Basane, ancienne capitale de son grand-père, Preah Ponhea Yat. Les raisons étaient stratégiques militaires. Basane était une ville plus facile à défendre que celle du Krong Chatomouk, parce qu’elle était protégée par des obstacles naturels : À l’est par des marais, au sud-est par un fleuve et au sud par des forêts.  Il convoqua les membres de la Cour pour leur en suggérer. Ces derniers approuvèrent cette décision royale à l’unanimité. Les ministres se chargèrent d’aménager la nouvelle capitale en attendant le jour faste du transfert. Mais le temps qui pressait ne permit pas qu’on achevât le nouveau palais. Cela obligea le Roi d’habiter provisoirement dans l’ancienne résidence royale désinfectée. Le Roi était fort heureux à Basane, il partageait son temps entre les affaires qui étaient de son devoir, et les plaisirs qui étaient de son âge. Ses hobbies étaient la pêche à l’épervier. Il organisait avec sa Cour cette partie de pêche plusieurs fois par mois. Ce ne fut qu’un enchaînement de fêtes, de plaisirs depuis qu’il était à Basane. 

Pendant le règne de Thomma Reachea, il y avait un haut fonctionnaire à Basane, nommé Pichay Nirk. Celui-ci avait épousé une fille d’un esclave du clergé, nommé Bane. De cette union naquit deux enfants, une fille, nommée Sar (blanche), parce qu’elle avait la peau blanche et un garçon, nommé Kân. Celui-ci vint au monde dans une condition extraordinaire : sa mère fut une fausse couche au moment où elle avait fait ses besoins au bord de la rivière. Le nourrisson fut tombé dans l’eau et il fut avalé immédiatement par un grand poisson Paur (nom du poisson). Peu de temps après, ce poisson était attrapé par un pêcheur. À la veille de la fausse couche de l’épouse de Pichey Nirk, il y avait un moine supérieur, nommé Satha, chef de la pagode, qui avait fait un rêve : il vit un Tévada (saint) qui vint lui demander de sauver un homme qui a reçu un mandat céleste  « Neak Mean Bonn ». Le lendemain matin, le vénérable Satha partit en pirogue avec un esclave à la recherche de cet homme. En cours de route, le moine s’aperçut une pirogue du pêcheur. Tout d’un coup, il eut l’intuition que l’homme recherché se trouvait près de lui, il demanda à son esclave d’approcher de la pirogue du pêcheur, dans laquelle, il vit un grand poisson dont le ventre était gonflé inhabituel. Il fixa longuement son regard sur ce poisson. Voyant que le moine avait les yeux rivés sur sa prise exceptionnelle et en guise du respect à la religion, le pêcheur offrit ce poisson au dernier. Le moine fut alors trop heureux et remercia le donateur. Il l’emmena vers la pagode. Arrivé à sa maison, le moine dit à son esclave qu’il y ait quelque chose exceptionnelle dans le ventre de ce poisson. Ayant entendu les paroles de son maître, ce dernier décida éventrer le poisson devant la foule qui vinrent le voir. Une fois le ventre était ouvert, tout le monde entendit du pleur d’un nourrisson. Le moine Satha demanda qu’on sortit ce nourrisson de l’estomac du poisson. Cette nouvelle se répandit dans toutes les contrées de la province de Basane. Pour nourrir ce nourrisson miraculeux, le moine l’avait confié à un couple d’esclave de sa pagode. Le mari s’appelait A Bane. Jadis quand un homme qui n’était ni instruit, ni occupé un poste de fonctionnaire, on rajoutait le préfix « A » devant son nom. Quant à la femme non instruite, on rajoutait le préfix Mé. Le moine appela le nourrisson A Kao. Le haut fonctionnaire Pichay Nirk et son épouse avaient entendu parler de ce miracle. Ils se persuadèrent que ce nourrisson soit son enfant. Après quoi, ils décidèrent de venir voir le moine Satha pour lui demander de récupérer cet enfant. Pichay Nirk avait raconté l’histoire de la fausse couche de son épouse au moine. Ce dernier n’hésita pas à donner l’enfant à ses parents. Il recommanda aux derniers de bien prendre soin à cet enfant, parce qu’il n’est pas un enfant ordinaire. Il serait puissant et téméraire et il triompherait plus tard de tout le monde, excepté du Bodhisattva. Pichay Nirk et son épouse remercièrent le vénérable. Ils changèrent le nom de leur enfant A Kao en Kân. Comme le vénérable Satha avait prédit, l’enfant devint en grandissant un garçon très instruit, très doué, très beau, robuste et connu de grands succès auprès des filles. Kân s’occupa à lire des livres d’histoire et de doctrines du Bouddha. Ses parents avaient demandé au vénérable Satha d’être le précepteur de leur fils.      

Parlons du Roi Sokunbât. Un jour le Roi décida d’aller à la pagode pour faire des offrandes au Bouddha. Au moment où il devait entrer dans le temple, il s’aperçut sur la terrasse une fille d’une grande beauté. Le Roi restait un bon moment pour admirer la beauté de cette fille. Les membres de la suite royale s’en aperçurent, ils convoquèrent immédiatement Pichay Nirk, le père pour lui persuader d’offrir sa fille au roi. Ce dernier s’en acquiesça. Le Roi était très content de ce geste. Il désigna la belle, sa première dame. Elle reçut un nom de noblesse, Neak Preah Moneang Késar Bopha et ses parents en bénéficièrent aussi : Neak Preah Bayda Pichay Nirk, pour le père et Neak Preah Mirda Mébane, pour la mère.

Pour l’amour de sa nouvelle épouse si jeune et si belle, le Roi n’hésita pas à changer le nom de la ville Basane en Srey Sar Chhôr (la fille blanche debout). Plus tard ce nom se déforme en Srey Santhor.    

En 1507, le Roi procéda à une réorganisation administrative du royaume. Il divisa le pays en deux régions administratives : L’Est et l’Ouest avec le fleuve du Mékong comme frontière. Aussitôt il en arrêta les détails d’exécution, il nomma son frère puîné, , vice-roi et donna au dernier l'administration des provinces orientales dont le siège du gouvernement régional se trouvait au Krong Chatomouk. Après avoir prêté serment de fidélité et de respect à son frère, le vice-roi quitta la capitale avec les membres de sa maison royale pour rejoindre son poste.

Quelque temps après, le Roi fit sculpter sa statue en pierre, laquelle fut exposée au milieu de la citadelle royale afin que la population vint la rendre hommage. Plus tard, cet endroit était réputé pour sacré parce que les gens disaient que l'esprit du roi exauça leurs vœux prononcés. Ce lieu est appelé aujourd’hui Neak Ta Sokunbât (le génie Sokunbât).    

Cette même année, pour faire plaisir à sa première dame, le Roi voulut d’affranchir les membres de la famille maternelle de cette dernière. Il convoqua tous les membres de la Cour pour leur faire part de son intention. Ces derniers rappelèrent immédiatement au roi que ce désir était contraire au serment du roi défunt, son père, qui avait juré devant la statue du Bouddha que cette famille devait servir comme esclave du clergé jusqu’à la fin de la religion bouddhique (5000 ans) et la loi coutumière ne donnait aucune possibilité de libérer cette famille avant cette période. Le Roi se laissa convaincre.

Quelque temps après, la première dame fut gravement malade. Le Roi organisa des séances de prières pendant sept jours, aux cours desquelles il prononça un vœu : Si la première dame était guérie, il construira un temple pour la religion et tous les jours saints, la première dame viendra pour faire la propreté de ce lieu. À la fin des prières, la première dame fut guérie. Respectant à son engagement, le Roi fit construire un temple dans l’enceinte d’une pagode qui se situait non loin du palais royal. Pour que sa première dame se rendit au temple pendant les jours saints sans être vue par la population, le Roi fit construire des palissades de bambou, couvertes de tissus blancs pour cacher le chemin. Pour cette raison, on appelait cette pagode, Vat Mèr (pagode Mère) ou bien Vat Prey Baing (pagode cachée par la forêt). Quelque temps plus tard, la première dame accoucha d'un enfant, nommé Ponhea Yous. Le Roi le désigna prince héritier.

Parlons de Kân. À l’âge de 16 ans, ce garçon fut nommé membre du secrétariat du roi. Il fit remarqué de ses compétences et ses savoirs. Il pouvait même assumer des tâches des grands dignitaires avec efficacité. Mais, compte tenu de sa souche de famille d’esclave, le Roi ne pouvait pas promouvoir Kân au rang de dignitaire du royaume. Néanmoins, il lui nomma au poste du chef de son cabinet personnel avec le titre de noblesse Khoun Lahoung Sdach. Ce poste donnait droit à Kân d’avoir quatre adjoints. Ses charges consistaient à faire respecter les lois du Bouddhisme et de punir ceux qu'ils les transgressaient. Au palais, Kân régnait en maître, insensible aux corrupteurs. Aux yeux des grands dignitaires du palais, Kân « dénué d’humanisme » était un ambitieux et un orgueilleux. À la Cour, Kân n’avait pas beaucoup d’amis, mais dans la capitale royale et dans son village natale, il fut connu comme un grand savant. Tout le monde dit qu’il avait l’air de maître dont il parla imposa plus d’autorité de son rang que le roi avait jusque-là peu honoré.

Un beau jour, le Roi demanda à Kân de tirer un arc avec les cinq flèches à la fois, parce qu’il avait entendu parler que son beau frère fût très fort dans cet art. Sur ordre de son souverain, Kân prit entre ses doigts son arc, il y encocha cinq flèches, puis, se retourna vers le Roi et tout son Etat-Major, leur dit : « Regardez-mois viser le tronc du manguier qui se trouve à peu près cent mètres d’ici ! ». À peine le son des paroles avait-il cessé qu’on entendit vibrer la corde de l’arc. Il avait visé le milieu du tronc du manguier et, résultat, on vit les cinq flèches enclouées solidement sur la cible. Le Roi et ses ministres qui avaient assisté à cet exploit ne purent retenir un cri d’admiration. Le Roi demanda à Kân : Qui est ton maître ? Le vénérable Satha, Votre Majesté, répondit Kân. Après quoi, le Roi nomma le Maître de Kân chef des bonzes du Royaume. Ce dernier avait reçu le nom de noblesse Samdech Preah Sokunthear Thipday.        

En 1508, pendant la cérémonie de la fête du nouvel an, le Roi se retira dans sa chambre pour se reposer. Cette nuit-là, il rêva qu'il y a eu un grand dragon qui vint chasser tout le monde du palais, ensuite il le brûla et avant de quitter les lieux, il porta à sa bouche le parasol royal et s’envola vers l’Est de la capitale.

Le lendemain matin, le Roi se rendit à la salle du trône pour recevoir tous les grands dignitaires du royaume, qui étaient venus pour lui présenter leurs vœux. De son trône, le Roi le regarda vers la direction où se trouvait Kân, il s’aperçut soudain que le corps de ce dernier était entouré d’un dragon à deux têtes qui lui fixait son regard en menaçant de lui mordre. Ce dragon ressemblait exactement à celui qu'il l’a vu dans son rêve. Il demanda à son frère Preah Chanreachea et tous les autres dignitaires dans la salle, est-ce qu’ils ont vu le dragon comme lui. On lui répondit que personne ne l’a vu. Après ce mirage, le Roi poursuivit son audience. Quelque mois avant ce nouvel an, il arriva dans le royaume des évènements étranges :

- Dans la province de Battambang, l'eau de la grotte de la montagne Bapoun devint rouge comme le sang ;

- À la pagode de Vihear Sour, la statuette du Bouddha pleura du sang et la branche d'arbre sacré (paur) fut caché et l’on vit couler du sang ;

- La lame de l'épée sacré fut rouillée ;

- Il y eut de cendre dans l'étui du couteau royal.

Le Roi fut en informé pendant son audience annuelle ; il se montra grandement surpris et troublé par cette nouvelle. Après le retour de son frère au Krong Chatamouk, le Roi convoqua le grand astrologue du palais et ses conseillers pour leur demander d'interpréter son rêve :

- Il y a un lien entre votre rêve et la lame de l’épée royale rouillée, dit le Grand astrologue. Cela veut dire qu'ils y aient bientôt des troubles politiques dans le pays ;

- Qui puisse-t-il provoquer ces troubles ? demanda le Roi ;

- Un ennemi, répondit l’astrologue. Et cet ennemi serait Kân, parce qu’il est né de l’année du dragon. C’est pourquoi, Votre Majesté a vu un dragon dans votre rêve. Selon les règles astrologiques, un dragon se manifeste dans le rêve au début de l’année serait un dragon puissant et méchant. Que Votre Majesté doive faire attention à votre beau-frère. Celui-ci cultivait en secret l’ambition de monter sur le trône.

- En vérité, je pense comme vous depuis quelque temps déjà, dit le Roi.

L’obsession de trahison de Kân devenait un sujet de causerie à la cour. Après entendu ce présage, le Roi voulut tout de suite mettre à mort Kân, sinon il ne pourra plus passer une seule nuit tranquille sur son oreiller. Comment faut-il le faire ? : En tant que Roi, je ne pourrais tout de même pas tuer un homme innocent. En outre, tuer un homme tel que Kân qui possède actuellement une réputation de savant, c’est nuire en ma personne à toute la catégorie des grands rois de bien.  Au-delà de sa réputation, Kân est le frère cadet de ma première dame et l’oncle du prince héritier, mon fils. Le mieux serait donc d’agir par ruse. Sa mort devrait être vue par tout le monde comme un accident.

Soudain, une idée vint à son esprit : Il faut que Kân meure de noyade, parce que ce dernier aime bien nager. Une partie de pêche serait une bonne affaire pour camoufler l'assassinat de Kân. Le stratagème consiste à demander Kân de plonger dans l'eau pour détacher l’épervier coincé au fond du marais. Une fois, il serait dans l'eau, il faut faire en sorte qu’il ne remonte plus. Le Roi se montra très satisfait de son plan. Il donna une chiquenaude et révéla son stratagème à ses conseillers. Ces derniers l’approuvèrent immédiatement. La première dame était au courant de ce conciliabule. Elle en déduisit que la discussion était grave. Elle décida de se cacher dans une chambre jouxtée du cabinet privé du roi pour écouter la conversation. Elle retint sa respiration et se glissa sous une table couverte de natte. De là, elle entendit presque tous les propos du roi sur son frère.

Le jour même, le Roi ordonna au chef des services d’information d'avertir tous les fonctionnaires du palais qu'ils sont invités demain matin une partie de pêche habituelle et que chacun viendra avec son propre épervier.

Le lendemain matin, le Roi monta à bord de son bateau amiral pour aller pêcher, suivi de toute sa Cour. Le bruit de la musique et des tambours emplissait le ciel quand on accompagna le cortège royal à son départ de la capitale jusqu’au lieu de pêche. Arrivé à un endroit idéal, le Roi ordonna à tout le monde de préparer à déjeuner dans une forêt inondée. L'ambiance était de fête. Tout le monde était gai, sauf la première dame. Elle cherchait tous les moyens pour informer son frère de la situation pressante dans laquelle il se trouve. Pendant que les membres de sa suite se préoccupèrent à préparer le déjeuner, Késar Bopha fit un paquet de repas avec la feuille de bananier dans lequel elle cacha une lettre et fit aussitôt porter à son frère par sa servante fidèle. Quand Kân avait reçu le paquet, il se disait qu'il n'est pas dans l'habitude de sa soeur de lui apporter le repas dans un paquet de feuille de bananier, elle le faisait toujours dans un plateau. Il y ait donc quelque chose de secret dans ce paquet. Il l'ouvrit discrètement et aperçut une lettre dans laquelle sa sœur lui informe dans le terme suivant : le roi veut te tuer aujourd'hui. Quand Kân eut achevé de lire, il eut peur et il se dit : Je n'ai jamais fait de mal à personne et je n'ai aucune intention de trahir le roi, pourquoi, il avait intention de me tuer.

Après midi, quand il faisait moins chaud, la partie de pêche commença. Chacun chercha un endroit pour lancer son épervier pour attraper les poissons. Le Roi participa à cette pêche. Quelque instance plus tard, le Roi fut informé qu'il y eut un endroit où il y avait beaucoup de poissons. Ayant appris ceci, le Roi ordonna aux rameurs de sa pirogue d'y aller avec les membres de sa suite. Arrivé à cet endroit, il lança immédiatement son épervier dans l'eau et ensuite il feignit de ne pas pouvoir le tirer hors de l’eau. Le Roi dit à Kân que le filet de son épervier est coincé et lui demanda de plonger dans l’eau pour le détacher. Ce dernier exécuta l'ordre royal avec toutes les précautions pour éviter le piège mortel du roi.  Une fois dans l'eau, Kân chercha plutôt à se sauver que d’aller détacher le filet. Cette décision lui permit de s'échapper aux centaines d’éperviers lancés sur lui. Heureusement, Kân était un bon nageur. En outre, les complices du roi avaient mal choisi l'endroit où l'eau était profonde et il y avait beaucoup de plantes aquatiques qui empêchent les éperviers d'atteindre le fond de l'eau. Cela permit à Kân de nager sous les filets pour s'échapper au piège mortel du Roi. À une bonne distance du cercle de pirogues, Kân avait besoin de remonter de l'eau pour respirer. Le sort n’a pas voulu qu’il mourût, car au moment où sa tête sortit de l'eau, il y avait des centaines de canards sauvages qui descendaient dans l'eau. Cela empêchait le roi et sa suite de voir Kân. Cette chance permit à Kân de nager jusqu’à la berge. Telle est la façon dont Kân parvint à s’échapper. Le Roi et sa suite cherchèrent par tous les moyens le corps de Kân, mais ce fut en vain. Le Roi dit à ses conseillers : Nous avons sans doute sous-estimé sa capacité. Désormais, il faut que nous attendions sa vengeance. La cupidité et l’avidité de son cœur sont maintenant sans limite ». Le Roi se sentait grandement inquiet pour l’avenir du Royaume.  

Mais, les deux généraux, Ponhea Yomreach et Ponhea Vongsa Angreach s’empressèrent d’en tranquilliser le Roi. Ils ordonnèrent aux soldats de fouiller dans les environs du marais pour trouver Kân, vivant ou mort, mais ce fut en vain.

On appelait l'endroit où Kân s'échappa du piège mortel du roi, Bang Tea (le marais de canard). Plus tard ce nom se transformait en Bang Tortea, ensuite en Bang Tortaug. On dit dans des mémoires de ce temps-là que Kân était sauvé par le dragon et les canards sauvages.

Affligé d’autant plus qu’il était innocent, Kân se résigna à son sort. Il sortit du marais, s’engagea dans les forêts et ne trouva comme consolation qu’en pleurant sur un destin qu'il eut cru plus juste. Mai une voix l’appelait à présent : « Halte ! Khoun Lahoung Sdach, cessez de fuir, j’ai l’ordre du Roi de vous arrêter ». Kân tressaillit à ce nom, retourna la tête pour dévisager l’arrivant et s’aperçut qu’il n’avait affaire qu’à un soldat qui se trouvait à une bonne distance de lui, sans laisser le temps au dernier de terminer sa phrase, Kân se mit à courir pour se cacher dans la forêt. Ensuite, il se trayait un chemin sous un tunnel de branches et de tronc d’arbres. Un silence étonnant régnait dans la jungle éclairée par la lumière de la lune. Il s’arrêta et voulut retrouver son calme. Et soudain, il entendit une voix tout près de lui : Il est là-bas, attraper le. Ayant entendu cette voix, il était parti en hâte, puis s’était tout bonnement percuté une branche d’arbre et tombé sur les fesses. Deux soldats surgirent devant lui. Le premier tira son sabre de sa ceinture et pointé vers Kân, mais curieusement, alors que le monde aurait dû se figer comme une photo, il discernait le dragon sur la tête de Kân et sa gorge libéra un cri effroyable : Dragon ! dragon à deux têtes ! Une peur animale l’envahissait, il lâcha son sabre de sa main et s’enfuit. Kân fit un bond pour ramasser le sabre du fuyard puis une pirouette et atterrit à un pas de l’autre soldat, le sabre au poing, il l’embrocha. Ensuite, il parvint la nuit même à se rendre jusqu’à la pagode du vénérable Satha. Il attendit l’aurore pour se glisser discrètement à l'intérieur de la maison de son maître. Ce dernier fut très content de la visite de son disciple. Kân lui avait raconté tous ses malheurs. Ayant entendu les paroles de son disciple, le vénérable Satha lui répondit : « Tu ne peux pas rester ici mon enfant, tu vas vers l’est. Là-bas, tu trouveras ton puissant protecteur divin et après 3 ans, tu deviendras un homme respectable ». Kân quitta son maître sur le champ. Il marcha droit vers l’est, traversa forêts et rivières, le visage tordu par la haine. Il laissa derrière lui ses parents et sa soeur. Il nourrissait quand même un certain espoir. Il pensait que si la prédiction de son maître se réalise, il rencontra certainement des gens de bien. Et avec eux, il parviendrait peut-être à vivre sans peur être anéantis par l'injustice du roi, égarée après des intrigues de la Cour.      

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