Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 07:14

 

L’aurore du 18 avril 1975 ouvrit la nouvelle époque pour les millions des Khmers qui à la veille ont dormi à la belle étoile loin de leur maison familiale, parce que l’Angkar Loeu de Pol Pot voulait ainsi. Ils furent réveillés au deuxième jour de la fête du nouvel an par la faim et le chagrin. Ils n’ont eu que les larmes, comme seul remède pour éradiquer leur abstinence, qui coulèrent discrètement de leurs yeux qui témoigneront illico l’accès de rage des limiers de Pol Pot. Au Kampuchéa, la saison de Chhêt (Chaude – Mars, Avril et Mai) est généralement pénible. La moyenne des maxima d’avril est de 34°8 à Phnom-Penh, de 35°6 à Battambang. Le maximum absolu est de 40°5 au Chaktoumouk. Cette chaleur donna l’effluve des miasmes des macchabées des soldats républicaines qui ont été tués par les Khmers rouges, parce que ces adolescents avaient cru comprendre que la guerre était finie. Les vieillards et les malades ont été délogés de leur pieu de repos par ordre de l’Angkar Loeu pour se consumer dans l’ignorance (sans le dharma de Bouddha). Les pleurs d’adieu de leurs proches appelèrent tous les Thévadas (divinité) célestes de venir faire les témoins de ces trépas injustes, appelés l’assassinat. Les femmes savaient bien que la nuit venue les Chlaup Andérathey (les gardes khmers rouges) se glissèrent lâchement dans leur nouvelle demeure sans chaleur pour enlever leur mari ex-fonctionnaire et militaire : le meurtre est la question. L’apparition de l’étoile du matin du nouvel an 1975 fit fuir les oiseaux chanteurs de l’azur du Kampuchéa pour laisser la place aux cris des vautours affamés qui sont venus chercher les cadavres abandonnés sur le chemin de la mort. Pour consoler la tristesse et l’angoisse qui est les faiblesses de l’homme, les victimes de l’Angkar Loeu sanguinaire s’efforcèrent de penser à la parole de réconfort de l’ermite à Atala pendant le dernier souffle de sa vie : « Enfin, ma fille, le grand tort des hommes, dans leur songe de bonheur, est d’oublier cette infirmité de la mort attaché à leur nature » (Chateaubriand – Atala René Les Natchez). Pour peindre cette déchirure sans termes, mon fils, Davouth, écrit une élégie, car la poésie est le réel absolu. Plus une chose est poétique, plus elle est vraie. Aristote disait : « La tâche de poète et d’historien est la même, car elle consiste à faire durer quelque chose grâce à la mémoire ».

Voici le rêve de mon fils :

Le sombre est glacial

tel une force qui me rend pâle

la nuit reste éternelle

pareil à une si grand aile.

Que de malheur infini

ô aucune gaieté dans la vie

la tendresse disparaît

comme une étoile qui apparaît.

Dès le matin, je sens le crépuscule

qui me bouscule

j’écoute le vent alizé

pour me rappeler de cette paix.

Elle est sans doute une paix bouddhique qui sert comme un refuge des Cambodgiens qui savent que le Christ et le Bouddha sont venus sur terre pour résoudre deux problèmes des humains : le mal et la mort.

Mais le malheur du peuple d’Angkor a été sans recours, car il a été dans la main des Yothear (Soldats) khmers rouges. Ils parlèrent entre eux du peuple nouveau et ancien et toutes sortes des mots inusités pour glorifier leur révolution meurtrière qui donna une rage de Pol Pot dans les fers. Il s’agit de jouir le maximum de la destruction totale de la paysannerie khmère. Le pire comme disait Sade (1740-1814), écrivain et philosophe français : « Tuer un homme dans le paroxysme d’une passion, cela se comprend. Le faire tuer par un autre dans le calme d’une méditation sérieuse, et sous prétexte d’un ministère honorable, cela ne se comprend pas ». À force d’ordonner de tuer de millions de vies humaines, Pol Pot devenait insensible à la souffrance de ses semblables. Vigny, le poète, écrivait : « …ne peut plus sentir le mal ni les bienfaits. Il est même sans joie aux malheurs qu’il a fait ». Pourquoi, une telle bêtise humaine ?. N’est-elle pas un destin pour le peuple khmer qui connaît au cours de son histoire que de gloire fugace ?. Si c’était vrai, il est sûr que cette fatalité est un injuste destin.

Les victimes des Khmers rouges se souviennent encore de la date fatidique du « 17 avril 1975 », date à laquelle les Khmers rouges entrèrent dans Phnom-Penh. La population était chassée de sa maison pour une destination où la mort est au boit. Pourquoi ?. C’est la victoire de Pol Pot. Ô ce mot prodigue encore de l’effet caverneux sur les Cambodgiens, car il s’inscrit dans leur esprit comme un élément de tristesse définitive. On sait qu’aujourd’hui les victimes continuent de souffrir de cet événement lugubre. Cette douleur indicible ne leur donne pas droit d’oublier la cruauté des Khmers rouges qui détruit par leur ignorance, en un tournemain, le pays tout entier. Le Kampuchéa des humains se transformait, au premier jour de l’arrivée au pouvoir de Pol Pot, en enfer des morts vivants. Tous les Cambodgiens ont été bannis de leur foyer et condamnés à se périr au nom de l’Angkar Loeu. Je me pose la question : Est-ce vraiment une victoire ?. Ça dépend pour qui ?. Si c’était pour les amis de Pol Pot, la réponse est oui, car cette victoire leur permet de placer le Communisme à la cime du pouvoir. En revanche, dans le cas où on entendrait dire qu’elle était pour le peuple khmer, il est sûr que cette affirmation est un mensonge, car Pol Pot lui-même n’avait jamais dit que cette fête rouge est pour les Cambodgiens. Et quiconque, y compris le Prince Sihanouk, osa revendiquer sa part de butin pour un brin de privilège, il aurait été accusé tout de suite par l’Angkar Loeu de haute trahison et l’on sait que la sanction était cruelle : la peine de mort après la torture corporelle.

Par ruse, sans combat, les Khmers rouges sont entrés à Phnom-Penh, le 17 avril 1975, pour prendre le pouvoir. La guerre cessait, la paix revenait du moins le croyait-on. Le peuple devait donc se réjouir, s’associer joyeusement avec le nouveau pouvoir. Mais hélas ! presque aussitôt les Khmers rouges « l’Angkar Loeu Loeu » a décidé de vider Phnom-Penh de sa population : « Les Américains vont bombarder la capitale khmère », tel était le prétexte.

La radio nationale, surtout les haut-parleurs portatifs sillonnèrent toutes les rues des quartiers de Phnom-Penh pour ordonner à la population de sortir vite de ses maisons et de quitter rapidement la ville. Ainsi, hommes, femmes, enfants, vieillards, y compris les malades, les blessés dans les hôpitaux, les mères et leurs bébés dans les maternités, tous se retrouvèrent dans la rue. Ce déplacement en catastrophe de tout Phnom-Penh, par tous les moyens de transport ou à pied, encombra toutes les rues de la capitale offrant un spectacle de panique d’affolement indescriptible, avec les bruits des moteurs et des klaxons de voitures de toutes sortes, s’ajoutant aux cris des parents appelant leurs enfants égarés, aux pleurs et aux gémissements des malades soutenus par les leurs, sous les menaces des militaires khmers rouges poussant les retardataires.

Le nouveau maître du pays venait de décréter sa « loi » que l’on devait respecter désormais. Le malheur a donc continué à frapper les citadins, considérés par les Khmers rouges comme nuisibles pour la société.

Par une autre idée diabolique, l’Angkar Loeu Loeu a décidé de supprimer toutes traces de culture occidentale pour faire le Cambodge une nouvelle Nation Khmère, peuplée d’une nouvelle génération sans attache avec le passé de quatre vingt dix ans de colonisation (1863-1953). D’où le slogan « Les garder, rien à gagner, les supprimer, rien à perdre ». C’est pourquoi le peuple khmer a connu la terrible épreuve du génocide des Khmers rouges, responsables de l’extermination de plus de deux millions de leurs compatriotes.

Le Cambodge en ce temps-là, écrit un journaliste français : « N’étaient peuplés que de coolies », car presque tous les intellectuels avec leurs familles furent massacrés, suite à cette décision sauvage de l’Angkar Loeu Loeu. Et les Khmers rouges allèrent encore plus loin dans leur action de répression : la suppression de la religion, des pagodes, des églises, des mosquées, profanées ou détruites.

La situation était dramatique, le Cambodge très affaibli, démuni de toutes ressources, désorganisé, est devenu alors la proie des Communistes vietnamiens. Hanoi a occupé par la force des armes le Cambodge durant dix ans (du 7 janvier 1979 à Septembre 1989). Le Cambodge a perdu son indépendance nationale par la faute des Communistes khmers rouges prochinois et Khmers rouges pro-communistes vietnamiens, qui ont violé les Droits de l’Homme et empêché la Démocratie d’exister. D’ailleurs, le Cambodge était le seul pays au monde qui s’était trouvé confronté pour son malheur aux deux systèmes communistes existants : le Marxisme-Léninisme et le Maoïsme. Et maintenant, on peut se demander ce que devient le Cambodge, après l’intervention de l’ONU en 1991 ?.    

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Sangha OP
  • : រូបថតកាលជានិសិត្ស នៅសាកលវិទ្យាល័យ ភ្នំពេញ -មហាវិទ្យាល័យ អក្សរសាស្ត្រ និង មនុស្សសាស្ត្រ (ផ្នែកប្រវត្តិសាស្ត្រ) - ទស្សវត្សរ៏ ៧០
  • Contact

Recherche

Liens