Sans gloire, ni honneur
Le retour de Sam Rainsy par voie de grâce royale s’annonce de mauvais augure pour le Cambodge, parce que le Roi Sihamoni a exécuté des ordres de point en point de Hun Sen. Celui-ci a pardonné à son ennemi sur sa demande au nom de la réconciliation nationale, mais ce pardon à un prix pour Sam Rainsy, il devrait respecter les conditions suivantes :
- Reconnaître ses fautes criminelles et accepter sa condamnation par la justice ;
- Renoncer à ses droits civiques, c’est-à-dire n’ayant pas droit d’être électeur, et d’être éligible pour les élections du 28 juillet 2013, mais Sam Rainsy doit y participer activement en demandant à la population de ne pas s’abstenir aux scrutins ;
- Accepter de reconnaître les résultats des élections.
Bien sûr, ces conditions ne sont pas rendues au public pour raison politique, mais Sam Rainsy en a accepté sans broncher. Il considère l’appât de Hun Sen comme une opportunité à saisir : des conditions minimales, selon son expression, à saisir pour repartir. Repartir par où et comment ? Personne, y compris son entourage, n’est capable de savoir sa stratégie. Cela, c’est du déjà vu dans le passé récent. Espérons que les amis de Sam Rainsy n’aient pas de mémoire oublieuse : L’oubli apparait souvent comme le revers (de fortune ?), un trou. Cette défaillance, pour les amis de Sam Rainsy, pourrait avoir une conséquence fâcheuse pour l’avenir du pays khmer. Je les conseille d'y attendre quelques jours encore après le retour de leur champion au pays avant de crier la victoire sans gloire, ni honneur : Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
En acceptant les conditions de Hun Sen, Sam Rainsy, le dédain n’ôte rien au complexe de supériorité, il sera petit devant ce dernier, et restera ridicule aux yeux des démocrates dans le monde entier. On le savait depuis toujours qu’il y a du faquin dans cet homme. Sa première bévue dans ses démarches est d’adresser une lettre de condoléances à Hun Sen pour la mort de son père sur le papier entête du Parti salut national (Parti Sangkros Cheat) sans demander l’avis de personne. Il faut attendre encore des bévues plus criantes, car le nouveau départ de Sam Rainsy avec Hun Sen obéirait à une double orientation : celle d’une politique du sauvetage du pouvoir dictatorial, celle d’une politique de la création d’une Indochine vietnamienne. Ceux, qui croient que le parti salut national (PSN) soit capable de mettre à nouveau en application les accords de paix du 23 octobre 1991, prennent leurs rêves pour la réalité. En effet, le PSN avec Sam Rainsy et Kem Sokha comme chefs, conduira, après les élections du 28 juillet, le peuple khmer dans la gueule vietnamienne communiste, ce peuple se transformera dans un délai court en un peuple subjugué au pouvoir totalitaire, et en un peuple minorisé dans son propre pays.
Qui pourra le sauver de ses désastres ? Le peuple khmer lui-même en boycottant des élections du 28 juillet prochain. Cela lui permettrait de prendre son destin en main afin d’éclairer les chemins de la liberté. Pour élaborer ces chemins qui se rejoindraient dans la Voie du salut national, il lui faut dégager des alternatives : colonisation vietnamienne et indépendance nationale, pouvoir communiste et démocratie libérale, décadence et développement durable, conservation et transformation(1). Le salut national a toujours commencé par la base comme en Tunisie, Libye et Égypte. Chaque fois qu’un peuple a osé, armé de sa seule fois, entrer en conflit avec le pouvoir totalitaire, et se lancer dans une bataille de désobéissance civile qui semblait absurde et sans chance de succès, il y gagnerait toujours. Et nous, le Peuple Khmer ?