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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 03:04

Publication dans le bulletin « Vimean Ekkrach » n° 2, mai 1992. Directeur de publication : Sam Rainsy ; Rédacteur en chef : Pen Vano.

 Le mot de la rédaction : Dans une lettre ouverte aux puissances du monde libre, datée du 14 janvier 1990, Samdech Norodom Sihanouk a fait une analyse extrêmement pertinente du régime actuel de Phnom-Penh. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de cette lettre pour rappeler à nos lecteurs la véritable nature du régime de Chea Sim-Hun Sen, dans la perspective des prochaines élections. Même après la signature des Accords de Paris le 23 octobre dernier, ce document demeure d’une brûlante actualité, car il pose les vrais problèmes du Cambodge.

 Voici le contenu de la lettre :

 Texte manuscrit :

 Vous êtes des États souverains. En tant que tels, votre « politique cambodgienne » ne doit dépendre que de vous. Vous pouvez la modifier ou la changer complètement, à votre gré. Je n’ai pas à m’ingérer dans vos affaires même s’il s’agit d’affaires ayant un rapport direct avec ma Patrie et le sort de mon peuple.

 Texte traitement de texte :

 (…) si le régime de HUN SEN-HENG SAMRIN est maintenu pour longtemps au Cambodge, ce dernier (le Cambodge) deviendra de facto, non seulement un satellite (s’il ne l’est déjà) de la R.S. du Vietnam, mais, chose beaucoup plus grave et même mortelle pour lui (Cambodge), une colonie du Vietnam en ce qui concerne, en particulier, le peuplement et l’exploitation sans limite, le pillage catastrophique des ressources naturelles du pays colonisé. (…)

 Je vous demande de bien vouloir vous pencher sur le problème autrement plus grave pour le Cambodge et pour le peuple cambodgien de la vietnamisation physique et du pillage extensif des ressources naturelles du Cambodge par le gouvernement de Hanoï avec le plein consentement du régime de Hun Sen-Heng Samrin.

À ce sujet, ayez le courage d’interroger les militaires, les diplomates, les fonctionnaires, les intellectuels, les étudiants khmers du régime et qui ont pu déserter ce régime pour se réfugier dans plusieurs pays du monde libre.

 Ces « defectors » vous diront, très clairement, ceci :

 a) le groupe de Hun Sen-Heng Samrin est Khmer-rouge pur sang ; ce groupe est aussi mauvais que celui de Pol Pot ; les 2 factions khmères rouges (celle de Hun Sen et celle de Pol Pot) ne diffèrent que sur la question de leur dépendance : les Polpotiens dépendent de la RP de Chine et les Hunséniens dépendent (…) de la RS du Vietnam.

 b) le régime de Hun Sen (tout comme celui de Lon Nol en 1970-1975) bat tous les records de corruption et les soi-disant « progrès socio-économiques » ne profitent qu’aux familles des dirigeants et aux classes sociales supérieures, mais pas au vrai peuple cambodgien.

 c) le régime de Hun Sen viole constamment et gravement les droits de l’homme.

 d) le régime de Hun Sen n’est absolument pas indépendant. Il obéit au doigt et à l’œil au gouvernement de Hanoï. Dans les ministères, les services, l’administration du régime de Hun Sen, ce sont les « conseillers » vietnamiens qui dirigent en maîtres ces ministères, services, administration. Et c’est Hanoï qui dirige la politique intérieure et extérieure du régime de Hun Sen.

 e) à l’intérieur du Cambodge, il y a plus de 1 million de colons vietnamiens, immigrants illégaux, qui sont venus du Vietnam pour coloniser physiquement les terres des Cambodgiens et exploiter les ressources naturelles du Cambodge (pierres précieuses, forêts, caoutchouc, céréales, fruits, poissons, etc.…).

 À l’heure actuelle, les îles côtières cambodgiennes sont peuplées de pêcheurs vietnamiens ; il en est de même des régions du « Grand Lac » (Tonlé Sap), Mékong, Bassac.

Plusieurs centaines de villages jadis khmer sont, aujourd’hui, peuplés de Vietnamiens et portent des noms vietnamiens. Il en est de même de certains bourgs et petites villes jadis khmers, se trouvant près des frontières du Vietnam. En certains endroits, les frontières du Cambodge sont modifiées au profit du Vietnam.

Au plan culturel, la vietnamisation (surtout au plan linguistique) se poursuit à grande vitesse. Les Cambodgiens (Khmers) qui ne parlent pas bien et n’écrivent pas bien le vietnamien sont outrageusement défavorisés (dans l’obtention des diplômes ou des emplois, dans l’avancement administratif) par rapport aux Khmers parlant et écrivant brillamment le vietnamien.

Ainsi, dans quelques décennies, le Cambodge sera peuplé d’une majorité de Vietnamiens et les Khmers (comme au Kampuchea krom devenu Sud-Vietnam depuis l’arrivée des Français « coloniaux » en Cochinchine, en 1860) deviendront une minorité ethnique dans leur propre Patrie, laquelle verra également se rétrécir son territoire avec des modifications de ses frontières et maritimes au profit du Vietnam.

 Vous voulez « commencer » avec le régime de Hun Sen.

Et c’est ainsi qu’un nombre croissant de vos compagnies (banque, commerce, industrie, exploitation et plantation, etc.) se sont installées ou s’apprêtent à s’installer au Cambodge.

Ceci n’a rien de choquant.

Mais je me permets d’attirer votre attention sur certains (très graves) dangers que le Cambodge (en ce qui concerne son avenir) rencontrerait si vos compagnies se livraient à certaines activités, telles que les coupes extensives des arbres des forêts cambodgiennes (coupe non suivies d’un reboisement obligatoire, extensif et méthodique), l’exploitation intensive des ressources piscicoles dans nos lacs, fleuves et mers, le commerce des objets d’art antiques (d’Angkor, etc.…).

 Le régime de Hun sen permet la destruction des forêts du Cambodge. Cette destruction qui se poursuit à une cadence accélérée a déjà contribué (fortement) au changement du régime des pluies, au déséquilibre croissant entre les éléments positifs et les éléments négatifs de l’écologie au Cambodge, jadis pays exportateur de céréales, poissons, fruits et bétail, aujourd’hui importateur de nourriture et mendiant d’aides humanitaires et « demain » un pays aride et stérile, ne pouvant plus survivre par lui-même. (…)

 Pour 90 % au moins de Cambodgiens et Cambodgiennes à l’intérieur et à l’extérieur du Cambodge, la « légalisation » par vos soins du régime pro-vietnamien de Hun Sen voudra dire que vous sacrifiez cyniquement le Cambodge sur l’autel du colonialisme vietnamien, de la vietnamisation du Cambodge et de l’intégration à long terme (comme cela s’est passé, au 19ème siècle, avec le Kampuchea Krom), l’intégration à long terme, dis-je, du Cambodge actuel dans le Grand Vietnam, ce dont avaient toujours rêvé les Empereurs vietnamiens et, après eux, HO CHI MINH. (…)

 Vous savez que plus de 90 % des Cambodgiens et Cambodgiennes n’admettent pas le communisme au Cambodge ; même pas le communisme « libéra à Hunsénienne ».

 Au moment où en Roumanie on met hors la loi le Parti communiste roumain, au moment où tant d’autres Pays de l’Europe de l’Est se décommunisent vigoureusement (…), vous n’hésitez pas à embrasser le régime communiste, marxiste-léniniste, hochiminhien (…) de Hun Sen , Heng Samrin, Chea Sim.

 Et c’est au nom de Droits de l’Homme et des idéaux du Monde libre que vous allez consolider le communisme Vietnamien dans un Cambodge profondément nationaliste, foncièrement anti-communiste et « viscéralement » neutraliste. (…)

 À cet égard, je peux vous assurer que les patriotes Cambodgiens et Cambodgiennes ne vous en remercieront pas. (…)

 NORODOM SIHANOUK

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