Il y en a beaucoup dans la société khmère d’aujourd’hui. Et nous assistons à la victoire de la communauté sur la société. Peut-être les Khmers sont en train de vivre, sans le savoir la fin de la société khmère dont ils étaient, depuis la nuit des temps, les héritiers successifs ?
En 1991, l’ONU a bâti au Srok Khmer une nouvelle société des ethnies, parce qu’elle a inspiré du livre, intitulé "la guerre non déclarée contre la République Populaire du Kampuchéa", publié en 1985 par le Ministère des Affaires Étrangères de la R.P.K. Une phrase dans ce livre qui révèle la nature de ce régime : « Les Khmers ne constituent que l’une des ethnies du Kampuchéa, bien que largement majoritaire dans le pays. Il est donc exact d’employer le terme "peuple kampuchéen" plutôt que le terme "peuple khmer" ». Dans aucun autre pays au monde, les pouvoirs publics ne s’attribueraient pas le droit de remplacer le nom d’un peuple au nom d’un dessein politique. Depuis 1993, la R.P.K. prend aujourd’hui le nom du Royaume du Cambodge, les mêmes dirigeants n’avaient de cesse de bâtir, à travers le « patriotisme indochinois », une nouvelle société kampuchéenne, composée de plusieurs communautés : Vietnamiens, Chinois, Chams, Montagnards, Khmers, etc.
Quand les Khmers sont en déshérence et leur vie culturelle réduite à la portion congrue, place à la puissance de culture des autres communautés, la société khmère elle-même est menacée de perdre son identité. Le processus d’« ethnicisation » est déjà en phase terminale : Ce serait donner aux allogènes à terme un statut de militants de l’ethnicité qui revendiqueraient légalement le droit d’existence en tant que peuple différent par rapport à la population autochtone. Ce serait une véritable transformation qui touche à la matrice même du Srok Khmer, peuple-nation, non nation khmère. Le droit du sol, expression de la volonté intégratrice, dans un pays comme le Srok Khmer, pousserait la structure de la société vers le communautarisme. Ce droit est mis en application sans passer par un délai d’observation ou une phase d’expérimentation, parce que la monarchie khmère a fait une concession avec le pouvoir en place pour avoir son billet de retour. Que nous sachions, les leaders de l’opposition d’aujourd’hui ont voté la loi de nationalité sans hésitation.
Nous ne sommes pas contre le multiculturalisme, parce qu’il est une richesse pour un pays, mais l’existence de multiculturalisme au Srok Khmer d’aujourd’hui est un pis-aller dangereux pour renforcer la cohésion nationale : les minorités culturelles se donneraient la main afin de bâtir une alliance et de modifier l’identité de la société khmère en société kampuchéenne. Aujourd’hui tout vient d’elles est sacro-saint : elles bénéficient du goût des Khmers pour la prosternation devant les autorités qui sont de leur côté. Les Khmers qui sont éduqués à courber l’échine en face du Pouvoir, de l’État, voire des minorités puissantes. Les patriotes khmers sont à nouveau, rongés par mauvais conscience. Et la perspective d’affronter ce mal est limitée à la participation aux élections non démocratiques. Etrange stratégie.