Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 11:43

Règne de Sdach Kân (1512-1525)

  

La chute

 

Nous mettons de côté les péripéties de Sdach Kân pour remonter dans des siècles précédents. Jadis dans le pays khmer, il y avait un roi puissant. Il s'appelait Preah Bat Arân Pol Pear Sau. Celui-ci offrit la province de Thaung Khmoum à un de ses fils comme apanage et conféra à ce dernier le titre royal Samdech Chao Ponheaār Choun. D'après le récit, la lignée de celui-ci régnait sur son fief pendant huit générations. Après l'extinction des mâles, un des descendants de ār Choun prit possession du domaine et régnait sur la province de Thaung Khmoum. Il s'appelait Preah Ang Kem.

La grande province de Thaung Khmoum était divisée en cinq préfectures : Toul Angkouhn, son gouverneur portait le titre Okhna Rithi Déchau ; Prey Cheuk Kour, son gouverneur portait le titre Okhna Krey Sarséna Chap Choun ; Chumchèr, son gouverneur portait le titre Okhna Montrey Snéhar ; Chhrey Rorha, son gouverneur portait le titre Okhna Chan Ansar ; Thâr Krey, son gouverneur portait le titre Okhna Kiri Puth Bat. Les quatre points cardinaux de la province de Thaung Khmoum étaient défendus par quatre circonscriptions militaires : Porte Roug, son officier de garde portait le titre Okhna Krey Sar Sangkram Roug ; Porte Riel, son officier de garde portait le titre Okhna Krey Yothir Riel ; Porte Laur, son officier de garde portait le titre Krey Anouk Chit Tvir Laur ; Porte Kâth, son officier de garde portait le titre Okhna Reug Rong Tvir Kâth.

Un beau jour, la population de cette province avait vu un spectre du Bouddha qui vola dans le ciel, tomba et disparut. Avant de pénétrer dans la terre, ce spectre se brisa en sept morceaux de couleurs différents.  Ponhea ār Chhoun Kem, gouverneur de Thaung Khmoum, fut informé de ce phénomène rarissime. Il se décida de venir visiter le terrain où le spectre fut tombé. Après quoi, Il mobilisa la population pour creuser cet endroit dans l'espoir de trouver quelque chose exceptionnelle sous la terre. Après creusage plus d'un mètre de profondeur, on trouva quelques os d'humain. Cette découverte faisait croire aux gens qu'ils avaient trouvé la relique du Bouddha, laquelle était envoyée par le ciel. Ponhea ār Chhoun Kem en était content. Il fit construire une pagode et un stupa en pierre de qualité pour déposer cette relique. Pour fêter cet évènement heureux, le gouverneur invita les moines à prononcer les sermons bouddhiques pendant trois mois. Comme il était un érudit de l'histoire du Bouddha, il sollicitait les moines de sermonner sur les cinquante vies du Bouddha. Quelque temps plus tard, le gouverneur avait entendu parler d'un joli tombeau au Dai-Viêt (Vietnam), lequel était bâtit pour symboliser le stupa du Bouddha. Fervent du bouddhisme, il fit construire le même tombeau dans sa province, lequel était plus grand et plus joli que celui de Dai-Viêt.

Note personnelle : Il est fort probable que Ponhea ār Chhoun Kem eût une concubine vietnamienne ou bien il fût métis vietnamien ou chinois pour qu'il s'intéressait au tombeau.

 

Revenons maintenant à l'histoire de Sdach Kân. Nous le savons que l'histoire de toutes les guerres dans le Cambodge ancien, ne parle ni le nombre de morts, ni de crimes. Elle ne récite que la gloire des vainqueurs qui reposent tout entière sur la force, et non sur la sagesse, elle encourage presque toujours les hommes de l'épée dans les combats violents contre leurs adversaires. Que la conquête de la totalité du territoire par la force assure la destruction totale de l'opposition. C'était le but recherché par Sdach Kân et Preah Chanreachea dans leur lutte pour le pouvoir. Dans cette optique, Preah Chanreachea se décida de poursuivre son offensive contre Sdach Kân jusqu'à la forteresse de Sralap Pichey Norkor. Son plan visait à prendre la province de Thaung Khmoum afin de crever ce dernier dans sa demeure. La conquête durait trois mois, mais sans vainqueur, ni vaincu. Cette guerre de position se prolongeait jusqu'à la saison de pluie.

Nous sommes en 1522. La première goutte d'eau tombe sur les champs de rizière abandonnés, parce que les paysans sont mobilisés pour faire la guerre qui dure déjà plus de deux décennies, c'est-à-dire depuis le règne du roi Srey Sokun Bât (1504-1512), le frère de Preah Chanreachea. Cette guerre entraîne la déchirure du pays en deux parties comme dans le temps passé, Chen-La de terre et Chen-La d'eau. Sdach Kân gouverne la partie de l'eau, quant à Preah Chanreachea, il est maître du Chen-Là de terre. On dirait que ce conflit soit une guerre entre l'eau et la terre qui coûte d'innombrables vies des Khmers et plonge le pays dans la misère. Dans chaque village, au crépuscule, on ne voit que des vieillards chenus et diaphanes qui s'asseyent par terre et regardent vers l'horizon qui s'assombrit petit à petit. Là-bas et ailleurs, il y a leurs fils qui sont mobilisés pour faire la guerre. Au village, il n'y a pas non plus des femmes et des enfants, parce qu'elles (ils) suivent leur mari, leur père au champ de bataille. Quand reviendront-ils à la maison ? Cette question rompait le sommeil de Kân. C'était seulement son rêve, mais l'angoisse restait encore après son réveil. Soudain, il entendait le clapotis de l'eau de pluie qui frappe la surface de la terre en soif. Cette retrouvaille régénère la nature et la vie. Ce n'est pas le bruit de la guerre entre l'eau et la terre. C'est plutôt la clameur de l'union entre ces deux créatures de dieu qui sont les maîtres de la vie. Le lendemain, Sdach Kân donna l'ordre d'envoyer une requête à Preah Chanreachea, dans laquelle il lui demande une trêve en conformité avec la tradition. Cette trêve permettait à la population et aux soldats en permission de cultiver du riz pour nourrir leur famille. Ce dernier en accepta sans broncher.

 

Pendant la période de trêve, à chaque jour saint (bouddhique), Samdech Srey Chetha (Sdach Kân) et sa favorite allaient à la pagode de Thaung Khmoum pour faire la prière devant le stupa du Bouddha. Le service d'espionnage du Royaume de l'Ouest en signala à son supérieur, Okhna Yaurmechea Sours. Celui-ci convoqua ses officiers, à l'insu de son roi, pour organiser un attentat contre Srey Chetha. Au cours de ce conciliabule, il disait à ses officiers : "D'après les renseignements, la distance parcourue de son palais à la pagode est à peine vingt kilomètres. Je crois qu'il soit possible de trouver un droit pour mettre une embuscade". Après un instant de silence, un officier lui dit : "Mon général, après les renseignements, Sdach Kân a fait raser tous les arbres des deux côtés de la route pour empêcher ce genre d'embuscade. La visibilité des deux côtés de la route est estimée à plus de huit cents mètres. Il est donc impossible d'organiser une attaque surprise de son cortège. En plus, à chaque déplacement, Sdach Kân est escorté par cinq mille soldats. Mon général, avec tous mes respects que je vous dois, je ne crois pas à la réussite de ce projet".

Quand Sours convoque ses proches, ce n'est pas pour but de leur entendre, mais de les faire entendre de son plan d’attentat contre Kân. Depuis qu’il était chargé par Preah chanreachea de surveiller les activités de Kân pendant la période de trêve, il se nourrissait l’idée de tuer ce dernier. Il avait envoyé ses espions dans le territoire d’ennemis pour enquêter sur les activités quotidiennes de Kân. Après plus d’un mois d’observations, il trouvait la faille de Kân : La route reliée du palais de Kân à la pagode Thaung Khmoum est très fréquentée par la population et animée par des petites activités commerciales. En outre, pendant le jour saint, les citadins aimaient bien venir voir le passage du cortège de leur roi. Ça vaut le coût pour le déplacement, disaient-ils. C’est beau de voir des soldats sont en tenue de parade et des membres de la cour se revêtirent d’ornements d’élégants. Quant aux éléphants, ils sont parés des objets de valeur et des fleurs de toutes les couleurs. Sans parler de la beauté de la première dame du roi dont son corps est embelli de l’or et des pierres précieuses. Pour Sours, cette ambiance de fête facilite la préparation de l'attentat. Ayant entendu l'observation de son officier, Sours lui objecta : "Imbécile, huit cents mètres, c'est parfait. Un espace idéal pour manœuvrer nos unités d'armes à feu". Il s'arrêta quelques instants, le temps pour construire ses idées en un plan de bataille. J'ai beaucoup réfléchi à ce plan, dit-il.  Maintenant j'en ai trouvé un. Après quoi, Sours commençait à en expliquer en détail à ses assistants. Tout le monde se tut devant la velléité de Sours. Il n'est plus question de discuter avec lui sur la faisabilité du projet, mais plutôt de l'organisation ses actions. Dans son plan, Sours comptait sur trois atouts : la vitesse d'exécution, la qualité de ses fusiliers et l'arme à feu.             

Cent fusiliers, triés sur le volet et entraînés pendant deux semaines, furent envoyés pour arquebuser Sdach Kân à Sralap Pichey Norkor. En se déguisant en paysans, en commerçants, en moines errants, en saligauds, en fauchés et en rupins, ils se dirigèrent vers le point de rassemblement prévu dans le territoire d'ennemis. Au jour J, ils étaient ensemble et guettaient le cortège de Sdach Kân à sept kilomètre de la pagode de Thaung Khmoum. Ils se cachaient dans leur trou et attendaient le signal d'assaut de leur capitaine. À 9 h du matin, un escadron de la cavalerie de l'armée de dragons pointa à l'horizon. C'était l'unité de reconnaissance. Tout le monde ne respirait plus pendant son passage. Un quart d'heure plus tard, un corps d'infanterie, qui forme l'avant-garde du cortège, arriva à son tour au niveau de la cachette des membres de commando de Sours. Cette fois-ci, tout le monde fait le mort dans le trou. Une demi-heure après, on voyait Kân et sa favorite sur le dos d'éléphant, lequel était entouré par centaine de pages en uniforme de parade. Chaque page avait une lance à la main. Il y avait aussi des musiciens qui jouaient des classiques de la musique khmère. Vingt cavaliers de chaque côté de la monture royale accompagnaient leur roi en pèlerinage. Plusieurs d'autres éléphants, transportés les membres de la cour, suivaient celui du souverain. Une arrière-garde de plus d'un millier de soldats fermait le cortège. Le chef de commando de Sours observait l'arrivée de Kân avec une appréhension. Il se rendait compte que sa mission soit une mission de suicide. Mais en tant que soldat d'élite et chef des braves, il doit accepter que son devoir soit la mort sur le champ d'honneur. Quand Kân arriva dans son champ de manœuvre, il donna l'ordre d'attaquer les ennemis selon le plan établi. Les fusiliers de l'armée royale se ruèrent vers le cortège comme des tigres prenaient en chasse leur proie. Les bruits de tirs d'arquebuses cassent l'ambiance de fête de Kân et sa favorite. Les dix tireurs d'élites de Saurs, déguisés en soldats de Kân, se faufilent dans le rang des soldats d'ennemis pour se rapprocher de Kân en alerte. Ils tirent enfin sur Kân. Cinq balles effleurent le vêtement de ce dernier, mais Kân est saint et sauf. Kân riposte cette attaque avec son arc en tuant un grand nombre des membres du commando. En cinq minutes d'assaut, plusieurs membres de soldats de Sours avaient pu tuer un grand nombre des membres de l'escorte de Kân. Dans cette bataille, Kân avait pu tirer 25 flèches sur le dos de son éléphant. Vu Kân fut hors atteint par l'arme à feu, le chef de commando sonna la retraite. Parmi les cent soldats envoyés en mission, soixante quinze soldats avaient pu retourner au camp. Cette mission était un fiasco.

Kân était fou furieux. Arrivé au palais, il ordonna à son directeur de cabinet de rédiger une plainte auprès de Preah Chanreechea. C'est la deuxième fois, vous avez envoyé des assassins pour me tuer pendant la période de trêve, écrit-il. Tuer un adversaire par parjure, ce n'est pas répandre un prestige, c'est tuer un homme. Et tuer un homme est un crime, Majesté !. Après avoir lu cette missive, Preah Chanreachea était en état second. Il se dit : "Kân n'est pas tort d'être en colère et de me traiter de lâche". Pour lui, un individu qui meurt par la trahison est une victime innocente. Il ordonna à ses conseillers d'enquêter sur cette affaire. Le nom de Sours était pointé par les agents du roi comme auteur de cet attentat. Que faire ? C'est la question qui oblige Preah Chanreachea à trouver une réponse. Il disait à son conseiller : "Sours a sans doute transgressé la loi militaire qui déshonore mon nom dans son forfait, mais il est un grand général estimé de tous. Ce qu'il avait fait, est sans doute pour ma gloire et pour gagner la guerre. Si je condamne ce brave à mort selon la loi d'airain, tous ses hommes vont me traiter de l'ingrat. Si je n'en fais pas, l'armée tout entière me considérera comme un faible". Son conseiller lui répondit : "Majesté, le général Sours est loyal, il serait donc incoercible. Mais il cache la vérité à Votre Majesté. Dans une situation de guerre comme dans les affaires de l'État, un ami, même le plus fidèle, qui trahit votre confiance est plus dangereux que l'ennemi déclaré. Si Votre Majesté lui corrige par l'arme de parole, il n'y comprendra pas et y vexera. Il partira rejoindre Kân. Dans son cas, il ne faut ni condamner, ni pardonner. Il faut faire éliminer sa personne par les services secrets. La solution est cruelle, mais elle est nécessaire pour maintenir la discipline militaire". Après une nuit de réflexion, Preah Chanreachea donna l'ordre de tuer discrètement Sours, mais son corps sans vie doit être abandonné à un endroit où beaucoup des gens, civils et militaires, y fréquentent. Trois jours après, Preah Chanreachea fut informé la mort de son général par les membres de la famille de la victime. Après l'enterrement de Sours, Preah Chanreachea ordonna aux 75 survivants de la mission d'attentat de Kân de garder la tombe de leur général jusqu'à leur mort. Ainsi on entend parler jusqu'à aujourd'hui "l'esclave de Yaureach (Sours)" au village où Sours fut enterré.

 

Pendant la période de trêve, Preah Channreachea avait démobilisé presque la totalité des effectifs de son armée. Il ne gardait que dix mille hommes pour fixer Kân dans son palais. Quelque temps après, il décidait de retourner à Pousat. Il laissait quatre mille hommes, un prince de haut rang, Yousreachea et trois généraux, Sok, Tep et Keo à Kdol (non du village) pour continuer à surveiller Kân dans sa ville fortifiée. Il désigna Yousreachea général en chef. Yousreachea est le fils du feu roi Srey Sokun Bât (1504-1512). Sa mère est la sœur aînée. 

Revenons à Kân. À la fin de la période de la moisson du riz, celui-ci ordonnait à ses généraux de lever une armée de 15 000 mille hommes. Le but était de chasser Yousreachea de Kdol, avant poste de Preah Chanreachea, et ensuite de reconquérir les territoires perdus pendant la dernière guerre. Son projet fut démasqué par les espions de Yousreachea. Celui-ci convoqua ses lieutenants pour préparer un plan de défense. Il s'inquiétait du nombre insuffisant de ses soldats pour faire aux troupes de Kân. Il demanda conseil à Sok. Ce dernier lui répondit : "Avant sa mort, mon père, Ponhea Moeung, nous avait dit qu'en cas de difficultés majeures devant les ennemis, nous pouvions compter sur lui. Il pourra toujours lever une armée des morts pour venir nous aider. Mais pour le faire, il faut que nous demandions au chamane Chan, parce que selon mon père, il n'y ait que Chan qui puisse communiquer avec lui. Ayant entendu parler du nom de Ponhea Moeung, les anciens officiers présents à cette réunion se souviennent bien de l'armée de fantômes qui ont été venus aider Preah Chanreachea à vaincre les ennemis pendant la bataille de Pursat. En pensant à cela, ils avaient la chair de poule. Ils se sentaient le sang qui coule en grand débit dans leur tête. Quand les fantômes arrivent, la terre tremble, le ciel gronde, les foudres qui frappent les êtres humains comme le fouet divin. Des centaines des soldats d'ennemi qui meurent sans avoir versé une goutte de sang sur le champ de bataille. Beaucoup de corps sans vie restaient toujours debout avec des yeux grands ouverts et les cheveux hérissés. On a l'impression en les regardant qu'ils aient vu quelques choses épouvantables avant de mourir par étouffement. D'après ces anciens officiers, aucun champ de bataille n'avait présenté jusqu'alors un aspect si horrible.

Bien sûr le prince Yousreachea n'est pas encore né, mais il en a toujours entendu parler. Et à chaque fois, il avait aussi la chair de poule. Ayant entendu la proposition de Sok, le prince ordonna à ce dernier de faire le nécessaire afin que cette affaire soit réalisée. Le lendemain matin, une cérémonie chamanique fut organisée par Chan. Quelques heures plus tard, celui-ci était en transe. Son esprit était en contact avec celui de Ponhea Moeurg. Il demanda l’aide à ce dernier pour vaincre les ennemis. La solution fut vite donnée. Il faut fabriquer une grande quantité des soldats en paille. Et à chaque nuit tombée, il faut les déplacer hors de la citadelle et les bruler en face du campement d’ennemis et frapper les tambours de guerre, accompagné par des cris de soldats. Il faut reproduire cette ruse pendant plusieurs jours et jusqu’à l’arrivée de l’armée des morts.

Les instructions de l’esprit de Ponhea Moeung étaient précises. Ayant appris cette nouvelle, Yousreachea donna l’ordre de fabriquer en grande quantité des soldats en paille et d’attendre l’arrivée des ennemis. Quelques jours plus tard, les troupes de Sdach Kân arrivaient à Kdol. Kân ordonna à ses généraux de camper à deux kilomètres de Kdol pour que ses soldats soient à l’abri des tirs de canons de Sok. À la nuit tombée, Yousreachea ordonna à ses généraux d’exécuter les instructions de Ponhea Moeung. Les troupes de Kân répondirent à cette attaque fictive par des tirs d’arme à feu et des flèches pendant plusieurs heures. Le lendemain matin, Kân convoqua les membres de son État-major pour analyser la situation d’hier soir. Pendant la réunion, personne n’était capable de comprendre la ruse d’ennemis. Ils demandaient à Kân d’attendre pour savoir un peu plus de la stratégie de Yousreachea. La nuit suivante, c’était la même attaque et les soldats de Kân y ripostèrent par des tirs d’arme à feu et des flèches. Les généraux de Kân suggéraient encore une fois à leur Roi de rien faire. Ils veulent attendre et voir. Cette situation durait quand même pendant quinze jours. Ils croyaient qu’ils pouvaient attendre encore pour comprendre la tactique, deviner les secrets de ces attaques. Mais, ce qu’ils ne savaient pas, c’est que pendant cette attente, la morale de leurs soldats est affectée par le syndrome de peur de fantôme, parce qu’il y ait la rumeur qui se propage dans leurs rangs que l’esprit de Ponhea Moeung vienne avec ses soldats fantômes pour punir de leur perfidie à Preah Chanreachea. Ce qui devait arriver, arriva. Le seizième jour. Ce jour-là, le temps était très mauvais. Vers 9 h du matin, le ciel était noir, on croyait qu’il fût encore nuit. On n’entendait plus la chanson des oiseaux et l'on ne voyait plus les chiens errants à Kdol. Une taciturnité totale. Tout d'un coup, la terre commença à trembler avec un bruit de tonnerre qui venait de partout.  Yousreachea ordonna immédiatement à ses troupes de lancer les assauts contre les lignes d’ennemis. Quant aux soldats de Kân, ils n’avaient plus de flèches et de balles pour repousser les assaillants et en outre, ils avaient peur d’être tué par les fantômes de Ponhea Moeung. Pour ces raisons, ils abandonnèrent leur poste de combat et fuirent le champ de bataille. Certains officiers supérieurs étaient partis à la province de Raug Damrey pour demander l'aide du roi de Champa. Abandonné par ses troupes, Kân et les membres de son État-major se voyaient contraint de fuir aussi. Ils prenaient la direction du Laos avec la garde prétorienne. Après quelques jours de marche, Kân ordonna à sa garde de bivouaquer dans une grande forêt. Celle-ci laisse son nom jusqu'à aujourd'hui, la forêt Ban ang (Ralentir). Dans cette forêt, il y avait beaucoup des grands arbres de Koki (nom d'un arbre). Kân était attiré par un arbre de Kaki de neuf bras tendus (Pyiem) de circonférence, de trente quatre pyiem de hauteur. Il ordonna à ses soldats de l'abattre pour construire une pirogue de vingt cinq pyiem de longueur et douze pyiem de largeur. Cette pirogue était plus longue de sept pyiem que celle de Preah Chanreachea. Si mon pays était en paix avec celui de Preah Chanreachea, je lui demanderais de faire un pari de course entre nos deux pirogues, plaisanta-t-il avec ses officiers. Je suis certain que je sois le gagnant. Étant en symbiose avec la forêt, Kân comptait de transformer son campement en nouvelle capitale de son royaume. Il ordonna à ses soldats d'aller à la pagode de Thaung Khmoum pour voler la statue du bouddha noir. Quelque temps après, la terre commença à trembler. Kân et ses grands dignitaires se persuadaient qu'ils furent attaqués par les fantômes de Ponhea Moeung. Ils décidèrent d'abandonner en hâte le campement. Kân avec son oncle, Kao et son beau-père, Heng quittèrent les lieux sans avoir le temps d'aller chercher la première dame. Celle-ci partit avec sa mère, un autre ministre, Chakrey Ny et ses gardes au village Svay Kvang et puis, elle prenait la direction de Thaung Khmoum en pensant que Sdach Kân vint lui rejoindre là-bas. Arrivé avec sa suite à Thaung Khmoum, elle se décida de se cacher dans le tombeau vietnamien pour attendre Kân. Quelques jours plus tard, Kân y arriva. Il était content de retrouver sa première dame et les autres membres de sa cour. Ensemble, ils décidèrent de ne pas retourner tout de suite à la citadelle de Sralap Pichey Norkor, parce qu'ils avaient peur d'être encerclé par les fantômes de Ponhea Moeung. Ils erraient d'un endroit à l'autre pour fuir la patrouille de Sok et les fantômes. Quant aux généraux Kao, Chakrey Ny, Vieng et deux cents soldats, décidèrent de partir à Ba Phnom pour chercher les renforts. Ils étaient surpris par la patrouille du général Sok. Celle-ci attaqua immédiatement la troupe de Kao. Et après plusieurs heures de combat, Kao fut capité par le chef de la patrouille. Sa tête fut envoyé au prince Yousreachea.

Revenons au Sdach Kân. Pendant sa fuite, il rencontra un devin. Il lui demanda de prédire son avenir. Ce dernier lui dit qu'il n'aurait aucune chance de gagner son adversaire. En revanche s'il voulait avoir une vie meilleure dans le futur, il fallait qu'il aille demander le pardon à Preah Chanreachea. Quelque temps après de cette rencontre, les parents de la première dame étaient morts de maladie. Après les funérailles, Kân convoqua ses troupes, cinq cents en tout et leur dit : "Je me rendrai à Yousreachea. Il est mon neveu. Il me pardonnera et interviendra auprès de Preah Chanreachea pour qu'il me laisse la vie sauve. Je ferai tout pour que vous auriez aussi cette chance. Avec mes expériences et mes connaissances, je pense que Preah Chanreachea me confia au moins une charge d'un ministre. Bien sûr je vous reprendrai tous dans mon ministère". Après ce discours, tous les soldats se rendaient à l'avis de son roi. Après quoi, Kân donna l'ordre d'enterrer tous les armes de guerre et chercha un moyen pour informer le général Yousreachea, son neveu, de son intention.

Nous sommes en 1525. Au cours d'une promenade avec sa première dame, Sdach Kân était capturé accidentellement par la patrouille du nouveau gouverneur de Thaung Khmoum, le général Kay. Kân et son épouse étaient amenés tout de suite à la préfecture. Kay fut immédiatement informé de ce trophée. Il convoqua ses conseillers et leur dit : "Si je livre Kân et son épouse au prince Yousreachea, je suis sûr que le prince fasse tout pour que Preah Chanreachea pardonne à son oncle. Si Kân survivait, il constituerait un danger pour nous tous pour l'avenir. Kân est homme intelligent et il n'oublierait jamais ses ennemis. Et nous sommes ses ennemis. Un jour, il nous tuera. Je décide donc de livrer Kân à son neveu, mais seulement sa tête". Après quoi, il donna l'ordre de couper la tête de Kân et Neak Monieng Pha Leng et de les envoyer à Yousreachea.

Revenons à Yousreachea. Après avoir brisé l'offensive de Kân à Kdol et compte tenu des effectifs de ses troupes, il décida de ne pas poursuivre la retraite de Kân. Il pensait que ce dernier se retournât à la citadelle de Sralap Pichey Norkor. Il se dépêcha une navette à Pursat pour en informer Preah Chanreachea et demander ses instructions pour réagir à cette provocation. Il ordonna à Sok d'augmenter les patrouilles pour surveiller les mouvements de troupes de Kân dans la province de Thaung Khmoum. Après quoi il attendait les nouveaux ordres de son Roi à Kdol jusqu'au jour où Sok lui avait amené la tête de Kao. Pendant l'audience, Sok disait à son prince : "Nous avons trouvé Kao avec ses troupes sur le chemin de Ba Phnom. Pour moi Kao avait eu une mission pour lever une armée là-bas. Il est mort, la citadelle Sralap Pichey Norkor est donc affaiblie par cette perte. Je vous suggère de l'attaquer pour voir comment Sdach Kân va agir sans Kao". Yousreachea accepta la proposition de son général. Mille hommes furent envoyés à Sralap Pichey Norkor. Arrivé sur lieux, Sok donna l'ordre de bombarder la citadelle avec ses canons pendant trois jours. Il n'y avait aucune réaction d'ennemis. Contrairement à l'habitude de Kân : L'attaque est toujours répondue par la contre-attaque.  Yousreachea, Sok et les autres chefs militaires se concertèrent pour comprendre le pourquoi. Soit prudent, dit Yousreachea. Sdach Kân est malin, il est en train de nous attirer dans ses pièges. La ruse est toujours sa force. Il faut continuer de bombarder encore quelques jours avant de lancer l'assaut, parce que nous ne voyons pas encore clair dans la stratégie d'ennemis". Sok était à cet avis. Le septième jour de bombardement, Yousreachea et Sok furent informés qu'il y avait une colonne de cent soixante bonzes et cinq cents soldats qui sortait de la citadelle avec le drapeau blanc. Yousreachea envoya immédiatement un escadron de cavalerie pour intercepter de cette marche. Une demi-heure après, le chef de la cavalerie était revenu et rapportait à son prince ce qu'il avait entendu que le moine supérieur du Royaume de l'Est demande l'audience au prince Yousreachea. Qu'il vienne, répondit l'Altesse Royal. Après les échanges de règles de politesse, le moine informait Yousreachea que Sdach Kân n'est pas dans la citadelle. Il ne savait où il se trouvait. Trois mois déjà la citadelle est abandonné par les généraux. Après quoi, le moine invita Yousreachea à prendre possession de la citadelle. Au même moment, Yousreachea fut informé que le gouverneur de Thaung Khmoum amenait la tête de Kân et Neak Monieng Pha Leng. Ayant appris cela, le visage de Yousreachea changea de couleur. Tous les assistants présents se rendaient compte que le prince fût troublé par cette nouvelle. Kân était son oncle. Quoique Kân soit l'ennemi de son parti, le prince admire chez son oncle, son courage et son intelligence. Le lendemain matin, Yousreachea et ses troupes pénétrèrent dans la citadelle de Sralap Pichey Norkor. Ils étaient stupéfiés par la beauté de cette cité. Devant la statue magnifique de Bouddha, tous soldats se jetèrent à genoux et remercièrent le Dieu de la paix de les avoir conduits par la victoire dans la capitale de leur ennemi. Ce jour-là le temps est superbe, ce qui rend la visite de la cité de Kân d'autant plus spectaculaire.

Vu ce spectacle, Yousreachea avait les larmes aux yeux. Il pleurait en cachette devant les œuvres de son oncle. Jamais le sentiment d'être seul au monde n'avait été si fortement lui atteint. Il combattait contre Kân en pansant que ce dernier était son oncle au même degré que Preah Chanreachea. À sa vista d'un orphelin de père et mère dès son jeune âge, Yousreachea se posait encore la question : "Qu'est-ce que la guerre ?" Il a la même réponse que Napoléon : "Un métier de barbare où l'art consiste à être plus fort sur un point donné". Mais ce point fort est évalué par la mort d'un adversaire. Et cet ennemi-là est son oncle, le frère unique de sa mère. Il a grandi sans sa mère à son côté, mais on lui raconte souvent que sa mère aime bien son frère et elle puisse donner sa vie pour lui. Quand il pense à cet amour naturel, il se console par une pensée que cette victoire ne lui interdit pas de pleurer de la mort de son rival noble après les batailles meurtrières. Mais cette gloire est nécessaire pour mettre un terme à une guerre civile et pour les combattants des deux côtés qu'il faut reposer et vivre auprès de leur famille. Visiblement, ils en ont assez de cette guerre.   

Partager cet article
Repost0
4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 06:42

Le début, et après ?

 

Impossible de savoir. Un proverbe qui dit : Après la pluie, c'est le beau temps. Ça dépend pour qui et pour faire quoi ? La peur de l'inconnu est humaine, mais le désir de changement est aussi humain. L'inconnu aurait toujours double face : le bien et le mal. Le "Bien", ça dépend pour qui et le "Mal" aussi et l'on voit qu'il y ait souvent le mélange entre les deux. Nous avons entendu parler du "Mal nécessaire pour faire du Bien" : Souffrir d'abord pour respirer le bonheur comme dans l'accouchement d'une femme. Le temps de souffrance est toujours long dans l'esprit de l'Homme, parce qu'elle est dans la nature des êtres vivants. Le temps de bonheur est court, parce que chaque chose à sa fin.

 

Chaque changement de saison, même de l'été à l'automne, l'Homme est toujours content, parce que dans le changement qu'il y ait toujours l'air du bonheur. Les feuilles vertes rancirent et tombent, c'est aussi un spectacle pour l'Homme. La couleur jaune est aussi jolie que le vert. Ça dépend pour qui ?

 

La Tunisie, qui sait prophétiser que demain ce pays soit démocratique ? L'Egypte dans le chambardement, qui sait prédire que demain le peuple égyptien ait la liberté ? Espérons-le ! On parle de la révolution du peuple. Mais, j'ai toujours peur de voir le peuple en machette que des policiers en fusils d'assaut. Mais je suis aussi heureux de voir des gens ordinaires qui défient au risque de leur vie le pouvoir dictatorial. La joie et la peur, le mal et le bien font toujours parties de la vie.

 

Mais dans la vie, quand le mal est insupportable et n'ayant rien à perdre, des gens pourraient faire n'importe quoi. La révolution, le révolte, l'insurrection, la rébellion et tous les autres noms qui s'expriment la colère. Et après ? C'est pour revendiquer la joie de vivre. C'est quoi au juste ? Le bien-être. Et après ? Liberté, démocratie et toutes les sentences de la politique.

 

Prenons la démocratie comme sujet à philosopher. Jacques Attali a écrit (Express – n° 3107, Janvier 2011) sur la démocratie en Tunisie : "Pour qu'une révolution se transforme en une réelle démocratie, elle doit réunir cinq conditions :

 

  1. Une bourgeoisie formée et puissante ;
  2. Une armée laïque (je préfère plutôt le mot "indépendante" du pouvoir) ;
  3. Une jeunesse n'ayant rien à perdre ;
  4. L'absence de leader populiste charismatique ;
  5. Un environnement international favorable.

 

Bien sûr, il y a toujours un début. Et après, c'est toujours l'inconnu, parce qu'il soit difficile de réunir les cinq conditions de M. Attali dans des pays où le mot "nouveau" est ancien comme disait Edgar Quinet (1803-1875), écrivain et historien français :"Ils (les hommes nouveaux) ont ramassé l'arme du passé pour défendre le présent. Ces hommes nouveaux redeviennent subitement à leur insu des hommes anciens". Ça ne marche jamais cette démarche. Les exemples ne manquent pas au Cambodge ou ailleurs.

 

Le début est toujours euphorique. Et après, c'est l'inconnu ? Parce que dans la démocratie, il y ait plusieurs parangons de solution. Et l'on sait que chaque discours a son utopie et si on y prend comme une réalité, la conséquence pourrait être catastrophique pour l'humanité : L'utopie des Khmers Rouges. Le Début est souvent spontané, mais Après doit être préparé. Jamais au hasard pour éviter le pire, parce que celui-ci arrive trop vite. Nous le savons que la révolution soit toujours une pulsion adolescente, mais le gouvernement d'un pays doit être une aspiration savante. Le début et après, les deux doivent être ensemble. 

                

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 07:05

N°21 : Règne de Sdach Kân (1512-1525)

 Le commencement de la fin

 Avertissement : Cette histoire est romancée pour rendre vivant les évènements du passé.

Après sa défaite, Sdach Kân regagnait son quartier général de Srey Santhor (Preak Pou) avec son armée de campagne. Le Général Kao, son oncle, retournait à la capitale Sralap Pichey Nokor. Sa mission est de lever une nouvelle armée en vue de poursuivre la campagne militaire contre Preah Chanreachea. Avant de se séparer de son Auguste neveu, Keo cherchait à réconforter ce dernier de sa présence à Basane : "Srey Santhor est notre source de pouvoir. Majesté, vous êtes né, grandi et devenu roi ici. La population de cette province vous aime bien. En plus la forteresse de Basane est imprenable. Vous êtes donc en sécurité ici. Je pars à Sralap Pichey Nokor pour quelques mois seulement, le temps nécessaire pour trouver des vivres pour nos soldats et de lever une armée pour une nouvelle campagne militaire. Preah Chanreachea n'oserait pas de vous attaquer, parce qu'il n'eût pas le courage de venir à Basane qui est notre fief".

Après la débâcle des troupes de Kân, Preah Chanrachea venait s'installer à Odong. Il était accompagné par ses quatre généraux de renom, Déchau, Monomontrey, Reachmétrey et Sok.

Quelques jours plus tard, Preah Chanreachea fut informé que Kân n'est pas retourné à sa capitale et il se réfugiait à la forteresse de Basane avec 20 000 hommes et un corps de cavalerie de 500 chevaux, mais dans ce refuge, il est privé de l'appui de son oncle, parce que celui-ci est reparti à la capitale avec son armée. Ayant su cette nouvelle, Preah Chanreachea convoqua les membres de son conseil de guerre pour chercher avec eux une réponse à cette situation. Après avoir examiné toutes les solutions et la motivation de Kân évoquées par ses lieutenants, il décida de poursuivre l'offensive contre son adversaire. Il disait à ses généraux dans les termes suivants : "Basane est sans doute le fief de Kân, mais il a été aussi l'ancienne capitale royale de ma dynastie. C'est ma famille qui a fondé cette ville. Je veux donc reprendre cette ville symbolique, juste pour montrer à la population du pays que mon mérite (au sens bouddhique) est supérieur à celui de Kân".

Après quoi, Preah Chanreachea dépêcha donc le général Yousreachea à Prey Veng pour contraindre Kân coupé de ses arrières et demanda à Sok d'élaborer un plan d'attaque de la forteresse de Basane, l'avant-poste de l'armée de dragons. Après avoir présenté son plan de campagne et approuvé par le Roi, Le Général Sok partait à Preak (canal) Liv Ti Bei pour préparer sa campagne militaire. Une semaine plus tard, au petit matin calme avec un souffle de vent rénové qui annonce l'arrivée de la nouvelle saison, Sok, le fils de Neak Ta Kleing Moeung, à la tête de son armée, traversait le Mékong pour mission de capter Kân, mort ou vivant. Aux bords de l'eau, la colonne de marche s'étire à plusieurs kilomètres et remonte vers le nord du pays. L'avant-garde, composée des meilleurs soldats, cuirassés, armés des épées, des Phkā'k (haches), et des unités des armes à feu, se lance en avant comme une allure de lion en chasse de sa proie. Elle est suivi de près par des chars de guerre et des charrettes de transport de vivres et matériels de campagne et des éléphants. L'arrière-garde, composée des archers et des troupes défensives, armées de lances et de boucliers. Sok, juché sur son l'éléphant, porté sur la tête d'un chapeau de général, sa poitrine est recouverte d'une cuirasse, avec un Phkā'k à la dextre, se trouvait au milieu de la colonne de marche. Vingtaine de cavaliers étaient autour de sa monture. Ce sont des agents de transmission et de maintien de la discipline militaire. Chaque cavalier portait sur son dos un petit étendard de longue hampe, décoré des divers motifs d'images qui indiquent le rôle de chacun sur le théâtre de guerre.    

Arrivé à Basane, Sok ordonna à ses troupes d'attaquer la citadelle de la ville pour tester la capacité de défense d’ennemis. Sa surprise est totale. À chaque assaut, ses soldats furent repoussés par des tirs de canons depuis des embrasures de la fortification, des flèches et la charge de la cavalerie des assiégés. Ils n'arrivèrent même pas à approcher des mâchicoulis et contrescarpes, dont la hauteur est plus de cinq mètres. En outre, Sok constata que Kân ne manquât pas de tenter de fréquentes sorties de la nuit pour inquiéter ses troupes. Il sait que l'attaque inopinée, dans la nuit, est toujours favorable à ceux qui le font, et dangereuse et terrible pour ceux qui l'essuient.

Ces résistances inattendues obligeaient Sok à lancer des assauts d'envergure contre la défense d'ennemis pour leur montrer qu'il dominât la situation. Mais les résultats étaient désastreux : Le nombre de morts et des blessés dans son rang augmente de plus en plus. Le pire est que Sok était incapable de déterminer la partie de la citadelle contre laquelle il voulût diriger son attaque principale. Son espoir de pouvoir gagner la bataille s’évapore. Après un mois de combat acharné, Sok se rendait à l’évidence. Il faut qu'il demande des renforts et davantage d'engins de projectile pour casser les remparts de la citadelle. Il a sans aucun doute besoin des effectifs complémentaires pour environner entièrement l'enceinte étendue de la forteresse. Il envoya donc une missive pour informer son roi de ses difficultés rencontrées et de lui demander ce dont qu'il eût besoin. Celui-ci se dépêcha d'expédier un corps de fantassins à Basane, lequel était commandé par le frère de Sok, le Général Moha Tep.

Renons un peu en arrière, au cours d'une contre attaque des assiégés, les troupes de Sok n'avait pas pu empêcher un détachement de cavalerie de Kân de briser le siège. Pendant sa sortie de la citadelle pour soutenir les fantassins, ce détachement avait enfoncé trop en profondeur dans la ligne d'ennemis, à tel point, qu'il ne pût plus revenir en arrière. Le chef de ce détachement, qui était le neveu de Kân, nommé Phat, se rend compte de cette situation un peu trop tard. En revanche, Phat avait bénéficié de la confusion de l'arrière-garde d'ennemis. Personne ne peut imaginer que les ennemis se trouvent là. Quand les soldats de Sok avaient aperçu les cavaliers de l'armée de dragons à cent mètre d'eux, c'était déjà aussi trop tard pour eux d'organiser efficacement le barrage pour les empêcher de sortir de l'encerclement. Phat, un chef expérimenté, avait compris vite de son avantage exceptionnel, mais pour profiter de cette situation, il faut que ses hommes soient déterminés à gagner. Avant d'affronter le choc décisif, Phat avait fait une brève déclaration :

" Soldats, voilà la lutte pour la vie et la mort. La victoire dépend de vous : elle est nécessaire. Elle nous épargne notre vie afin que nous puissions retourner auprès de nos femmes et nos enfants à Sralap Pichey Nokor ".

Après cette déclaration pathétique, Phat avait ordonné à ses cavaliers d'attaquer la ligne d'ennemis pour frayer le chemin de sortie. La charge de la cavalerie était épouvantable pour les jeunes soldats de Sok. Certains d’entre eux n'avaient jamais vu la lutte entre le cheval au galop et l'homme. L’animal dompté pour le combat flaire un ennemi par trace olfactive. Son agressivité s’anime quand il se sent que son maître soit en danger. Il lutte par instinct pour son maître et son soigneur. Après un quart d’heure de combat, Phat gagna la partie. Il brisa le barrage d’ennemis et s’en alla en abandonnant la moitié des corps de ses hommes, morts, blessés ou vivants aux ennemis en colère. Une fois sortie de l’enfer, Phat et ses cavaliers survivants se filèrent à Sralap Pichey Norkor. Ils traversèrent la ligne d’ennemis sans difficulté, parce qu’ils connaissaient tous les chemins de leur territoire. Arrivé à la capitale, Phat, prince de l’Ouest, alla voir son grand-père, le général Kao pour l’informer de la situation militaire à Basane.                   

Ayant appris cette nouvelle, Kao tremblait d’apprendre le danger de son neveu royal. Il convoqua ses généraux au son des tambours de guerre pour qu’ils rassemblassent leurs soldats en repos depuis déjà plusieurs mois. Après quoi, il confia la garde de la capitale au beau-père de Kân, le général Hèng, et à la tête de ses troupes, il marcha sur Basane. Cette marche militaire ressemblait plutôt à un envol de dragon en colère, elle brisa le barrage militaire du général de l'Ouest, Yousreachea, sans faire beaucoup d'effort et arriva en une semaine à Basane. Kao, un roturier, devenu prince de l'épée, fit installer son quartier général en face de Sok. Pour montrer sa puissance aux ennemis, fatigués d’être toujours sur la brèche, il ordonna à ses troupes d'armes à feu et des archers d'attaquer immédiatement les camps d'ennemis. Le son de tambours, les sérénades des armes à feu et les cris des soldats des deux côtés se propageaient jusqu'à la chambre de Kân et réveillèrent ce dernier en pleine sieste. Il sortit de la pièce et chercha à comprendre d'où vient ce tohu-bohu. Son aide de camp lui informa que Samdech Kao était arrivé avec son armée à la porte de la cité. Ces bruits sont des échanges d’armes à feu entre les troupes de Samdech et celles de Sok. Ayant appris cette bonne nouvelle, Kân bondit hors du palais en criant qu'on lui amenait immédiatement son cheval. Après quoi, il sauta sur sa monture et le galopa vers le rempart de la citadelle, suivi par un détachement de garde prétorienne. Arrivé à la porte de l'Ouest, il monta sur la tour de garde pour observer le déroulement de la bataille dans son moucharaby. Quand il voyait les étendards des troupes d’élite de son oncle en mouvement, il était fou de joie. Il donna l’ordre au général de garde de la porte de faire sortir ses troupes d'assaut pour lancer une attaque contre la ligne d’ennemis. La bataille durait quelques heures, après quoi, Kao de son côté donna l’ordre de cesser le combat, quant à Kân sur la tour de garde, il suivait la décision de son oncle.

De retour dans son palais, Kân convoqua les membres de son État-Major pour étudier une nouvelle stratégie qui lui permettra d’en finir au plus tôt l’encerclement d'ennemis. Il disait à ses généraux : « Mon oncle est là, il faut se servir nos avantages numériques pour briser le siège. Il faut que nous soyons prêts à unir nos armes aux siens pour casser la couille de Sok ».

Revenons à Sok. Il fut surpris de l’arrivée de Kao sur le théâtre de guerre. Dans ce siège, il a commis une erreur fatale, non seulement il ne parvenait pas à détruire l’adversaire, en outre, il laissait Kao de venir pointer tranquillement devant sa tente avant même l'arrivée des renforts. Maintenant, il fallait qu’il attende le pire, parce que les ennemis sont deux fois plus nombreux que son armée.

Ce qui devait arriver arriva. Après deux jours de repos, Kao lança des attaques d’envergure. Kân de son côté faisait autant. Les deux voulaient, forts de leur immense supériorité numérique, casser l'avant-garde et l'arrière-garde de Sok. En quelques heures seulement, l’armée de Sok se trouvait au milieu des ennemis. Les assiégeants sont devenus assiégés. Sok voyait le danger, parce que ses parapets furent cassés en confettis et tous ses hypogées de défenses allèrent à vau-l'eau.  Sur le dos son éléphant de commandement, Sok donna l’ordre à ses troupes de battre en retraite par le flanc gauche. Cette retraite était rangée dans le meilleur ordre, soit pour la contre-attaque, soit pour la marche. Mais il laissait davantage d’espace aux troupes de Kân d’avancer pour rejoindre celles de Kao. La jonction entre ces deux troupes ne va pas tarder à se réaliser, c’est seulement une question de temps. Dans cette situation désespérée, Sok se posa la question : Comment ? Il faudrait arrêter le déferlement des soldats de Kân dans sa ligne sans avoir sacrifié d’un grand nombre de vies de ses soldats ? Non, la vie d’abord, la flétrissure ensuite. Ainsi, Sok laissait partir Kân avec le cœur contrarié.   

Parlons un peu du siège de Banteay (fortification) Basane, durant lequel, le Général Sok a commis une erreur. Pendant la période de siège, Sok n'a pas organisé ses attaques pour mettre les assiégés en danger permanent, c'est-à-dire il n'est guère susceptible de repos. Trois corps de troupes auraient dû être monté pour harceler les ennemis toute la journée et tout temps : Commencer l'attaque avec le premier corps, et ordonner au second d'être prêt et en réserve, et au troisième corps de prendre du repos. Le premier attaque le matin et il le fera retirer et relever par le second de l'après-midi et le troisième prendra la relève su second corps pendant la nuit. Par cette succession de troupes fraîches, elles peuvent toutes se reposer, et les attaques se continuer sans intervalles. Cette méthode permet d'user les ennemis. Mais Sok a choisi une stratégie de prudence en croyant qu'il soit en face d'une armée principale ou royale de Sdach Kân, donc aucune chance de gagner la bataille par l’affrontement direct. Il a opté une stratégie d'encerclement pour affamer les ennemis dans leur retranchement et de blocus fluvial pour empêcher des vivandiers d'approcher le port sous contrôle d'ennemi. Il pense que le temps travaille pour lui.

Revenons à Sdach Kân. Il avait réussi sans doute son coup comme par miracle, mais dans sa fuite, il en perdait tout bagage de son armée. Kao sur son cheval observait la réussite de son neveu avec joie. Quand il le voyait sortir complètement de la nasse de Sok, il donnait l’ordre de sonner la retraite de ses troupes. Il galopa son cheval à la rencontre de son roi. Kao, dans un entretien bref avec son roi, il conseilla à ce dernier de poursuivre la retraite avec un corps d’élite de cinq mille hommes. Il avait choisi l’itinéraire pour son roi. La colonne devait passer par Prey Romlaug, une vallée morte couverte de bois avec une distance parcourue à peu près quatre kilomètres et une largeur à peine deux cents mètres. Un passage secret, mais c’est un chemin raccourci pour aller à la capitale de l’Est. Quant à lui, il décida de rester avec sa cavalerie et ses troupes pour ralentir la poursuite d’ennemis.

Au moment où Kao était occupé à dépiauter la situation militaire et à délibérer le plan de retraite de toutes les unités de l’armée, un officier vint annoncer l’arrivée de la cavalerie d’ennemis, laquelle était commandée par un officier de renom dans le rang de l’armée de l’Ouest, nommé Pèn dont Kao entendait parler de lui à plusieurs repris aux champs d’honneur. Ayant appris l’arrivée Pèn, Kao monta sur son cheval, avec rage écumante, et à la tête de son escorte de cent hommes, part à la rencontre de son ennemi. Vu Kao de loin, Pèn lui crie dessus : « Ton armée de Dragon est en fait une bande de lâche…". Pèn n’avait même pas eu le temps de finir sa phrase, soudain son cheval tombait violemment par terre, parce qu'une de ses pattes a été coincée dans un trou. Dans cette chute, le corps de Pèn se jeta à plusieurs mètres de sa monture.  Celui-ci s’efforça de se lever difficilement de cette chute inattendue, mais la lance de Kao ne lui laissait pas la chance de vivre encore longtemps. Touché en pleine poitrine, Pèn n’avait même le temps de sentir le choc, il retomba et mourra sur le coup. Kao avait bien réussi son exploit. Ses soldats ovationnaient de cette victoire inattendue. Quant aux hommes de la victime, ils décidaient d'abandonner la partie contre les ennemis irrités du succès de leur général.

Après cette victoire, Kao retournait à son camp de campagne et ordonnait à toutes les unités de l'armée de retourner à la capitale, bien entendu, une arrière-garde de 10 000 hommes avait pour mission de couvrir cette retraite. Après quoi, il allait rejoindre son neveu à la vallée de Prey Romlaung.

Revenons un peu en arrière pour parler de la bévue du général Kao, d'esclave devenu Premier Ministre et Chef des Armées du Royaume de l'Est. Après la défaite de l'offensive de Sdach Kân contre Preah Chanreachea, au lieu de conseiller de son roi de retourner à la capitale pour décompresser de cette défaite, il demandait au dernier de rester à Basane. À ce moment-là, Kân devenait une proie pour Preah Chanreachea. Celui-ci n'attendait que cette aubaine pour poursuivre son offensive contre son ennemi juré et l’assassin de son frère, parce que Banteay Basane n'est que quelques jours de marche seulement de son quartier général. Dans cette décision, Kao avait mis son Roi en péril et avait aussi divisé ses forces armées en deux corps devant la force d’ennemis. Le premier corps reste à Basane, le second part à la capitale avec lui. Oui, nous le savons que Kân partage aussi la stratégie de son oncle, parce qu'il ait une conviction que Preah Chanreachea dans cette guerre ne se contente que de repousser seulement la pénétration de son armée dans son territoire.  

Revenons maintenant à la vallée de Prey Romlaung. Kao envoyait ses éclaireurs pour observer l'ennemi dans la vallée. Ils revenaient lui rapporter l’information que le passage était vide de vie des humains. À la tête de ses troupes d'élite, Kao s’engagea en avant-garde dans la vallée. Kân le suivit après, et une arrière-garde, composée des meilleurs soldats, fermait la colonne. Celle-ci s'avançait lentement et sans faire de bruit inutile, mais dépourvue de protection des deux flancs, gauche et droite, parce que la largeur de cette vallée ne permet pas d'organiser cette assistance.

Revenons à Moha Tep. Quand celui-ci partait de Phnom-Penh, sur ordre de Preah Chanreachea, pour venir en aide à son frère à Preak Pou, il traversait les fleuves avec ses troupes à Reussei Kaev. Ensuite il prenait la direction de Vihear Sourk pour remonter vers Preak Pou. Pendant ce trajet, il trouvait par hasard la vallée de Prey Romlaung. À ce moment-là, il parlait de ceci et cela à son chef des opérations militaires : Si j’étais Sdach Kân, je passerai par cette vallée pour retourner à ma capitale, parce que c’est le passage idéal pour passer incognito en sortant Beung Veal Samnap.  Après quoi, il ajouta : "Mais c'est aussi un endroit idéal pour mettre en embuscade et je veux que tu en mettes une ici, parce qu’on ne sait jamais, mon ami". Le pressentiment de Moha Tep est comme une sorte de voix d’un mort qui vienne dévoiler l’idée de Kao. Mais, le tort de Tep, c’est de ne pas en prendre au sérieux.     

Reprenons la suite notre histoire. Dans la vallée de Prey Romlaung, les soldats de l'armée de dragon rivaient leurs yeux sur les pentes de collines boisées des deux côtés du chemin. Sous la chaleur de midi, leurs yeux étaient éblouis par les rayons du soleil. Il y avait un silence de mort dans la vallée, on entendait doucement les bruits des pas de soldats et de sabots des chevaux. Soudain, un bruit de craquement des branches d'arbres venant des bois, et ensuite celui des tirs d'enfilade des armes à feu et des flèches. Plusieurs entre eux étaient touchés par ces projectiles. Quelques minutes à peine, une centaine de corps jonchaient déjà au sol coloré de sang. Mais, Kao, placide sur son cheval, ordonna immédiatement à son escorte de tourner bride pour rejoindre son neveu au milieu de la colonne. Dans cette attaque aérienne, Kân était mis immédiatement à l’abri par sa garde rapprochée. Malgré cela, il commença à perdre son sang-froid et se mit à pleurer, juste au moment de l’arrivée de son oncle. Vu la détresse de son neveu, Kao n'hésita plus à morigéner, non pas à son souverain, mais au fils de sa soeur : "Le roi ne pleure pas devant la mort. Reprenez vos esprits. Vous et moi, ensemble, nous pourrons vaincre l'ennemi". Kao ordonna à son arrière-garde de sortir le plus vite possible de la vallée pour libérer le chemin de sortie pour le Roi. Kao ne cherchait pas à affronter des ennemis invisibles pour ne pas perdre le temps de quitter la vallée. Son objectif était d'évacuer d'abord le souverain qui était dans le pétrin. Il savait que les ennemis n'étaient pas nombreux, parce qu'après les tirs, ceux-ci ne lançaient pas d'assaut. Ne voyant pas paraître l'armée ennemie en nombre sur des collines, Kao faisait un constat que les assiégeants aient commis plusieurs erreurs tactiques d'embuscade : Il n'y a pas une attaque principale dirigée contre sa colonne et il y a aussi une absence totale de frappe contre son arrière-garde pour bloquer la sortie. Cette embuscade soit sans doute une opportunité pour l'armée de l'Ouest de capter son roi mort ou vivant, mais son auteur ne lésinait pas sur les moyens, conclut le général Kao. Pour cette raison, l'arrière-garde de l'armée de dragon n'avait pas beaucoup de difficulté de sortir de cette vase piégée par les ennemis. En une demi-heure de lutte, Kân était extirpé du péril, au prix, bien sûr, de centaine de morts et blessés abandonnés dans la vallée. Le général Moha Tep avait eu une bonne intention, mais il n'y croyait pas beaucoup. Pour cette raison, l'embuscade de Prey Romlaung fut montée avec peu de moyens. Tep fut informé que Kân était dans sa nasse pendant une bonne demi-heure à Prey Romlaung, mais le piège n'était pas assez solide pour lui empêcher de s'échapper. Cette nouvelle excite la colère de Moha Tep. Bon sang ! dit-il. J'ai fait une sacrée bêtise ! je mérite sans doute d'être mis à mort par le roi. Ayant entendu ce dépit, tous les officiers firent diligence pour consoler leur général. Tep jurait devant eux qu'il poursuive la fuite dare-dare de Sdach Kân jusqu'à sa tanière. Il disait à l'officier qui fut chargé de cette mission dans les termes suivants :  "tu n'as pas besoin d'armes et de bras, alors que les jambes les plus rapides suffisent contre ce lâche qui depuis toujours cherche à fuir".

Revenons à Kân et Kao. Après la bataille de Prey Romlaung, ils décidaient en chemin de fuite d'aller s'établir à Baphnom. Mais tout le long de leur retraite, son armée était poursuivie et harcelée jours et nuits par les troupes de Moha Tep. Sur cette nouvelle, Preah Chanreachea envoya un messager pour ordonner à Moha Tep d'arrêter de s'emporter dans la poursuite d'ennemis. Le message royal était le suivant : "On ne fait pas la guerre avec la colère. Toute entreprise formée avec la colère est plutôt d'un téméraire que d'un homme sage".

À Baphnom, Kân avait un soutien inconditionnel de la population des provinces de Kandaul Chrom, Cheug Bakdèch, Raug Damrey et Prey Norkor. Huit mois après, il décida de venir s'établir à Thaung Khmoum, parce que Baphnom était tout près des frontières des Annamites, il pense qu'en cas d'attaques de ceux-ci, il n'ait pas le temps suffisant pour organiser la défense.

L'ambiance à Thaung Khmoum était exécrable, parce que les généraux se chamaillaient entre eux sur les sujets de construction de forteresse. Kân donna le nom de son nouveau quartier général, Banteay Sralap Pichey. Cette forteresse avait quatre portes et chacune portait un nom, et était défendue par un général. La porte du Sud, appelée Snang Trõnc où Kân fit construire un centre d'entraînement militaire. Tvir Raug était le nom de la porte de l'Est. À cet endroit, Kân fit construire les abris pour les éléphants de guerre. La porte du Nord, appelée Tvir Trach, était un centre commercial pour la conurbation de Thaung Khmoum. La porte de l'Ouest, appelée Tvir Chak, était les champs de revue militaire. Au centre, une grande pagode fit bâtir pour abriter une grande statue de Bouddha en fer de couleur noir. On l'appelait Preah Kmao (Le Bouddha noir). À la porte du Nord, la première dame, Pha Lèng, fit ériger une pagode, appelée Vat Kor. Kân fit construire une route qui menait à la province de Raug Damrey. Pour Kân ce parcours avait deux fonctions : Une ouverture à la mer pour les besoins militaires et pour ses loisirs. Raug Damrey était un port maritime et une station balnéaire pour Kân et sa famille.

 

La suite dans le prochain numéro.
Partager cet article
Repost0
2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 17:37

Une petite revisite de l'histoire khmère

 

Marc Bloch, historien français qui conseille à ses collègues de savoir dire : "Je ne sais pas, je ne peux pas savoir". Je suis à l'avis de M. Jacques Le Goff, un autre historien français, que cet avis soit un peu pessimiste. Je ne suis pas un historien de métier, parce que j'ai abandonné mes études d'histoire depuis 1975 pour raison de survivre en France. J'ai choisi un autre métier pour nourrir ma famille (La gestion des Ressources Humaines). J'étais Directeur des Ressources Humaines dans une filiale de neuf cent salariés et Président Directeur Général d'un centre de Formation Professionnelle dans un grand groupe français. Pendant 34 ans de métier, en 2008, j'ai décidé de tourner la page pour faire autre chose avant de quitter ce monde. Cette autre chose, c'est de vivre ma vie en toute liberté. Dans cette nouvelle liberté, je gagne le droit qu'on me foute la paix. Mais, le pays commence à me manquer. Je ne savais pas que je puisse vivre sans lui du reste de ma vie. Je suis certain que mon dernier rêve sera pour lui.

 

En revanche, je continue de m'intéresse à l'histoire en tant qu'amateur en lisant régulièrement des livres d'histoire et allant de temps à autre au Collège de France pour assister des cours d'histoire. Pour les intellectuels khmers, les livres de MM Mak Phoeung, Khin Sok (Chroniques royales du Cambodge)et Mme Pou Saveros (Nouvelles inscriptions du Cambodge) sont mes livres de chevet. Je lis et relis jusqu'à aujourd'hui pour avoir le contact avec l'intelligence de mes compatriotes qui ont choisi de consacrer leur vie pour étudier l'histoire khmère. Ils m'ont donné goût sans aucun doute d'écrire un petit peu en histoire après la rupture forcée de mes études dans ce domaine. Bien entendu, je l'ai écrit avec mes verbes et mes mots d'un profane. Voici une petite revisite de l'histoire khmère après avoir lu des vulgates des savants étrangers et khmers.

 

Il était une fois, au bon matin, il y avait un navire à voile venant de nulle part, à bord duquel il y avait des gens qui nous disent qu’ils sont des Kamboja venant de l’Afghanistan, région de Gandhara d’aujourd’hui en passant par l’Inde actuel pour faire du commerce avec les autres Pradesh (pays) débouchés sur la mer. Ces Kamboja appartenaient à une tribu des commerçants armés, dirigé par un chef de tribu, élu au départ, mais au fil des temps, la règle de la succession devenait héréditaire de père en fils. Ils ont conquis nos terres par la force contre notre reine Livyi. Après la victoire, leur chef, nommé Hun Tean, prit la première dame khmère pour épouse et se proclama roi de notre peuple.  Nous appelons tous les membres de notre famille royale « Sdach », quoiqu'ils ne soient pas tous rois, parce que les Kamboja se déclarent qu’ils sont tous Raja. Quelques siècles plus tard, notre pays portait le nom de cette tribu. Il ne faut pas en étonner, parce que dans l'Inde ancien, les souverains indiens portaient souvent la titulature du nom de leur tribu ou de leur peuple. Ainsi le nom du roi des Kamboja et des Khmers devient le nom de notre pays, Kampuchea. Hun Tean n’était pas venu tout seul au pays des Khmers. Il n’est pas certain qu’il fût Brâhmane, mais à bord de son navire, il y avait certainement des hommes de cette caste, parce que les Kamboja étaient hindouistes. Parmi ces conquérants, il y avait aussi des adeptes du Bouddhisme qui apportaient leur foi avec eux. Ces Kamboja auraient été venus au pays khmer pendant la période de règne de la dynastie Gupta en Inde (318 au moins à 542 environ). Ils fondèrent un pays ou une dynastie, appelé Fou Nan, royaume maritime, dans lequel le Brahmanisme et le Bouddhisme étaient en cohabitation, le premier était la religion des hommes de pouvoir et le second était adopté par le peuple. Ce royaume fut annexé plus tard par son satellite du nord, appelé Chen-La. Ces deux royaumes formèrent en un seul État Chen-La. Ce royaume fut divisé plus tard en deux pays, Chen-La Terre et Chen-La Eau. « Chen-La Eau » n’était que l’ancien Fou Nan. Voilà une proie toute désignée pour les razzias des Chvir (Indonésiens). Au cours de cette incursion, un prince khmer fut enlevé, amené et élevé à la cour des Chvir. Il put s’échapper à la surveillance des geôliers, regagna le pays natal. Sa fuite était bien organisée avec l'aide des Brahmanes, des anciens généraux et dignitaires de Fou Nan qui avaient quitté le pays pendant la guerre civile au Cambodge. Arrivé au pays, le prince khmer entreprit une guerre de conquête du pouvoir royal et d'unification du pays, morcelé en plusieurs petits royaumes autonomes, avec succès. Après quoi, il fonda une nouvelle dynastie, laquelle régnait plus tard sur un Empire, appelée Angkor ou Kamboja. En fait ces dénominations n'ont, dans la bouche des historiens et des officiels qui les utilisent, parce que le peuple khmer appelle toujours son pays le Srok Khmer.       

 

On dit que sans les Anglais, l'histoire de l'Empire Gupta en Inde ne soit jamais existée telle que nous la connaissons jusqu'à aujourd'hui. Cette histoire est créée par une méthode occidentale, laquelle doit fonder sur trois sources : les inscriptions anciennes, le trésor des monnaies et les documents écrits. À partir de ces sources, les historiens vont tenter d'établir un ordre chronologique des évènements et un espace géographique où se déroulent ces faits. Une histoire sans l'ancrage chronologique et géographique, selon les savants occidentaux, n'est pas une histoire. Nous savons aussi quand il y a des débats entre les savants sur un tel fait historique, non résolu, le compromis est une solution pour résoudre leur différend. Mais on sait qu’un compromis entre quatre ou cinq savants entre eux ne soit jamais une vérité". Bien entendu, il y avait beaucoup de travail, de recherches approfondies, de fouilles sur les sites historiques, de quêtes des témoignages pour confirmer les postulats, des connaissances des langues anciennes pour lire des inscriptions et les documents anciens, des techniques d'archéologie, d'autres savoirs utiles et beaucoup des moyens financiers pour créer une histoire d'un pays. Un travail de titan des savants dévoués à ces tâches multiples et difficiles. Ils méritent donc du respect et de considération de la part des autochtones. Ainsi étant aussi construit l'histoire du Cambodge par les savants français durant quatre vingt dix ans de protectorat français, appelée l'histoire du Cambodge de l'Ecole Française d'Extrême-Orient dont les noms des savants sont connus par cœur par les hommes de savoir khmer. Ces savants ont idéalisé sans doute les textes anciens sculptés sur les pierres tombales et les autres inscriptions retrouvées par eux. Cette reconstitution de l'histoire du Cambodge permettrait au moins aux écoliers khmers d'éviter de dire à leurs parents que leurs ancêtres étaient des Gaulois. Et nous le savons que les nationalistes l'utilisent pour dresser un tableau d'effervescence intellectuelle du Cambodge angkorien. Quant à la monarchie, elle la servait comme moyen pour redorer son blason. En effet, les nationalistes et les monarchistes parlent le même langage, quand il s'agit d'encenser l'Empire khmer. Ils cherchent à s'imposer de cela comme une vérité d'évidence. Après l'indépendance du pays, cette période de gloire, l'on la trouve rapidement place dans les manuels de l'enseignement secondaire et supérieur. Bien entendu, on raconte aux enfants khmers que leurs ancêtres sont des bâtisseurs du temple d'Angkor. Une volonté de leur part de rechercher du sensationnalisme. Mais jamais on explique aux jeunes en détail la décadence du pays. Si l'Angkor est abandonné, parce que les habitants ne maîtrisaient plus l'eau pour cultiver du riz. Si le pays est envahi, parce que ces envahisseurs sont méchants et aussi c'est la faute du Bouddhisme. Que toutes autres opinions des nouvelles hypothèses n'incitent pas à modifier de cette thèse déjà rédigée par les savants et adoptée par les nationalistes khmers. 

 

Bien sûr, nous n’avons aucune raison de mettre en doute le contenu des travaux des savants. Ils apportent des renseignements précieux pour le peuple khmer, après plusieurs siècles d'aliénation de mémoire. Cette histoire de la gloire de l’Empire d’Angkor est pour lui une fierté nationale. Mais pendant la République Khmère, un certain nombre de constituants parmi lesquels M. Douc Rasy et M. Yem Sambor demandèrent la suppression d’un alinéa dans le préambule du projet de la constitution de la république : "Le peuple khmer est descendant des Khmers Môn » et du terme "angkorien". Le compte rendu de l'A.K.P. du 8 Février 1972 résume l'argumentation des auteurs de l'amendement :

 

"Les auteurs de l'amendement ont estimé, en effet, que ces mots… traduisent notre racisme, source de beaucoup de maux, telle la guerre. M. Douc Rasy et M. Heur Lay ont attiré l'attention de l'Assemblée sur le fait que le peuple khmer est issu de souches beaucoup plus variées que les Khmers Môn. Il y en a qui ont du sang portugais, du sang indien, du sang indonésien, etc.".

 

D'autre part, les épigraphistes français avisaient les lecteurs qui lisent le compte- rendu de leurs travaux que les textes puisés dans les inscriptions trouvées sont un genre littéraire où l’éloge des rois obéit aux lois auxquelles aucune ne déroge. Il faut lire entre les lignes pour savoir quelle est la part de vérité dans ces textes dithyrambiques. Pour moi, il faut éviter de mélanger entre l'histoire de l'art khmer et celle de la politique. La beauté des temples ne s'explique pas le bien-être du peuple. Nous le savons que le système politique de tous les empires est celui de guerriers. Or dans la société khmère de l'époque, tout le monde n'est pas guerrier. La gloire est donc une affaire d'une classe ou d'une caste.

 

Je me pose tout simplement une question : Dans quelle mesure, nous voulons utiliser notre histoire dans le présent, c'est pour tirer des leçons de l'échec de nos ancêtres, ou pour s'approprier à la gloire du passé ? Les erreurs du passé attestées ne se bornent pas à nuire la force du présent, elles aident, dans le présent, à en corriger. Mais l'ignorance dans le passé compromet l'action dans le présent. La gloire et la décadence du passé, pour moi et pour conclure doivent être expliquée en détail et sans tabou par les jeunes historiens khmers, formés par les meilleures universités dans le monde, à partir des nouvelles hypothèses. Une combinaison du travail individuel et du travail par équipe, pas pour juger, mais pour comprendre l'histoire dans la vérité et la morale. Donc le maître mot du maître Marc Bloch dans ce domaine est : Comprendre et non juger. C'est le but de "l'analyse historique" par quoi débute le vrai travail de l'historien après les préalables de l'observation et de la critique historique.

 

Bien sûr, on dit par définition le passé est donné que rien ne modifiera, mais la connaissance du passé est une chose en progrès qui sans cesse se transforme et se perfectionne. Je termine par une phrase de Jacques Le Goff : L'essentiel est de bien voir que les documents, les témoignages "ne parlent que lorsqu'on sait les interroger". Est-ce que les savants de l'histoire khmère ont bien interrogé les documents retrouvés et les témoignages recueillis ?     

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 18:48

Cambodge 2011 : Quels sont les enjeux ?

 

Le taux de croissance prévu en 2011 (PIB en volume et en pourcentage) :  6 % (4 % en 2010). (Laos : 7 % ; Vietnam 6,5 %).

PIB 2009 en millions de dollars US : 10. (Laos : 5,9 ; Vietnam : 91,9).

PIB 2009 par habitant : 675,7 $US. (Laos : 936,5 ; 1052,7).

Nombre de population recensé en 2009 : 14,8 millions d'habitants. (Laos : 6,3 ; Vietnam : 87,3).

Sources : FMI, OCDE, la Banque mondiale, l'ONU.

 

Je ne fais pas commentaire sur ces chiffres, parce que je ne suis pas un économiste. J'espère que les accords de partenariat économique avec la Chine apportent au peuple khmer un peu plus de bonheur et de bien-être pour l'année 2011. De 1991 à 2011, deux décennies sont déjà passées comme une vitesse de foudre. Pendant ces vingt années écoulées, quatre mandats parlementaires, le Cambodge économique, sociale et politique change son allure.

 

En 1993, il redevient une monarchie constitutionnelle. Un régime de démocratie libérale ayant un roi à la tête de l'État, lequel est élu par les grandes personnalités du royaume. Le pays est dirigé par un Premier Ministre. Celui-ci est aussi chef de la majorité parlementaire. Un régime politique classique du genre du Japon et des Royaumes-Unis. Les prochaines élections législatives sont prévues en 2013. Donc, l'année 2011, la bataille électorale n'est pas un enjeu politique, car il reste encore plus de 24 mois avant la fin du mandat de l'Assemblée nationale actuelle. En effet, les opposants du pouvoir actuel, c'est-à-dire une partie de la diaspora khmère et les laissés-pour-compte par le gouvernement royal continuent de critiquer la politique de Hun Sen. Quant aux parties de l'opposition parlementaire, elle fait de son mieux pour être reconnue toujours comme partis de l'opposition par les pays occidentaux et les Etats-Unis d'Amérique. Sous cet angle, nous concluons que la bataille politique à l'intérieur du pays ne soit pas non un enjeu pour l'année 2011. Par ailleurs, nous savons que l'amitié entre le Roi-Père et les hommes du pouvoir d'aujourd'hui est un roc inébranlable. Il me semble que le peuple khmer n'attend plus Preah Bat Thomeuk, le rédempteur, qui descendra du ciel (quand ?) pour lui apporter la prospérité. Il n'y a pas non plus un héro en vue en 2011 pour réchauffer la foule de son nationalisme. Encore une phrase de Stefan Zweig (Conscience et violence) à rappeler au peuple de toutes les nations : "Pour pouvoir être déifié par la foule, il faut avoir été un martyr, et seules les persécutions infligées par un système haï…". Sam Rainsy, leader de l'Opposition, est-il un martyr ? Le régime actuel dont le Roi-Père serait le défenseur intrépide depuis Beijing, sa résidence de retraite médicalisée, est-il un système haï ? Je n'en sais rien. Stefan Zweig écrivait encore : "C'est à l'exil que presque tous les héros populaires de l'histoire doivent la puissance d'attraction qu'ils ont exercée sur leurs contemporains : l'exil de César en gaule, de Napoléon en Egypte, de Garibaldi en Amérique du sud, de Lénine en Sibérie, leur a donné une force qu'ils n'eussent pu espérer s'ils n'avaient jamais quitté leur pays". Espérons que Sam Rainsy et les leaders de la diaspora, opposants du régime, en soient de même.          

 

S'il n'y avait pas les enjeux politiques, je crois qu'il n'y ait pas non plus les enjeux sociaux. Les Khmers continuent de vivre normalement comme en 2010. L'écart entre les pauvres et les riches s'agrandit encore plus pour l'année 2011. Je constate que le nombre de la classe moyenne diminue beaucoup, parce que la crise mondiale passe aussi au Cambodge. Ceci est un défi du gouvernement royal pour stabiliser les effets négatifs de cette crise sur la vie sociale du pays. Trois leviers à tirer donc dans cette situation : Lutter contre la corruption, assurer la justice élémentaire des citoyens et distribuer équitablement les fruits de croissance économique qui est encore à 6 % pour 2011, par rapport à la Thaïlande dont le taux est de 3%. Dans la crise politique thaïlandaise, le Cambodge pourrait devenir un leader dans le domaine touristique en Asie Sud-Est. Un substitut de paradis thaïlandaise dans du tourisme culturel, balnéaire et historique. Et nous le savons que dans ces domaines, les richesses du pays offrent la possibilité d'être le meilleur. Tout dépendant de la volonté du gouvernemental actuel.

 

À 14,8 millions d'habitants, le Cambodge n'est pas encore un pays surpeuplé. Les Khmers nés en 1991 ont 20 ans d'aujourd'hui et ceux qui sont nés après la fin du régime de Pol Pot ont 32 ans. Ils sont jeunes et représentent plus de 60 % de la population du pays. L'avenir du pays dépend d'eux et pour eux. Donc l'année 2011 est l'année pour la jeunesse. Pour les pessimistes, le Cambodge est une comme branche morte. Mais cette branche condamnée depuis déjà longtemps fleurit toujours. Elle continue de donner des belles fleurs de l'espoir. Espérons le que 2011, le Cambodge soit prospère : Roi, Ancien Roi, Gouvernement, l'Opposition et le Peuple. Bonne année à tous que 2011 vous apporte la santé, la longévité et le bonheur. 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 05:33

 

Chine-Vietnam : La Chine a-t-il un différend avec le Vietnam à propos du Cambodge ?

 

Dans l'histoire du Vietnam ancien, connu sous le nom de Dai-Viêt, celui-ci avait tenu compte de la Chine dans leur politique extérieure, parce que les Vietnamiens ont longtemps revendiqué pour leur pays, face aux exigences jamais abandonnées par les Chinois d’imposer leur suzeraineté, un statut de souveraineté égal à celui que s’attribue habituellement l’Empire du Milieu. Nous le savons qu'au XIe siècle, la dynastie des Lý du Vietnam avait fait savoir explicitement de son statut impérial à celle des Song de la Chine. Pour la première fois, l’Empereur chinois, en 1164, dans le cadre de la politique d’apaisements des relations tendues avec le Vietnam, avait accordé la promotion du monarque vietnamien au rang de « quÓc vúòg » (Vassal externe). Cette reconnaissance donnait donc un statut du Vietnam d’un Royaume distinct du système administratif impérial de la Chine. L’acceptation de cette vassalité toute formelle dans les relations diplomatiques avec la Chine va être la ligne de conduite suivie par les souverains vietnamiens, afin d’éviter l’ingérence chinoise dans leurs affaires intérieures.

 

Le Vietnam comme la Chine, se place sa société policée au « centre » par rapport aux populations barbares de la périphérie. Il faisait la différence entre ceux qui habitent à l’intérieur de ses frontières, sous contrôle administratif et militaire plus ou moins permanent, et ceux qui vivent au-delà de ses confins. Par conséquent, il admettait, en dehors du Royaume, il existe des systèmes politiques instables, et dont la turbulence des dirigeants représente un risque pour la sécurité de son espace frontalier. La prétention des souverains vietnamiens à la prééminence culturelle dans leurs relations avec les pays limitrophes ne saurait masquer la crainte qu’ils ont toujours éprouvée envers les pays à l’ouest et au sud, constituant un désordre de territoires souvent agités de troubles. En fait, comme le contrôle de l’intérieur du territoire étatique implique prioritairement l’action à la frontière, ce sont des rapports de forces militaires qui ont fréquemment prévalu. Et, même après que les monarques vietnamiens se sont sentis assez puissants pour s’arroger un rôle spécial dans les affaires de leurs voisins, les zones frontalières demeurent ainsi des zones de tensions et de conflits. Ce concept de sécurité intérieure du Vietnam constituait une doctrine géopolitique des souverains vietnamiens, selon laquelle l’espace vietnamien est contenu à l’intérieur de frontières montagneuses prédéterminées par le Ciel et permanentes. La tâche des souverains vietnamiens doit être donc d’assurer leur défense en vue de légitimer leur autorité. La résignation de défense des frontières du Royaume est considérée comme une renonciation du droit de régner. Il en résulte toutefois de cette doctrine géopolitique s’inscrit dans le cadre de la sécurité des frontières, les souverains vietnamiens avaient besoin d’attaquer les puissances rivales afin de conserver le contrôle de leur propre sphère d’influence, par exemples : la conquête du Champa. En 1471, les Vietnamiens s’emparent le Vijaya, la capitale du Champa, l'invasion des États lao en 1479 et enfin, la marche vers le Sud pour conquérir la Cochinchine (Kampuchea Krom) dans le courant du XVIIIe siècle. À chaque conquête, ils adoptent officiellement le discours moraliste des empereurs chinois en matière de relations extérieures, en opposant le « civilisé » contre le « barbare ». Les invasions des Vietnamiens communistes du Cambodge en 1970 et 1979 ne sont que la poursuite de l’application de la doctrine géopolitique millénaire des souverains vietnamiens par des dirigeants vietnamiens de l’époque. Le Cambodge et le Laos sont aujourd’hui sous l’influence vietnamienne n’est qu’à la traduction, encore une fois, de cette doctrine dans la réalité. Les conditions de domination vietnamienne changent aujourd’hui dans son application par rapport au passé, laquelle ne comporte qu’un élargissement, non une modification de cette doctrine.  La Chine ferme toujours les yeux et peut-être soit heureux des épopées vietnamiennes.

 

Depuis la Chine reconnaît officiellement la souveraineté vietnamienne en 1164, après une longue période de conflit armé, les relations entre ces deux pays se stabilisaient. La Chine avait toujours laissé le Vietnam de poursuivre sa politique de conquête territoriale tant que celui-ci ne lui menaçait pas ses frontières. Elle ne se prononçait pas contre la politique expansionniste vietnamienne.  Bien sûr, de temps à autre, il y avait des escarmouches entre les gardes de frontières de ces deux pays, la dernière s'était produite en 1979, mais celles-ci étaient limitées dans un espace réduit et se terminaient toujours par trouver une solution pacifique entre les frères de culture.

 

Nous le savons que la Chine et le Vietnam partagent la même culture, la même tradition administrative et la même pensée politique depuis millénaire. Ils s’admirent l’un l’autre et se respectent mutuellement. La Chine regarde le Vietnam comme un bon communiste et une nation mature qui sait se défendre contre la Chine impériale, les colonialistes français et les impérialistes américains. Quand au Vietnam, il regarde la Chine avec l'appréhension et le respect. L'appréhension, parce qu'il a des frontières communes avec une puissance économique mondiale et un pays où habitent plus d’un milliard d’habitants. Le respect, parce que la Chine ait toujours un modèle pour la nation vietnamienne et un défenseur inconditionnel du peuple vietnamien dans sa lutte pour l'indépendance nationale contre la domination étrangère. Depuis toujours, la Chine et le Vietnam aient une même cause à défendre : Préserver le Communisme dans un monde où la démocratie gagne de plus en plus le terrain. Je suppose donc que ces deux pays soient toujours ensemble, hier et aujourd’hui, quoiqu'il y ait des différends dans leurs politiques étrangères. L’approchement du Vietnam au côté des États-Unis, par exemple. Mais, si nous suivons un petit peu la politique étrangère de Hanoï depuis la première guerre d’Indochine, nous constatons que le Vietnam du Nord ait toujours cherché un contrepoids dans ses relations avec la Chine, son voisin et frère de culture. Il avait été avec l’URSS pendant sa guerre de libération nationale, non pas pour être ennemi de la Chine, mais pour avoir un soutien plus large dans le monde communiste. Ce choix ne gênait pas du tout de la Chine, au contraire, elle encourageait son frère de culture à fréquenter le plus grand nombre possible des pays antiaméricains, avec lesquelles la Chine pût jouer sa diplomatie, parce qu’elle aide aussi le Vietnam. Mais quand la guerre au Cambodge s’éclata en 1970, après la destitution du Prince Sihanouk, une différence entre ces deux frères de culture surgissait dans leur option d’aide du Prince Sihanouk et ses alliés Khmers Rouges à combattre contre la République khmère. La Chine désirait, une fois que la force armée communiste khmère soit opérationnelle sur les champs de bataille, Hanoï doit laisser une autonomie totale à cette armée khmère de conduire sa propre guerre. Le Vietnam du Nord n’y était pas favorable. Il voulait intégrer cette force nouvelle dans sa stratégie globale sur le théâtre des opérations militaires en Indochine dont Hanoï assure le commandement unique des trois forces armées (Vietnam, Khmer, Lao) en lutte contre les camps des impérialistes américains. Après la signature des accords de paix du Vietnam à Paris en 1973 (27 Janvier), Hanoï céda à la Chine en laissant les Khmers Rouges d’avoir leur propre politique de conquête de pouvoir. Le désaccord entre la Chine et le Vietnam du Nord fut donc réglé. Après la victoire des Khmers rouges en 1975, la Chine était le seul maître à bord du Kampuchea où toute espèce de liberté a cessé d'exister. Le parti communiste khmer sinisé avait non seulement le droit, mais aussi le devoir d'imposer une soumission totale à tous les Khmers, même de tuer sans procès la simple tiédeur. La Chine était donc le prédicateur de Pol Pot pendant les trois années de règne de ce dernier.   

 

Après la victoire du Vietnam du Nord sur celui du Sud, Hanoï se décida de retirer ses troupes du Cambodge. Bien entendu, ce retrait était effectué hors de frontières tracées par Hanoï, non pas celles qui sont reconnues par les instances internationales. D’où étaient nés les conflits territoriaux entre le Vietnam unifié et le Kampuchea démocratique de Pol Pot. Cette crise frontalière aboutit sur une guerre entre ces deux pays, dont le Vietnam était vainqueur et occupait le Cambodge pendant dix ans. La Chine était surpris par l’audace et la victoire rapide des Vietnamiens sur ses protégés. Elle en était tout à fait incapable de faire quoi que ce soit pour protéger le Cambodge affaibli par la politique d'auto génocide. Dans cette guerre, on n'ait l'impression que la Chine laisse à désirer les soldats de Pol Pot face aux blindés vietnamiens. Et nous le savons que sans la communauté internationale qui condamnait l'occupation vietnamienne du Cambodge, il est certain qu'il n'y ait pas eu la résistance khmère à la frontière khméro-thaïlandaise. Sans l'effondrement de l'URSS, il est certain aussi qu'il n'y ait pas eu le retrait des troupes vietnamiennes du Cambodge. Dans cette histoire, les Khmers ont droit de se poser la question : Est-ce que le Cambodge sous l'influence vietnamienne est-il vraiment un obstacle dans les relations fraternelles sino-vietnamiennes ?

 

Observons les attitudes de la Chine vis-à-vis du Cambodge depuis 1955 jusqu'en 1993. Les petits détails qui révèlent la face cachée de la Chine dans ses relations fraternelles avec le Vietnam :

 

Vers les années 50, Chou Eng Lay, alors Premier Ministre de la Chine exhortait le Prince Sihanouk à renoncer les aides économiques et militaires américaines, mais non pas d'en donner une compensation. À l'aune de la Chine, le Prince Sihanouk plaçait l'économie khmère sur la voie socialiste qui amenait le pays quelques années plus tard à la faillite. Ce choix, il s'agissait de transformer un pays comptant d'innombrables atouts en un raide mécanisme de développement sans perspective d'avenir. L'armée khmère était laissé à l'abandon au moment où la Thaïlande et les deux Vietnam Nord et Sud se modernisaient les siennes. La démocratie était jetée à la poubelle pour faire rayonner la dictature. Stefan Zweig écrivait dans son livre, intitulé Conscience contre violence :

"Il faut toujours un certain temps avant qu'un peuple remarque que les avantages momentanés d'une dictature, que sa discipline plus stricte et sa vigueur renforcée sont payés par le sacrifice des droits de l'individu et que, inévitablement, chaque nouvelle loi coûte une vieille liberté".

À partir de 1968, le Cambodge était paralysé. L'économie était en crise profonde et le pays était occupé par des forces communistes vietnamiennes de 65 000 hommes. Que faire ? Avec le Prince Sihanouk, on n'a pas le choix : il faut ou le combattre ou se soumettre entièrement à lui. Les hommes du 18 mars ont fait leur choix de le combattre. D'où la naissance des évènements 18 Mars 1970.

 

À partir du 18 Mars 1970, la Chine exhortait à nouveau le Prince Sihanouk à se venger avec l'aide des Viêt-Cong, sobriquet des soldats du Vietnam du Nord. Beijing autorisait le Prince Sihanouk à rester en Chine pour présider un gouvernement d'union nationale en exil.

 

Après l'invasion des troupes vietnamiennes du Cambodge en 1979, Beijing soutenait la résistance khmère contre la force d'occupation, mais les dirigeants chinois n'auraient pas souhaité que le Prince Sihanouk résidât en Chine pour ne pas compromettre leurs relations fraternelles avec leurs homologues vietnamiens. Le Prince Sihanouk, Chef de la résistance des forces royalistes devait partir habiter en Corée du Nord durant la période de guerre, dite de libération nationale.

 

À partir de 1993, quand l'amitié entre le Prince Sihanouk et les dirigeants vietnamiens est renouée, le Prince est autorisé, à nouveau par l'autorité chinoise, à habiter en Chine comme un retraité après presque un demi-siècle que celui-ci avait rendu des services à la Chine. En fait, depuis toujours, le Cambodge n'est jamais un problème dans des relations fraternelles entre la Chine et le Vietnam, frères de culture et d'idéologie.

Le rêve du peuple khmer d'être aidé par les Chinois ne soit qu'une illusion. Pour la Chine, le Vietnam est toujours son frère de culture. 

 

Partager cet article
Repost0
18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 06:04

Chine- Cambodge : L'Idéologie et la Realpolitik

 

Dans la mondialisation, sauf la Corée du Nord, un régime nerveux et imprévisible, la Chine Populaire change son allure et son langage, quand il s'agit des intérêts économiques du pays. Mais la Chine fait comprendre à tous ses partenaires économiques, grands ou petits, qu'il est toujours un État communiste pur et dur et son ennemi de classe est toujours celle du capitalisme. Marx, Engel et Lénine sont toujours honorés par le Parti Communiste Chinois (PCC), comme dogme, mais dans la pratique, celui-ci doit être adapté au contexte du moment.

 

Trois politiques menées par le PCC, lesquelles sont différentes, mais cohérentes dans le cadre de la mondialisation : Politique intérieure, fondée sur une idéologie communiste ; Politique extérieure, fondée sur le pragmatisme et Politique économique, fondée sur la realpolitik.

 

Je n'ai pas besoin d'entrer dans le détail de la politique intérieure de la Chine, parce que nous connaissions tous par cœur les fondamentaux de l'idéologie communiste, vrai matamore qui incite la lutte des classes et la révolution. Je n'ai pas besoin non plus de l'éplucher, car son bilan est catastrophique pour l'humanité. Cela est sans doute en contradiction avec Marx. Celui-ci se contredit aussi lui-même : "Aucune révolution ne vaut la vie d'un homme, puisque sa finalité est de le libérer". J'essaie donc de répondre aux questions suivantes : Quel est le fond idéologique du Communisme, La dictature. Quel est le culte idéologique d'un Communiste ? Le pouvoir, Quel est son dieu idéologique ? Joseph Staline (1922-1953).

 

En matière de la politique extérieure de la Chine, nous le savions qu'elle soutienne tous les régimes totalitaires dans le monde : La Corée du Nord, le Cuba, la Birmanie, de certains pays africains etc. et les autres pays, dont l'obsession antiaméricaine s'est affichée. Elle dénonce l'impérialisme de l'oncle Sam, mais elle n'avait pas hésité à envoyer ses soldats pour occuper le Tibet. Cela, n'empêche pas qu'elle participe aux forums internationaux où l'on discute les droits de l'Homme, la liberté de culte, et toutes les affaires touchant au progrès de l'humanité, par exemple, la santé publique, l'environnement etc.

 

Quand il s'agit des affaires économiques, la Chine est amie de tout le monde, y compris le Taiwan, son opposant territorial, les Etats-Unis, son opposant idéologique, la Russie et l'Inde, ses opposants frontaliers. La Chine est une banquière mondiale. Elle prête même son argent disponible aux hommes d'affaires américains. Elle investit dans le vin français et les industries de loisirs comme le Club Méditerranée dont le fils du Président Giscard d'Estaing est le PDG. La Chine est partout dans le monde. En Afrique, son aide économique et ses investissements en capitaux comme partenaires avec les agents économiques locaux sont en vitesse de TGV, mais ce n'est pas celui de la SNCF, mais celui de la marque chinoise. En Asie, on ne voit que les enseignes chinois partout dans les grandes villes. Elle est reconnue aujourd'hui comme une des grandes puissances économiques du monde. 

 

La Chine est membre du Conseil de Sécurité de l'ONU, avec ce statut, elle peut mettre son veto à toutes les décisions concernant les grandes affaires de la planète. Avec son pouvoir économique et son pouvoir politique international, elle joue parfois un rôle de fauteur de troubles dans les pays où la démocratie n'est pas une priorité, de gardien de l'idéologie communiste, après l'effondrement de l'URSS et d'usurier dans l'économie mondiale. Partout où elle amène ses capitaux pour investir, il est certain qu'elle se comporte d'abord comme une nation commerçante, ensuite comme une puissance mondiale et enfin comme anti-capitaux des pays occidentaux. La Chine n'amène jamais la démocratie en Afrique et en Birmanie. Je ne crois pas qu'elle jouera un rôle de contrepoids servant à contrebalancer le poids vietnamien au Cambodge. La Chine commerçante est déjà au Cambodge depuis 1993, mais sa présence mercantile n'aide pas ce pays à faire avancer sa démocratique et empêcher le Vietnam d'être un lion qui fait trembler les Khmers et qui empiète leurs terres. La Chine comme partenaire commercial du Cambodge n'est pas non plus négatif pour l'économie khmère, mais il ne faut pas attendre d'elle de rien plus, ni rêver qu'elle fasse baisser la température du pouvoir actuel. Bien sûr, la statue d'airain de la Chine nous fait toujours rêver d'être son ami depuis la conférence de Bandung en Indonésie (18 au 24 avril 1955). M. Chou Eng Lay, alors Premier Ministre de la Chine Populaire, avait fait une promesse au Prince Sihanouk que son pays aide le Cambodge à se développer, à se protéger contre toutes formes d’agression venant de ses pays voisins et des pays impérialistes, petits ou grands. Je constate que cette promesse ne soit qu'une simple conversation de courtoisie entre le grand éléphant chinois et le petit chevreuil khmer, parce que le lion vietnamien continue de régner sur le territoire khmer. Aide toi, le ciel t'aidera, c'est mon dernier mot d'un pessimiste éternel quand j'entends que mes compatriotes continuent de voir la Chine comme un messie. Pour moi, la Chine faisait depuis toujours plus de mal que du bien au peuple khmer.   

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 07:13

Le Bouddhisme est-il responsable ?

 

Depuis toujours notre conducteur des âmes est le Bouddha (563-483 avant J.C. selon la tradition Theravada), "dieu des pauvres" pour les déshérités, "dieu des riches" pour les nantis. Il est au milieu du champ de la vie des fidèles, riches ou pauvres. Le Bouddha n'ait donc pas d'ennemis, tous les êtres vivants sont ses amis, à une seule exception, la vie, parce qu'elle est la source de souffrance. C'est le courant de la vie qui entraîne les humains dans l'océan de la souffrance. Tous les humains puissent trouver une voie de secours, s'ils étaient poussés par ce courant, cette voie est la doctrine du Bouddha (Dharma), chemin qui mène au Nirvana : Pour supprimer la souffrance, il faut renoncer au désir, à la cupidité, à la vie matérielle des humains. Pendant la période des Khmers Rouges, beaucoup des fidèles abjuraient le Bouddhisme. Ils ne trouvaient plus la voie de secours dans leur foi. Pour eux, supprimer la souffrance avec les Khmers rouges par voie de renoncement de la faim n'est pas suffi, il fallait renoncer carrément à la vie. Mais, ces bêtes rouges empêchaient les humains de mourir dans la douceur. La mort par inanition et la violence étaient un objectif fixé par l'Angkar (le Comité Central du Parti Communiste Khmer). Celui-ci voulait que les survivants s'en souviennent pour raconter cette souffrance à leurs enfants et petits-enfants. Le déluge du sang était provoqué par le Communisme, "religion des Khmers Rouges" dans le Cambodge où le Bouddhisme, "religion du peuple", est millénaire. Le Communisme empiétait sur la terre des croyants de toutes les régions, pas seulement au Cambodge. Pendant soixante-dix ans, en Russie, il imposait aux Chrétiens orthodoxes à s'agenouiller devant les portraits de Karl Marx, Lénine et Staline. Après la Seconde guerre mondiale, c'étaient les pays de l'Europe de l'Est, qui supprimaient la liberté de culte à leur peuple. À partir de 1949, la Chine tombait dans le joug du communisme qui privait la liberté des millions de Chinois d'honorer leurs dieux. La Corée du Nord, le Vietnam du Nord, le Cuba, Cambodge, Laos et autres pays dans le continent africain suivaient la voie du communisme au nom du progrès de l'égalité des hommes. Nous le savons que le bilan de cette utopie était catastrophique pour l'humanité. Je ne répète que le nombre des victimes du communisme au Cambodge : Le chiffre est estimé à peu près deux millions de morts et disparus sur une population de sept millions d'habitants (Nombre de population en 1975).

 

Au Cambodge, depuis la nuit des temps, beaucoup des gens, dans la tribulation de Preah Bat Tommeuk (Messie), aient l'habitude d'accuser le Bouddhisme d'être le responsable de la décadence du pays. Ils disaient depuis que les rois khmers adoptent cette croyance comme religion d'État, la puissance khmère perdait son ardeur. L'Empire s'effondrait donc au profit du Siam. En trois siècles seulement (XIIIe au XVe siècle), toutes les parties de l'Ouest et du Nord de l'Empire, étaient occupées par les Siamois. Ceux-ci ont bénéficié leurs coreligionnaires khmers pendant le Siam était sous la domination de l'Empire d'Angkor. Alors, pourquoi, étaient-ils plus forts que nous ? L'engagement spirituel individuel des Siamois, des Khmers dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha était-il différent ? Les cinq devoirs du moine, dans le bouddhisme : Premièrement, étudier, pratiquer, méditer le Dharma ; deuxièmement, être un exemple pour les laïcs ; troisièmement, prêcher, et enseigner ; quatrièmement, protéger des influences psychiques malsaines ; et cinquièmement, donner conseil sur les affaires du monde, n’étaient-ils pas les mêmes dans ces deux pays ? La récitation des Refuges et des Préceptes était-elle divergente ? Non, la différence entre les Siamois et les Khmers ne soit pas dans le Bouddhisme, elle soit dans la Politique. Depuis toujours, nous voyons à travers le prisme de l’histoire bariolée de guerres dans notre pays, laquelle est encore magnifiquement racontée par nos dirigeants défaillants de stratégie que le Siam et le Vietnam soient les Nations envahissantes. Je me pose donc la question : Si nous en savions, pourquoi nous les laissions envahir si facilement notre patrie ? Tous les rois siamois et annamites étaient les fervents du Bouddhisme, mais aussi, il faut nos historiens osent le dire, malgré leurs esprits impérialistes, dont nous sommes les victimes, ils étaient les bons stratèges endurants pour leur pays et leur peuple. La guerre de conquête, partout dans le monde ancien, était une politique internationale des rois ou des empereurs. Nos rois en avaient fait et étaient parvenus à bâtir un empire dont nous ne cessions pas de rêver jusqu'à aujourd'hui. Mais chaque empire avait toujours sa fin, faute des moyens politiques, économiques et militaires pour l'entretenir. L'Empire Khmer n'échappait pas non plus à cette loi. Les guerres de conquêtes, les intrigues des dirigeants et les constructions des temples magnifiques pour dieux, durant plusieurs siècles, s'épuisaient l'Empire Khmer. Celui-ci s'effondrait comme château de sable et s'effaçait de la mémoire du peuple khmer pendant quatre siècles, durant lesquels, il ne restait que pour les Khmers, dispersés dans les anciens territoires de l'Empire, le Bouddhisme et la tradition comme foi et force qui cimentaient les liens entre eux et qui donnaient un sentiment d'appartenir à une communauté.

           

Le Communisme, dit Feuerbach, communiste allemand, cherche à réunir l’humanité souffrante, qui pense, et l’humanité pensante, qui est opprimée, autrement dit, les manuels et les intellectuels pour former une force révolutionnaire contre celle du capitalisme et la religion, accusée par Marx de l’opium du peuple. Celui-ci écrivait en 1842, que « le Communisme est un mouvement dont les origines remontent à Platon (427-346 avant J.C.), aux sectes juives, et aux premiers monastères chrétiens et qu’il est en marche en Franche, en Grande-Bretagne et en Allemagne ». (extrait du livre de Jaques Attali – Karl Marx ou l'esprit du monde).   

 

Le 27 Avril 1970, cette marche arrivait au Cambodge et déclencha la guerre violente pendant cinq ans. Pour les Communistes, cette guerre est une révolution de classe libératrice par excellence en opposition à la classe d'oppression par excellence. Pour les Républicains, ce conflit est une riposte à l'invasion d'une force communiste qui amène des brouillards de l'utopie pour dissimuler la voie du Bouddhisme. Deux idéologies qui se trouvaient face à face, l'une est philosophie, qui exprime "la détresse réelle des sociétés bâties sur la souffrance des êtres humains, elle est aussi le chemin de secours de cette détresse, l'autre est communisme, qui exprime la souffrance d'une classe des sociétés bâties sur l'injustice, elle est aussi la protestation à l'égard de cette injustice, appelée la "conscience de classe". Mais dans cette face à face, le Bouddhisme ne prêchait pas la guerre de religion contre l'invasion étrangère et la révolution communiste. Mais il ne condamne pas non plus ses fidèles de mener une guerre de défense nationale et de protection de la foi. La défaite du 17 Avril 1975, était donc imputée aux combattants républicains, mais pas à leur foi en Bouddhisme.  Quel est la défaillance dans cette défaite ? L'Homme. L'Homme est la finalité de l'action humaine.         

 

Ceci nous montre que le Bouddhisme, n’est ni responsable de la décadence, ni coupable de la victoire du Communisme au Cambodge. En tant que religion, il n’est qu’une voie de salut des âmes qui laisse librement les humains de choisir individuellement leur chemin spirituel. L’Homme est le maître de son destin, comme dit Fontaine : Aide toi, le ciel t'aidera.

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 10:30

Un pays sans héros national

 

Un jour, mon fils m’a posé une question : Papa, qui était le héros du peuple khmer ? Franchement, je ne savais pas quoi lui répondre. Mais, soudain, un nom qui vient à mon esprit, lequel est connu par des Khmers de toutes les couches sociales, ce nom est « A Chhey ». C'est un personnage célèbre dans le conte khmer, lequel est souvent raconté par les grands-pères aux petits enfants pendant les vacances scolaires.

 

L’histoire est résumée ceci : « A Chhey  trouve toujours des solutions, ou des réponses à tous les problèmes posés et ose même affronter directement à l’autorité, supérieure, royale et impériale (empereur de Chine). Même dans des situations difficiles, il trouve toujours des astuces pour s’en sortir. Les riches et les dignitaires du Royaume le prennent comme un débile, mais le petit peuple le considère comme un être intelligent. Il vient souvent lui demander conseil à chaque fois qu’il fait face à l’injustice du seigneur du village ».

    

Après quelque instant d’hésitation, la honte m’était saisi, je me dis, je ne vais pas quand même lui répondre que le héros du peuple khmer est le personnage d’un conte à dormir debout. Mon fils s’était aperçu de mon inquiétude de lui donner une réponse spontanée, il a essayé de m’aider en citant quelques noms connus par les hommes instruits : Jayavarman II, Jayavarman VII, Ta Trasak Piem (le roi concombre succulent), Ponhea Yat, Neak Ta Klaing Meung, Sdach Kân, Song Gnoc Thanh, Norodom Sihanouk, Lon Nol, n’est-ce pas ? Je me dis : « Bon sens, depuis quand, il est l’adepte de l’histoire khmère ».

 

À ce moment précis, mon esprit était envahi par une angoisse. Je me dis, si je répondais à mon fils que mes préférés étaient Son Gnoc Thanh et Lon Nol, il est certain que les Sihanoukistes me désignent de traître à la nation et les intellectuels me cataloguent de pourriture. Si j’entendais dire que Sihanouk est le préféré des Khmers, je me dis que dans cette affirmation, il y ait un déficit d’intelligence. Si nous prenions des Jayavrman comme repère, cela provoque un débat sans fin sur l’utilité de la construction des temples de dieux. Si quelqu’un suggérait le nom du roi concombre succulent, Neak Ta Klaing Meung, Ponhea Yat et Sdach Kân, les historiens français le disent sans ambages, c’est une légende. Avec toutes ces contradictions, je me dis, comment faire pour qu’un nom cité soit un nom d’un héros national ? Les secondes se passaient dans le silence, je ne savais toujours pas quoi répondre la question à mon fils. Que c’est dur pour moi, un Khmer, qui se trouve au milieu de nulle part dans l’histoire de son propre pays qui ne fournit aucun nom d’un héros national. Je suis certain, que Chaque Khmer soit seul devant l’histoire de son pays, parce que celle-ci ne soit jamais enseignée. L’enseignement de l’histoire au Cambodge de tous les régimes politiques est toujours un instrument de propagande de pouvoir. Chaque régime à son héros et une date à commémorer. Si mon fils était royaliste, je pense qu’il prenne le Prince Sihanouk comme son héros. 

 

Les enfants Khmers apprennent les leçons d’histoire de leur pays comme une récitation. Les adultes instruits lisent les livres d’histoire khmère en français ou en anglais sans réaction. Les chercheurs khmers de haut vol passent leur temps à traduire des textes khmers en langue de leur directeur de thèse pour obtenir le grade de docteur en histoire. Les plus malins font de compilation des morceaux de textes ou de livres rares pour faire un manuel d’histoire. Moi-même, depuis plusieurs années, je fais comme tous les autres. Alors quel est le mal ? Le mal est que l’histoire de notre pays connue jusqu’à aujourd’hui est une histoire sans mémoire. Dans une histoire sans mémoire, comment pourrais-je obtenir une réponse à la question de mon fils ? Je laisse donc ma réponse en suspens. Je pense qu’un jour, nous, Khmers, trouverons ensemble une réponse à cette interrogation. Sinon, dans quelques années, le héros national khmer sera le Président Ho Chi Minh ou Mao Tse-Tung.   

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 19:01

N° 20 Histoire des Rois khmers : Règne de Sdach Kan (1512-1525).

 

Après une longue campagne militaire contre Sdach Kan, Preah Chanreachéa décide de retourner à Pursat, sa capitale royale pour se reposer. Quelque temps après, il ordonne à son ministre de la guerre d’organiser des concours de recrutement des officiers des armées : Infanterie, marine et force fluviale, cavalerie et corps des éléphants. Les gagnants de ces concours seront incorporés dans le corps des officiers :

 

- Les vainqueurs de tir d’arme à feu, d’arc, d’arbalète, combat sur le dos d’éléphant seront proclamés champion des concours et seront affectés dans le corps des officiers avec grade de 5 Houpân (Capitaine) et des avantages en nature y afférent à leur rang : Pièces d’or, d’argent, maison et champs de riz.

- Les vainqueurs de combat à cheval seront proclamés 1er vice-champion et seront affectés dans le corps des officiers avec grade de 4 Houpân (Lieutenant) et des avantages en nature y afférent à leur rang.

Les vainqueurs de combat à terre seront proclamés 2e vice-champion et seront affectés dans le corps des officiers avec grade de 3 Houpân (Sous-lieutenant) et des avantages en nature y afférent à leur rang.

- Les participants aux demi-finales seront nommés sous-officier.

 

Quant au Royaume de l'Est, pour combler des pertes de ses officiers tués pendant la guerre et départs à retraite, Sdach Kan organise dans sa cité royale les mêmes concours de recrutement des nouveaux officiers.

 

Parlons du Général Keo, Commandant en Chef de l'armée de terre du Royaume de l'Ouest. Un jour, il convoque son chef d'état-major et lui dit : "Pendant la dernière guerre, Sdach Kan a envoyé un commando pour assassiner en vain notre souverain. Aujourd'hui, le cessez-le-feu est vigueur entre notre armée et celle de Kan. J'envisage de tuer Kan. Je pense qu'il faille profiter de cette occasion pour le faire, parce que Kan vit aujourd'hui dans l'imprévoyance en croyant qu'il est protégé par cette trêve. « Que penses-tu de cela ?". Le chef d'état-major se rend immédiatement à l'idée de son chef en disant : "D’après les renseignements, des concours de recrutement des officiers seront organisés dans le territoire de l’Est. À cette occasion, Sdach Kan se montra en public pour assister aux épreuves de concours. Je pense qu'il soit une bonne occasion de le tuer par nos tireurs d'élite, postés dans la foule". Ayant entendu cette suggestion, le Général Keo en est très content. Il ordonne immédiatement à son second d'organiser cet assassinat.                    

 

Quatre tireurs d'élite sont envoyés dans le territoire d'ennemis pour supprimer Kan selon le plan conçu. Ces volontaires sont : Pragn, natif de la province de Trang ; Kdaig, natif de la province de Kampot ; To, natif de la province de Bantey Meas ; Chay, natif de la province de Samrong Taug.      

 

Ces quatre soldats quittent Pursat pour Sralap Pichay Nokor, la capitale de l'Est. À Kompong Loung, ils montent à bord d'une pirogue de location pour poursuivre leur chemin comme des simples voyageurs. Ils arrivent à la cité de Kan deux jours avant la date des concours. Pendant ce temps disponible, ils visitent la ville truffée des commerçants dans leurs boutiques cossues, des paysans qui sont venus vendre leurs marchandises dans des marchés découverts, des voyageurs qui se promènent dans des petites rues couvertes des pierres et beaucoup de candidats aux concours qui baladent dans la ville avec leurs armes. Mais le plus important à faire pour les quatre tireurs isolés, c'est d'aller inspecter le terrain où se déroulent les épreuves de concours pour repérer un bon endroit à côté de la tribune du Sdach Kan afin de pouvoir se cacher dans la foule pour tirer sur ce dernier.

Le jour de concours est arrivé. Le début des concours est fixé 14h. Mais le terrain, transformé en stade, est déjà rempli des spectateurs depuis le matin. Il y a l'ambiance de fête. Les gens prennent leur repas de midi sur place, accompagné de son de musique et de belles chansons, joué par l'orchestre royal et chantées par des artistes célèbres de la capitale. Comme prévu dans le plan, les quatre de l'Ouest se glissent dans la foule, se postent à une bonne distance de la tribune officielle et attendent l'arrivée de leur victime.            

 

Vers 13h, on voit arriver sur les lieux des personnalités du royaume de tous les rangs. Vers 13h30, Sdach Kan arrive en grande pompe, accompagné de grands dignitaires et des femmes de sa cour. Les cavaliers de la cavalerie royale crient cinq fois "vive le roi" pour saluer leur souverain populaire. Les tambours exhalent un son de gloire pour avertir aux divins et aux spectateurs l'arrivée de l'Auguste Royal. Après quoi, la voix populaire "vive le roi" s'élève de plus en plus forte qui fait trembler la terre du stade. Sdach Kan monte sur la tribune royale, salue son peuple en levant ses deux mains en l'air. Après quoi, il déclare à 14h pile, l'ouverture des concours.             

 

En quelques minutes seulement, après la proclamation d'ouverture de la compétition, le stade devient un champ de combat entre les compétiteurs des arts martiaux. Les plus faibles sont éliminés rapidement, les gagnants passent à l'étape suivant jusqu'au final dans leurs disciplines.

 

Parlons de la discipline de tir à l'arc dont Sdach Kan est excellent. Vingt trois compétiteurs entrent en lice. Aucun n"a pas pu mettre sa flèche au centre de la cible. On voit Sdach Kan irrite sur son trône. Il tourne soudain vers ses concubines, assises derrière lui, en maugréant :

"Ce sont des imbéciles. Avec une telle médiocrité, je me demande, comment ils font pour que les filles s'intéressent à eux ? Avec cette distance, je peux réussir facilement mon tir".

Ayant entendu ces paroles, les maîtresses royales se mettent à rire. Certaines dames osent même dire à Kan :

"Majesté, je ne vous y crois pas".

Kan répond du tac au tac à ses dames :

"Si c'était vrai, tu m'offriras quoi comme récompense ?".

Il y a un brouhaha venant du rang des dames de la cour. On entend plusieurs réponses à la fois :

"Je vais tresser un collier de fleur de jasmin pour vous, Majesté" ; "Je vous aime encore plus fort, Majesté" ; "Je vais faire des soins de votre cil, Majesté".

Ayant entendu toutes ces promesses de ses jolies dames, Kan se lève en demandant au garde de corps de ramener son arc et ses cinq flèches. Ensuite, il descend de la tribune pour aller se placer sur la ligne de tir qui se trouve à cent mètres de la cible. Il y a un silence de minuit dans le stade. Kan se prépare à tirer. Il encoche sa première flèche, tire la corde en levant l'arc au niveau de ses yeux, vise la cible. Soudain, on entend un bruit de corde vibré qui propulse la flèche de l'arc vers la cible en une vitesse éclair. Quelques secondes plus tard, cette flèche atteindra la visée dont le bruit d'impact fait bondir les spectateurs en criant :

"Bravo !" et "Vive le Roi !".

Le retentissement de ces cris est encore en puissance, on voit la deuxième flèche touche la cible en fendant la première flèche en deux parties. Vu cet exploit, les spectateurs ne respirent plus, parce qu'ils sont émus en poussant encore plus fort de cri de joie. Mais cela n’est rien par rapport au troisième tir de Kan. Celui-ci relâche la corde de son arc, laquelle projette la flèche qui siffle l'air, touche à nouveau le même point d’impact des deux précédentes flèches. Là, tous les assistants se lèvent pour ovationner leur roi. On frappe immédiatement les tambours de victoire pour glorifier cet exploit exceptionnel.

 

Revenons aux quatre commandos du Royaume de l’Ouest. Vu cette performance, les quatre perdent un peu d’assurance dans l’exécution de leur mission dangereuse. Entre outre, le déplacement de Kan de la tribune au champ de tir ne leur arrange pas non plus. Ils n’ont plus l’angle de tir. Le premier tireur chuchote à son chef : Que faire maintenant, chef ? La réponse est sans équivoque : Il faut savoir s'adapter à la situation, mon ami. Profitant l’inattention des services de sécurité pendant le hourvari dans la cour, les quatre se faufilent discrètement dans le mouvement de la foule pour chercher une nouvelle position de tir. En quelques secondes seulement, un des tireurs murmure à ses camarades : ça y est, j'ai trouvé angle de tir. Le chef de commando fait signe de tête de son approbation. Ce dernier sort discrètement son fusil, caché dans un morceau de bambou et le pose rapidement sur l'épaule de son compagnon qui lui sert comme l’appui de tir, vise la tête de sa victime et tire. La balle manque de peu la cible. Le bruit d'arme à feu déclenche la panique dans la foule. Les officiels sautent de la tribune pour chercher un abri de fortune. Mais Kan reste impassible debout devant ce danger mortel. Il cherche immédiatement l'endroit où se trouve le tireur. Vu la fumée de l'arme à feu, il s'aperçoit donc son assassin, il encoche la flèche et tire illico sur la cible humaine. Ce dernier, touché en pleine poitrine par la flèche royale, tombe de tout son long. Dans cette détresse, le deuxième commando vient soutenir le corps en agonie de son ami ; mais la dernière flèche du Roi lui frappe sa tempe en arrachant sa vie de soldat. Les deux corps tombent par terre en héros. Dans la confusion la plus totale, les deux autres agents de l'Ouest trouvent un moyen de se sauver à toutes jambes de la capitale de l'Est. Ils arrivent à Pursat quelques jours plus tard et demandent une audience au Général Keo afin de lui faire un compte-rendu complet sur leur mission ratée.

Ce dernier en informe son roi, Preah Chanreachea. Celui-ci se mit en colère et dit à son général ceci :

« Cette ruse sans mon accord enfreint la morale militaire de notre Royaume. On cherche à tuer l’ennemi au champ de bataille, ou pendant la guerre. Or aujourd’hui, il y a un consentement tacite de paix entre AKAN et moi. Contrevenir à cette obligation morale de ma part, Roi descendant de la race divine me fait perdre ma dignité royale. Celui qui agit de cette sorte, selon notre tradition, porte un nom : Roi des brigands. AKAN en est un. Je te pardonne cette fois-ci, parce que vous êtes mon oncle ».

 

Depuis cet attentat manqué, les deux royaumes vivent en paix. Les échanges d’activités commerciales sont même autorisés officiellement par ces deux gouvernements. À la frontière, les douaniers ne contrôlent que le trafic d'armes de guerre. 

 

Parlons du Royaume de l’Ouest. Preah Chanreachea ordonne à l'armée de faire une campagne de capture des éléphants : Quarante éléphants sont capturés dans la province de Pursat ; trente-cinq à Kompong Som. Une belle prise pour le compte des Armées. Le Roi en est content. Il attribue beaucoup de récompenses aux chasseurs d'éléphants dont il est un des meilleurs dans le Royaume.

 

En 1522, dans le cadre de la réorganisation de la fonction publique du Royaume, Preah Chanreachea ordonne aux ministres de recruter par voie de concours des fonctionnaires : Trois niveaux de recrutement : Haut fonctionnaire ou docteur du Royaume, Moyen fonctionnaire et Secrétaires administratifs. Les candidats aux concours doivent être moine, certifié de maîtrise d'arithmétique et de langue Pali. La même année, les concours sont aussi organisés pour recruter les maîtres des beaux-arts en dramaturge et en musique. Le Roi assiste en personne à la cérémonie de remise des diplômes aux lauréats des concours.

 

Parlons maintenant du Royaume de l’Est. Le pays est en crise économique. Une nuit, Sdach Kan se déguise en commerçant ordinaire, quitte son palais avec quelques complices à la quête des informations sur la situation économique du pays auprès de la population. Les nouvelles sont alarmantes. Pour répondre à cette situation, le Roi ordonna au ministre, chargé du commerce de réformer les codes du commerce : Baisser les niveaux d’amendes d’un point pour relancer les activités économiques. Le délit du niveau 5 sera baissé au niveau 4 et ainsi de suite.

 

Ayant appris cette mesure, Preah Chanreachéa, au cours du Conseil des dignitaires, demande l’avis à son Premier Ministre sur cette décision. Ce dernier confirme l’utilité de cette loi. Mais le Roi réfute cet argument en disant ceci :

 

« Cette mesure est proclamée dans un but de protéger les membres de la famille d'AKAN, lesquels transgressent souvent la loi. L’allègement du montant des contraventions encourage les gens à désobéir la loi ».

 

Après quoi, Preah Chanreachéa décide de faire tout le contraire à Sdach Kan : Le délit du niveau 1 passera en 2 et ainsi de suite. Le récidiviste sera puni une peine de prison. 

 

Une affaire de justice dans le Royaume de l’Ouest :

 

Dans le territoire de l’Est, il y a une famille, appelée par les villageois la famille « Chao Loung In Kma Kaing Pich » : M. Loung est marié à Mme In. Il est l’oncle de Mme Kma, mariée avec M. Pich. Celui-ci a une liaison amoureuse avec l’esclave de sa femme, nommée Kaing. Il décide avec son amante de s’enfuir de son village pour aller vivre dans le Royaume de l’Ouest. Dans cette fuite, il a besoin d’aide. Il y demande donc à ses deux domestiques fidèles, un homme et une femme, nommés Chao Toun et Neang Tean. Ces deux assistants lui servent dans sa fuite comme rameurs de pirogue. Pendant la nuit, les quatre montent à bord d’une pirogue rapide, quittent leur village pour le Royaume de l’Ouest. Le lendemain matin, la femme Pich est au courant de la fuite de son mari avec son esclave. Elle en informe son oncle. Celui-ci part aussitôt avec six domestiques pour poursuivre les fugitifs.

 

Revenons aux quatre fugitifs. Au port de Longveak, ils sont arrêtés par la police de frontière. Le chef de poste interroge Pich pour savoir la raison de son voyage. Pich lui dit qu’il a l’intention de venir s’installer avec son épouse dans ce Royaume pour servir le Roi légitime, Preah Chanreachea. Ayant entendu cette demande d’asile politique, le Chef de poste décide d’envoyer les quatre à la préfecture de Kompong Chhnaing. Quand Pich et sa maitresse arrivent sur lieux, ils voient M. Loung dans la salle d’audience du gouverneur. Le juge des affaires civiles est déjà dans la salle. Ayant adressé les paroles ordinaires de civilité, Pich et sa maitresse s’assoient sur le banc des accusés. Le juge dit à Pich dans les termes suivants :

« J’ai lu votre déclaration au chef de poste de Longveak, mais M. Loung ici présent m’a dit que vous mentiez.0 Il vous accuse l’adultère et le vol des biens de sa nièce qui est votre épouse. Est-ce que cette accusation est-elle vrai ? ». Pich hésite de répondre à cette question. Le juge renouvelle son interrogation en levant un peu plus fort sa voix autoritaire. L’accusé n’a eu plus de choix et a dit : « Votre honneur, je suis amoureux de l’esclave de mon épouse ici présente. Je veux vivre avec elle pendant tout le reste de ma vie. Dans le Royaume de l’Est, le divorce est interdit par la loi. Que faire ? J’ai entendu parler que dans ce Royaume, un homme a le droit d’aimer une autre femme, je dis, Votre honneur, « aimer », pas « couchotter ». C’est la raison pour laquelle, j’ai décidé avec mon bien aimée de s’enfuir pour venir vivre dans ce Royaume ».                   

Le juge tourne vers M. Loung et lui dit : « Alors M. Loung, que pensiez-vous de cette déclaration ? ».

M. Loung se lève et dit sans ambages :

« Votre honneur, la femme dont Pich parle est l’esclave de ma nièce. Votre honneur le sait bien que l’esclave est un bien mobilier. Amener un bien mobilier avec soi sans demander la permission de son propriétaire est un vol, Votre honneur ».

Le juge dit à Pich :

« Que disiez-vous de cela ? ».

Pich lui répond :

" Votre honneur, la nièce de M. Loung est mon épouse. Nous sommes mariés depuis plusieurs années. Ses biens sont les miens. J’amène seulement un seul parmi des autres biens que j’ai laissés à la maison dont les valeurs valent dix fois supérieures que l'esclave ici présente. Je ne vois pas de quel droit, M. Loung, une simple parenté, m’accuse de vol des biens de mon épouse qui sont aussi les miens ».

Après avoir écouté l’accusé et le plaignant, le juge tranche l’affaire en faveur de l’accusé.

M. Loung décide de faire appel de ce jugement. Il cherche tous les moyens pour porter cette affaire devant le Roi. Avec sa richesse, il arrive enfin à avoir une audience royale. Les parties sont convoquées devant Preah Chanreachea. Dans la salle d’audience, le Roi demande à Pich ceci :

« Qui a donné à manger, qui a donné des vêtements, qui a soigné la maladie de l'esclave, dont tu parles ? ».

« Mon épouse, Votre Majesté », dit Pich.

« Il est donc normal que ton épouse ait tout droit autant que toi sur cette esclave. Tu dois demander au moins son avis avant de l’amener ici. Je ne te condamne pas pour l'adultère, et pour vol, mais je te condamne pour manque de respect à ton épouse. Je te punis de cent coups de fouet au dos et te mets au pilori pendant trois jours. L'esclave, ton bien aimée et tes deux complices sont renvoyés immédiatement à leur maîtresse".

Après quoi, le Roi ordonne au Ministre de la justice, Oknha Sophear Thipadey Montrey Kotreach, de faire enregistrer sa décision dans les codes de droit civil du Royaume. Ce même jour, le souverain de l'Ouest prend deux autres mesures importantes : La première sur l'affectation d'unité de mesure et la seconde sur la pratique des fêtes religieuses.

- Unité de mesure pour la fabrication des biens mobiliers est désormais la longueur du bras de sa mère nourricière, nommée Payra. Le roi veut en rendre hommage à cette dernière. Ainsi, on entend les gens disent encore aujourd’hui dans la région de Pursat, un tel ou un tel mobilier mesure combien de Payra.

- Tous les trois ans, à la fin du carême bouddhique, la population du Royaume, doit organiser une fête pendant trois jours. Cette fête triennale contient trois cérémonies, lesquelles sont pratiquées en conformité avec les pratiques des Brahmanes : Fête des courses de pirogues, fête du flottement dans des fleuves ou des points d'eau des petits récipients en feuilles de végétaux remplis des nourritures, fête de la salutation de pleine lune, pendant laquelle on mange du paddy écrasé au pilon en buvant le jus de coco.

Après le Conseil, les Ministres se dépêchent pour mettre en application l’injonction du Roi. 

 

Histoire d'un comédien célèbre :

 

Un comédien de théâtre, étant renommé par sa beauté et son talant dans le rôle de Preah Lèk (un des personnages importants dans l'épopée de Ream ké ou Ramayana), a reçu une faveur du Roi : Un nom « Le beau gosse ». Un jour ce comédien est invité par le Roi. Ce jour-là, avant de venir au Palais-Royal, le Beau Gosse est allé couper les cheveux. Arrivé au Palais, il est félicité par tous les membres de la cour de sa nouvelle coupe de cheveux. Tout le monde le dit : "Oh mon dieu, il est encore plus beau avec cette nouvelle coupe !". Un valet du palais est venu chercher le Beau Gosse pour l'amener dans l'appartement privé de Sa Majesté, parce que le Roi veut le présenter personnellement à ses dames favorites. Au cours de cette audience, le Roi s'aperçoit une mèche de cheveux sur le coup du comédien. Il lui dit : "Tu vas laver ton coup, parce qu'il y a une mèche de cheveux là-dessus". Ce dernier quitte l'appartement du roi pour chercher un point d'eau dans le palais. Quelque moment plus tard, le Roi demande à deux de ses gardes d'aller aider le Beau Gosse à laver son coup. Ces derniers ont mal compris l'ordre du Roi, au lieu de l'entendre "aider à laver le coup", ils l’ont entendu "aller couper le coup". Ils se précipitent sur le lieu où le comédien est entrain de laver son coup, et coupent la tête de ce dernier. Un autre comédien a été aussi sur le lieu, se précipitait pour venir informer le Roi de ce drame. Le Roi ordonne aussitôt à un autre garde d'aller dire à leurs collègues d'amener la tête du comédien pour savoir, est-ce qu'il est toujours beau après sa mort. Ce dernier se dépêche sur le lieu du crime et dit à ses collègues ceci : "Le Roi ne vous a pas demandé de couper la tête de ce comédien, il vous a demandé de venir l'aider à laver son coup, pauvre imbécile ! Bon maintenant, il faut que vous ameniez sa tête au palais". Ayant entendu ce propos, ces deux gardes ont pris peur. Ils confient la tête coupée à leur collègue pour l'amener au palais, et décident de s'enfuir au Royaume de l'Est.

Ayant appris la fuite de ces deux gardes, le Roi ordonne à un officier de cavalerie d'amener vingt cavaliers pour aller les arrêter. Quelque temps après, ces deux derniers sont interceptés à Srap Angkam au moment où ils sont en train de se laver dans une mare. Après cette arrestation, cette mare est appelée par la population la "mare du lavage de l'épée".

Ces deux gardes sont passés au jugement. Pendant leur procès, ils ont dit au juge qu'ils ont mal entendu l'ordre du Roi. Après la coupure de la tête du Beau Gosse, ils ont eu peur d'être punis. C'est la raison pour laquelle, ils ont décidé de s'enfuir au Royaume du Roi de l'Est. Leurs propos sont rapportés à Preah Chanreachea. Celui-ci se met en colère, parce que ces deux gardes ont appelé Sdach Kan, le Roi de l'Est. Il enjoint donc à la population de ne plus appeler Kan, le roi. Quiconque transgresse cette injonction sera condamné à mort. La population peut appeler Kan, Preah Sdach Kan. Les deux gardes qui ont occupé la tête du comédien sont condamnés à mort par le tribunal. Quant à la victime, sa tête est rendue à sa famille pour incinérer selon la tradition bouddhique.

 

Dans la même année 1522, Preah Chanreachea a envoyé deux navires pour aller transporter 100 canons et 1 000 fusils, achetés au pays Chvyre (Malaisie). Sdach Kan fait autant. Il a acheté 150 canons et 300 fusils. Deux navires sont partis chercher les marchandises en Malaisie. De retour au pays, ces deux navires sont échoués par la tempête dans le territoire de l’Ouest, l’un à Peam (MounChrouk) et l'autre à Kompot. Les armes sont récupérées par l'autorité des lieux et envoyés ensuite à Pursat. Preah Chanreachea en est content et donne des récompenses aux chefs militaires de ces deux provinces.

 

Après cet accident, les deux rois passent le temps à s'exaspérer. Sdach Kan décide de rassembler tous les grands dignitaires, afin d’avoir leur opinion sur la question de savoir s’il devait ou non mobilier une armée pour envahir le Royaume de l’Ouest. Les avis sont conformes à son désir de revanche. Il décide donc de venir s'installer à Srey Santhor et ordonne à son Premier Ministre de lever une armée de 140 000 hommes.

 

Il laisse 20 000 hommes à capitale Sralâp Pichay Prey Norkor, placés sous le commandement du Général Maung pour assurer la protection de cette ville ; l'armée d'avant-garde de 30 000 hommes est confiée au Général Chhakrey ; l'armée de droite de 20 000 hommes est confiée au Général Kralahome ; l'armée de gauche de 20 000 hommes est confiée au Général Vieng ; l'armée d'arrière de 20 000 hommes est confiée au Général Vaing ; l'armée de réserve de droite de 10 000 hommes est confiée au Général Sral ; l'armée de réserve de gauche de 10 000 hommes est confiée au Général Lompaing ; l'armée de réserve d'avant-garde de 10 000 hommes est confiée au Général Snang Theûm Norkor. Sdach Kan conserve le commandement du centre de 30 000 hommes. Celui-ci ordonne à ses armées de marcher sur Phnom-Penh. Après avoir pris cette ville, il poursuit son chemin dans le but d'attaquer la capitale royale de Preah Chanreachea.

 

Celui-ci est immédiatement informé de la progression des armées de l'Est dans son territoire. Il convoque son Conseil de guerre et au cours de cette réunion, il décide d'envoyer immédiatement une flotte de 400 bateaux de guerre pour ralentir la progression ennemie. Un corps d'élite de 2 000 hommes, commandée par le Général Tep, fils de Ta Moeung, est envoyé pour organiser la première ligne de défense. Une division de droite de 10 000 hommes, est confiée au Général Sok, fils aussi de Ta Moeung, une division de gauche de 10 000 hommes, est confiée au Général So, une division d'arrière de 10 000 hommes, est confiée au Général Reach Téchhak. Deux unités mobiles, l’une de 10 000 hommes, commandé par le Général Vongsa Ang Reach et le deuxième de 3 000 hommes, commandé par le Général Sreng Séna, ont pour mission d'attaquer les ennemis sur la route principale de Phnom-Penh-Pursat. 3 000 éléphants et une cavalerie de 500 cavaliers sont envoyés au front pour appuyer ces attaques.

 

L'armée de l'Ouest attend de pied ferme l'arrivée de la colonne de Kan au Steung Kraing Ponley. Vu l'arrivée de la division de l'Est, le Général Sreng Séna de l'Ouest engage ses 3 000 hommes pour battre en brèche les deux côtés de la colonne d’ennemis. Une demi-heure plus tard, il sonne la retraite. Mais, l’infanterie d’ennemi le poursuit dans sa fuite. Pour soutenir cette retraite, 40 cavaliers sont envoyés pour barrer la route des chasseurs. La charge de la cavalerie est violente. Mais la riposte des chasseurs à cette attaque est remarquable. Les chevaux et les hommes sont au corps-à-corps. L’engagement des soldats des deux côtés dans le combat est total. Quelque temps plus tard, Noring Séna, Commandant de la cavalerie, ordonne à ses hommes de se battre en retraite. Les soldats de l'Est exhalent leur cri de joie et poursuivent la retraite des ennemis tout au long de la rivière de Chhrey. Soudain, ils sont arrosés par les flèches des archers du Général Tep, cachés dans le bois tout près de la rivière. Après cet arrosage, Tep et ses archers déguerpissent de leur cachette en se montrant aux ennemis qui sont en débandade. À ce moment-là, Kan arrive sur son cheval avec ses troupes sur le champ de bataille. Vu ce spectacle, il pense que son armée soit sur le point de gagner la bataille. Il ordonne à ses troupes de poursuivre les ennemis.

 

Arrivé à la plaine de Srap Angkam, une surprise qui lui attend. Trois cents éléphants qui chargent de front en balayant sur leur passage ses fantassins. À sa gauche, une masse des soldats d'ennemis se rue vers lui, à sa droite, une cavalerie est sur le point de charger. Une heure à peine, les 20 000 hommes de Kan sont tués sur le champ de bataille. Devant ce danger, Sdach Kan est immédiatement extrait du lieu de tuerie par 100 de ses gardes approchés. Ils traversent le bois en courant jusqu’au bout du canal de Rorlear Phir. Là-bas, ils sont repérés par les unités mobiles d’ennemi. Ils sont tout de suite pourchassés jusqu’à la commune de Ta Chhés, dans la province de Longveak. La rivière Skouth Chheung Prey barre leur chemin de fuite. Parmi les cent gardes, il n'y a que vingt soldats seulement qui savent nager. Kan décide de traverser la rivière avec son cheval et ses vingt gardes. Les autres se dispersent en petit groupe et s'enfuient, chacun de son côté, pour éviter être repérés par les ennemis.         

 

Parlons des trois secrétaires particuliers de Sdach Kan. Ayant appris la défaite de leur maître, ils cherchent les moyens de transport pour regagner Srey Santhor. À Kompong Phda dans la province de Rorlear Phir, ils réquisitionnent une pirogue des villageois. Ils montent à bord de cette embarcation avec trois sacs de sceaux. Au cours de ce déplacement, il y a une tempête. Leur pirogue est renversée par le vent violent. Les trois sacs de sceaux de Kan sont donc tombés à l'eau. Ne sachant pas nager et au bout des efforts à récupérer les trois sacs de sceaux dans l’eau, les trois fonctionnaires sont noyés dans la rivière. L'endroit où ils sont morts est appelé par la population "les sceaux de la mort".

 

Revenons à Kan. Avec ses vingt compagnons, il a pu traverser la rivière. Arrivé à la berge, il a pu voir de-là les pirogues ennemies à ses trousses, parmi lesquelles, il y a "Saray Andeth" à son bord, il y a le Général Keo. Kan quitte immédiatement les lieux pour s'enfoncer dans la forêt pour éviter d'être pris par les soldats ennemis. Quelques heures plus tard, il arrive au village Kompong Cham. À cet endroit, il a dû encore une fois traverser un fleuve à la nage avec ses gardes pour atteindre son territoire. Arrivé au rivage, il a été accueilli par son oncle, le général Kao qui vient y guetter son arrivée avec 1 000 hommes, parce qu’il a fait un rêve que son neveu, après avoir perdu la bataille, viendra ici pour trouver secours.

 

Au moment où Kan arrive à la rive, les pirogues des troupes de l'Ouest surgissent aussi au large du fleuve. Général Kao ordonne immédiatement à ses soldats et aux archers de tirer des armes à feu et des flèches sur ces pirogues pour les empêcher d'approcher la berge. Vu le danger, Keo décide de faire demi-tour pour retourner à sa base. Pendant ce retour, la pluie torrentielle commence à tomber et le vent souffle de plus en plus fort. Keo décide donc de chercher un port de fortune pour se mettre à l'abri de ce mauvais temps. À l'endroit où il a accédé, Keo fait construire une pagode pour y laisser la trace de son passage. Ce lieu sacré est appelée plus tard par la population, la pagode de "Prek Loung".

 

Revenons à Sdach Kan. Après avoir passé la nuit dans la jungle, au lendemain matin, il monte sur son éléphant de guerre, nommé Pichay Kouch Youth, prend la tête de son escorte pour regagner son quartier général. Arrivé à la commune de Damrey Sar (éléphant blanc), sa monture est morte de maladie. Il ordonne à ses hommes de l'enterrer selon la tradition. L'endroit où l'éléphant est mort porte le nom "Khnâb Damrey" (tombeau d'éléphant) jusqu'à aujourd'hui. Kan est affecté par la perte de ses deux montures inestimables. Ces deux animaux sont des cadeaux divins pour lui, parce que les donateurs, après avoir amené leur présent, ont quitté le palais sans avoir laissé leur identité et sans avoir réclamé les récompenses. Ils sont sans aucun doute des divins déguisés en humain. Alors, Kan dit à son oncle :

"La mort de mes deux montures est un signe de déclin de ma puissance royale. Je commence avoir de doute sur mon avenir".

Ayant entendu ces propos, Kao répond à son neveu :

"Auguste neveu pense ainsi, parce que vous êtes attachés à vos montures. Vous ne le saviez pas pendant votre absence du palais, il y a un homme qui est venu pour vous offrir deux étalons et deux éléphants, lesquels sont aussi beaux et robustes que vos deux montures. Vous voyez Majesté, votre puissance royale ne s'évanouit pas, au contraire, elle est multipliée par deux. En revanche, je vous conseille de ne pas retourner immédiatement à la capitale Sralap Pichay Prey Norkor, parce que votre chance se trouve à Srey Santhor. C'est là-bas, vous êtes couronné roi. C'est le point de départ de votre puissance royale, il est donc nécessaire que vous deviez y rester pour mener la campagne militaire".

Kan se rend immédiatement à l'avis de son oncle. Il demande au dernier de retourner à la capitale en amenant tous les membres de sa famille là-bas pour les mettre à l'abri de la guerre.                   

 

(Suite dans le prochain numéro)

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Sangha OP
  • : រូបថតកាលជានិសិត្ស នៅសាកលវិទ្យាល័យ ភ្នំពេញ -មហាវិទ្យាល័យ អក្សរសាស្ត្រ និង មនុស្សសាស្ត្រ (ផ្នែកប្រវត្តិសាស្ត្រ) - ទស្សវត្សរ៏ ៧០
  • Contact

Recherche

Liens