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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 22:21

 DSC05407Pourquoi voter ?

 

L’opposition, au nom de la démocratie, participera pour la nième fois aux élections non démocratiques. Le vote n’est pas libre, parce que la liberté d’expression n'est pas garantie par loi. On fait voter que tout est fini, qu’il y a plus rien à attendre, parce que le pays a déjà un maître. Dans ces scrutins, il y aurait deux candidats : Premier candidat, le Maître ; deuxième candidat, l’Idiot. Le Maître sait ce qu’il veut. Il demande au peuple effaré de choisir entre la dictature et le chaos. Voter la dictature, tu auras une vie sauve ; voter le chaos, la société par terre, ta maison confisquée, ton champ brulé. L’Idiot demande au peuple affamé de choisir entre la dictature et l’échec. Voter la dictature, tu auras une vie triste ; voter l’échec, il y aura aussi la vie triste. L’Idiot sait qu’il ne pourrait pas gagner ces élections, parce qu’elles ne sont pas démocratiques. Pourquoi voter ?

Voter dans ces conditions, c’est comme on demande au peuple souverain, non-seulement de se dessaisir de ses responsabilités, mais d’abdiquer de son statut de citoyen pour cinq ans encore. Après le scrutin, il sera rien, c’est-à-dire il est redevenu sujet du régime. Il faut bien comprendre que ce vote est unique point d’appui, l’unique rempart du pouvoir prodigieux du régime actuel. Il est le bouclier et le glaive du Maître. Ce régime a besoin ces scrutins truqués pour exister. Ses dirigeants gouvernent le pays aujourd’hui les mains dans le dollar jusqu’aux coudes. A chaque scrutin, ils font une concession à l’opposition pour qu’elle accepte de participer à leurs jeux électoraux. Cette concession peut se résumer en une ligne : « Je permets que tu parles, mais j’exige que tu te taises ». Ces gens savent que ce ne sera pas les partisans de l’opposition qui ouvrent les urnes, ce sera les mains invisibles qui le feront pour assurer leur victoire. Si l’opposition ose tirer cet unique point d’appui, le régime tombera dans l’inégalité.

Il y a deux choses dans ce monde qu’on appelle le bien et le mal. Mentir n’est pas bien, trahir est mal, assassiner est pire. Cela est défendu. Par qui ? L’opposition élégiaque revendique cette tâche, mais à chaque scrutin, elle fait toujours le contraire. Elle fait aussi la concession avec le pouvoir, parce que ce scrutin triché est aussi son unique point d’appui pour exister. Dans la dictature, le Maître et l’Idiot peuvent vivre en cohabitation jusqu’au prochain scrutin. Le dialogue qu’on pourrait échanger avec l’opposition :

-Vous êtes nommé Opposition ?

-Oui.

-Le prendriez-vous pour collaborateur du régime ?

-Non, certes !

-Mais pourquoi voter ?

-Pour exister.

-Exister pour faire quoi ?

-Pour exister.

-Et le peuple souverain ?

-Tu parles, c’est une néologie. Ce peuple peut encore attendre son sauveur, celui qui n’arrive jamais.

Dans la dictature, en haut, le Maître barbare donne des ordres, qui exécutent en bas par des hommes barbares, qui acceptent au milieu par des idiots. Ainsi, la barbarie garde le secret à la bestialité. De là ce silence horrible. Ce silence, c’est la participation aux scrutins trichés. Cette participation est un spectacle en attendant qu’elle devînt un canular pour le peuple. On sait que la dictature puisse être élue par la voie démocratique, mais n’est la démocratie. Il y a quelque différence entre conquérir le pouvoir et le filouter. Ce qui est certain, c’est que les prochains scrutins seront un mensonge. L’opposition croit marcher vers le pouvoir, elle ne s’aperçoit pas qu’elle monte au poteau. Plusieurs fois déjà elle marchait sur la même rue et tombait toujours dans le même trou. Un poème suivant s’adresse à chacun de nous. Il est intitulé : « Autobiographie en cinq actes ».

1.Je descends la rue. Il y a un trou profond dans le trottoir : Je tombe dedans. Je suis perdu…Je suis désespéré. Ce n’est pas ma faute. Il me faut longtemps pour en sortir.

2.Je descends la même rue. Il y a un trou profond dans le trottoir : Je fais semblant de ne pas le voir. Je tombe dedans à nouveau. J'ai du mal à croire que je suis au même endroit, mais ce n’est pas ma faute. Il me faut encore longtemps pour en sortir.

3.Je descends la même rue. Il y a un trou profond dans le trottoir : Je le vois bien. J’y tombe quand même… c’est devenu une habitude. J’ai les yeux ouverts. Je sais où je suis. C’est bien ma faute. Je ressors immédiatement.

4.Je descends la même rue. Il y a un trou dans le trottoir : Je le contourne.

5.Je descends une autre rue…

(Extrait du livre tibétain de la vie et de la mort – Sogyal Rinpoché) 

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